SAKISIDA

Chronique judiciaire du samedi : Il se fait passer pour un gendarme et un marabout pour escroquer

Certains hommes ont un talent qui laisse pantois. C’est le cas de O.A. Il a fait preuve d’un génie démoniaque pour spolier son prochain.

« Port illégal d’arme à feu, usurpation d’identité, vol et escroquerie ». Ce sont les charges qui pesaient sur la tête de O.A lorsqu’il s’est présenté au tribunal de grande instance de Ouahigouya, le 22 décembre 2021.

Il  n’a pas tellement contesté les faits à lui reprochés. Et de quoi s’agissait-il ? O.A a un talentueux don : il s’est fait passer pour un gendarme, un marabout, un ami du procureur pour pouvoir escroquer son prochain. On lui reproche d’avoir circulé avec un pistolet automatique calibre 7, 65 mm et des munitions sans autorisation, de se présenter avec des faux papiers à plusieurs personnes, et d’avoir soustrait une culotte, un couteau, une veste militaire et une casquette,  tous militaires.  Et c’est le jeune homme âgé de 25 ans qui raconte lui-même au juge ce qu’il a fait.

« L’arme ne m’appartient pas. Je l’ai prise avec S.B, un mécanicien dans le cadre de pouvoir l’aider à la réparer car elle n’était pas fonctionnelle. J’ai fait le tour de quelques maquis à Ouahigouya avec l’arme. J’ai gardé l’arme avec moi pendant quatre mois.

 J’ai menti à S.B que je suis militaire. Ensuite adjudant-chef après une formation.

J’ai été employé par S.Y  pour le lavage de motos. J’ai menti à S.Y que j’ai été employé par le parquet.  A d’autres personnes que je suis RSP, militaire, gendarme,  mécanicien, juste pour tirer un avantage. 

J’ai menti à S.Y que c’est le procureur qui  venait souvent laver  son véhicule là-bas  et que S.Y voulait renforcer la relation par l’intermédiaire de moi.

Après cela, je lui ai dit que la femme du procureur avait un cancer de foie  et  il demande à ce que S.Y lui vienne en aide car il est au Niger. Tantôt  50 000, 75 000, 125 000 FCFA, voire plus.

C’est mon numéro que j’ai enregistré dans le portable de Sana au nom ‘procureur’, en lui donnant  des vocaux en français  sachant que c’est moi-même.

En ce qui concerne la culotte et le couteau, c’est N.L (gendarme) qui m’a donné. J’ai  aussi demandé. Les autres tenues, c’est lui qui est venu laisser chez moi ».

En d’autres termes, le prévenu a usé de faux pour arnaquer S.Y. Celui-ci confirme les faits en ces termes : « J’ai créé un lieu de lavage  pour que nous bénéficions ensemble. A.O  m’a dit qu’il connait un marabout qui peut bien régler nos affaires. Que le procureur même travaille avec ce dernier. Il m’a donné le numéro du procureur et qu’on échange souvent avec  des vocaux et appels.

 Il dit à chaque fois que le vieux marabout dit de faire ceci ou cela et d’envoyer de l’argent.

Je lui remettais  l’argent pour qu’il envoie au marabout. Maintenant, il vient me voir soit disant que la femme du procureur est atteinte d’un cancer de foie et qu’il a besoin de l’argent pour gérer. Je lui ai remis l’argent à plusieurs reprises pour cela. Finalement, c’est devant le parquet que moi S.Y j’ai su que c’était lui le procureur, le marabout qui me dealait ».

L’arme qui a servi à A.O pour faire mieux passer ses mensonges  appartenait à S.B. Celui-ci, à la barre, explique que le mis en cause s’est présenté à lui comme faisant partie des Forces armées nationales. « Il est venu chez moi avec son véhicule pour que je détecte la panne, détaille-t-il. C’est ainsi qu’il m’a dit qu’il est militaire. Ensuite adjudant-chef après une formation. Alors, je lui ai dit que j’ai une arme  avec une autorisation de port mais depuis lors, elle ne fonctionne pas. Il m’a promis de l’arranger. Après plusieurs appels, il réapparait avec une main bandée en disant qu’il était victime d’une attaque à Sollé  et que tous les autres sont restés ».

Le gendarme chez qui il a pris les uniformes explique qu’il s’agit de vieux habits dont il s’est rendu de la disparition qu’une fois en visite chez O.A. Il affirme qu’étant énervé, il ne les a pas repris et du reste, depuis ce jour, il n’a plus remis les pieds chez lui.

Pour le procureur, il ne fait aucun doute. Le prévenu est coupable des faits qui lui sont reprochés. S’il a demandé la relaxe pour soustraction de tenues militaires, il sera plus dur pour les faits d’usage de faux. Il a requis une peine d’emprisonnement de 84 mois, dont 60 mois fermes, et une amende ferme d’un million de FCFA.

Le verdict est attendu le 5 janvier 2022.

Faso7



27/12/2021
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