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Femme et œuvres sociales Coumbo Drabo/Diallo : Une veuve battante au service des nécessiteux

Lorsqu’une veuve vole au secours d’autres veuves, d’orphelins et d’enfants
vulnérables, on est en droit de rêver à un monde meilleur. Enseignante à la
retraite et mère de quatre enfants, Coumbo Drabo/Diallo a perdu son époux en
1977. Loin de s’apitoyer sur son sort, elle s’est lancée dans le séchage de
fruits et légumes avec son association des veuves et orphelins de
Bobo-Dioulasso, qu’elle a mise en place en 1994. Elle emploie aujourd’hui plus
d’une centaine de personnes, qui tirent leurs revenus de la production et de la
transformation des produits locaux comme le soumbala, la tomate, l’ail, l’oignon
ou encore les grumeaux de dêguê.

 

A 33 ans, alors que son dernier enfant venait d’avoir 14 mois, Coumbo perd
brutablement son époux. Les trois autres enfants étaient âgés respectivement de
3, 6 et 7 ans. Ce fut la croix et la bannière pour cette jeune femme,
enseignante de métier, d’élever presque toute seule ses enfants, désormais
orphelins de père. Animée d’un courage et d’une détermination sans pareil, elle
arrivera ainsi à scolariser tous ses enfants, dont l’une occupe aujourd’hui un
grand poste de responsabilité. Malgré les vicissitudes de la vie, qui plus est
d’une veuve, elle décide avec d’autres veuves de mettre en place une association
de veuves et d’orphelins à Bobo-Dioulasso, au sein de laquelle elles mèneraient
des activités génératrices de revenus. En outre, l’objectif est de contribuer à
améliorer les conditions de vie des veuves et des orphelins. Il s’agira
également de venir en aide aux plus démunis de la société. Après plusieurs
démarches auprès des autorités pour l’obtention d’un local, qui n’ont quasiment
pas abouti, elles finiront tout de même par avoir une parcelle de 4 000 m2 dans
le quartier Sarfalao de la ville.

Un soutien indéfectible de la PAARF

Les activités génératrices de revenus proprement dites ont débuté en 1995
grâce au soutien financier du Fonds d’appui aux activités rémunératrices des
femmes (PAARF). A cet effet, se souvient-elle : " L’ex-directeur de l’Action
sociale et de la Promotion de la famille, Paulin Konkobo, nous autorisera à
occuper une partie de l’intérieur de la direction pour le séchage de mangues et
des légumes avec des séchages solaires, la fabrication de soumbala, de fonio…".
Après cette activité à petite échelle et le remboursement du crédit, Mme Drabo
confie qu’il a fallu continuer à aider les veuves et les orphelins. Des bonnes
volontés ont « laissé parler leurs cœurs » et les veuves ont bénéficié d’une
unité de séchage, avec en prime, l’aide du Centre écologiste Albert Shisher
(CEAS). D’autres personnes en Europe ne sont pas restées silencieuses. " Des
élèves ont donné l’argent de leur goûter à hauteur de quelques millions de
francs CFA en 1998 ", a-t-elle dit. Le CEAS accompagnera le projet à travers des
formations, auxquelles s’ajoutent trois machines de séchage. En 2006,
l’Association recevra aussi des machines à coudre. " Nous avons donc formé des
jeunes filles en couture et de nos jours, beaucoup d’entre elles ont ouvert leur
propre atelier ", a-t-elle confié. Aujourd’hui, l’unité compte trois séchoirs de
mangues. Pendant la période des mangues qui dure d’avril à septembre, plus d’une
centaine d’enfants, notamment des jeunes orphelins en situations difficiles, y
travaillent. Mais de plus en plus, l’Association des veuves et orphelins
sollicite les enfants de ses membres. Elle fait appel à ses partenaires pour
écouler la production dont la société Burkinature pour l’exportation et
l’importateur allemand Rapunzel.

Des projets futurs, malgré la modicité financière

Souhaitant l’extension de l’usine et son alimentation en biogaz, basé sur le
recyclage des sous-produits de la mangue (mangues trop mûres, épluchures,
noyaux), la présidente de l’Association, Mme Drabo, estime qu’" en projetant de
faire 50 m3 de bio-digesteur, nous pouvons éclairer toute l’unité y compris les
autres bâtiments. Avec ce gaz, on peut sécher les mangues ". Pour mener des
activités, l’Association se voit obligée de contracter des emprunts auprès des
banques. " Nous ne travaillons qu’avec des crédits bancaires ", soutient-elle.
Par cette abnégation, les femmes de l’Association arrivent à produire une
quantité suffisante (environ 10 tonnes de mangues séchées) par campagne. Pour le
cas de la tomate séchée, l’oignon et autres légumes, ils se font sur commande.
Et les clients potentiels sont en Europe. Il en est de même avec les poudres de
gingembre qu’elle dépose de temps à autre dans des alimentations de la place. En
plus des unités, l’association organise des séances de formation en
alphabétisation, en couture et en broderie.

L’adhésion à l’Association s’élève à 500 F CFA et les cotisations mensuelles
sont de 200 F CFA. Ces cotisations sont utilisées pour les dépenses élémentaires
telles que les factures énergétiques (électricité...) ou le salaire du gardien.
L’adhésion donne droit à une carte de membre. "Mémé, Tantie ", ...c’est ainsi
que les femmes de l’Association appellent Mme Drabo selon leur âge et leur
filiation. Pour Assimi Compaoré, " elle est très gentille ". Elève en classe de
4e, Assimi confie devoir la poursuite de ses études à Mémé. Zenabou, la mère
d’Assimi, dit devoir la vie de son fils à Mme Drabo. " Assimi s’est évanoui un
jour, et lorsque nous l’avons amené au dispensaire alors que je n’avais pas de
quoi subvenir aux soins, la présentation de la carte de l’Association des veuves
et orphelins a amené le major à faire grâcieusement tous les soins ", a-t-elle
soutenu. Au-delà des activités rémunératrices, Mme Drabo parraine les enfants en
difficultés.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso



14/03/2013
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