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Burkinabè vivant au Gabon : Sans carte de séjour, les étrangers sont des esclaves

Arrestations, rackets, refus de paternité et autres brimades sont le quotidien des Burkinabè de l’étranger. De plus en plus nombreux dans le pays de feu Oumar Bongo, les « Gabonais » ne sont pas dans le meilleur des mondes. Confidences et révélations d’un d’entre eux qui a requis l’anonymat. Lisez plutôt.

 

Thomas Sankara, ou la mort qui pèse sur les Burkinabè au Gabon

Il n’est pas rare d’entendre des Gabonais nous traiter d’assassins. Ils disent que nous avons tué Thomas Sankara avant de fuir notre pays. Pour cela, ils nous traitent souvent comme des esclaves sur le plan professionnel. Par exemple, je travaillais dans une société de sécurité basée à Libreville qui n’employait que des étrangers (Sénégalais, Nigériens, Ghanéens, Burkinabè...). De 18 heures à 7 heures du matin chaque vigile avait pour mission de veiller à la sécurité d’un agent de l’aéroport de son lieu de travail à la maison. La nuit de garde était pointée à 2.000 F Cfa, mais le patron de la boîte se débrouillait toujours pour trouver des motifs afin de ne pas payer convenablement le personnel. Ainsi, il pouvait bloquer tout ou partie d’un mois de travail à cause d’une absence d’un jour ou de quelques minutes de sommeil pendant la garde.


C’est mon enfant, mais il ne porte pas mon nom

« Les Burkinabè sont des analphabètes, ils font des enfants qui ne partent pas à l’école, mais dans la rue. En plus, en portant un nom d’étranger, notre petit-fils ne bénéficiera pas des bourses d’études. (Notons que la majorité des Burkinabè vivant au Gabon ne sont pas ou sont peu instruits) », a été la raison évoquée par une famille gabonaise pour justifier son refus de voir leur petit-fils porté le nom de son père burkinabè. Ces faits inimaginables ailleurs sont fréquents au Gabon alors que le patriarcat est de vigueur dans ce pays. Et pourtant avant l’accouchement, la compagne du Burkinabè a été répudiée par ses parents. Notre compatriote, qui est un cousin a assumé le coût de la grossesse (Plus de 500.000 FCFA) et la scolarité de sa compagne. Même après l’accouchement et le refus de sa paternité, la famille de sa copine continue de lui imposer des dépenses relatives à la vie de leur fille et de son enfant.


Condamnée pour avoir servi du café à sa voisine

Histoire invraisemblable. Dans une cour commune, un de nos compatriotes servait toujours du café au lait à sa voisine gabonaise, cinquantenaire et diminuée physiquement. Malheureusement pour des difficultés financières, le Burkinabè n’arrivait plus à réaliser sa bonne volonté à savoir servir du café à sa voisine. Cet arrêt lui a coûté la coquette somme de 100.000 F CFA. Car, il a été interpellé par la police après une plainte de sa voisine qui l’accusait de ne plus lui servir du café par mauvaise volonté. Pour cet acte, il a été sommé de payer 200.000 F.CFA. Après des négociations, la voisine a accepté de prendre 100.000 F  CFA.


Rackets policiers

Du temps de Bongo père, les policiers entraient dans les maisons pour rafler les personnes sans carte de séjour. Avec l’avènement du président Ali Bongo, les choses ont évolué, mais les étrangers sont toujours brimés. L’agissement des policiers au cours des contrôles de routine est vraiment inique. Si par exemple on arrête un Gabonais et  un étranger sans leur carte, il suffit que le  Gabonais parle la langue locale pour se tirer d’affaire. L’étranger sans carte de séjour aura tous les problèmes du monde pour se tirer d’affaire. Même les cartes consulaires sont souvent déchirées par des policiers qui trouvent que ce sont des papiers inutiles.

Une fois arrêté, on ne vous conduit pas au commissariat, mais bien dans un endroit louche à l’abri des passants. C’est à ce moment que les policiers dépouillent le sans-papiers de tous ces biens (argent, portable et tout autre objet de valeur). Le pire dans cette histoire est que les étrangers sont ciblés par les policiers qui à la moindre difficulté financière, n’hésitent pas à les rechercher. D’autant plus que nombre de boutiques sont détenues par les étrangers. Plus énervant encore, le consulat burkinabè dans ce pays ne peut ou ne fait rien pour ses ressortissants. Il est là pour confectionner seulement les cartes consulaires.

Ousséni BANCE (banc.oussni@yahoo.com)

L’Express du Faso



18/12/2012
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