SAKISIDA

Ils détournaient les appels internationaux des téléphonies mobiles du Burkina

 

Avec un équipement électronique, un commerçant résidant à Ouagadougou a mis en place un réseau pour détourner le trafic international entrant vers les réseaux Airtel, Telmob et Telecel. Les enquêtes de la brigade ville de gendarmerie de Kosyam ont permis l’arrestation des membres de ce réseau, qui ont été présentés à la presse dans l’après-midi du mercredi 8 avril 2015.

En matière de présentation de délinquants, il est difficile de trouver mieux que le mode opératoire découvert par les enquêteurs pour comprendre les faits qui leur sont reprochés. Ces fraudes sur les réseaux de téléphonie mobile n’y font pas   exception. Pour s’en convaincre, voici un extrait de la déclaration du commandant de la brigade ville de gendarmerie de Kosyam, Abdoulaye Savadogo :

« Le 1er avril 2015, pour donner suite au transmis numéro 0427/2 du 09 mars 2015 du capitaine, commandant la compagnie de gendarmerie du Kadiogo relative à une plainte écrite du Directeur général de Airtel Burkina pour des cas de fraudes sur le réseau Airtel, la brigade ville de gendarmerie de Kosyam a diligenté une enquête qui a abouti à l'interpellation des présumés auteurs de ces fraudes.

Ainsi, des investigations en vue de démasquer les présumés auteurs de cette pratique ont conduit les enquêteurs au domicile du sieur Mohamed Khalil, de nationalité libanaise, commerçant résidant à Ouagadougou .

Une perquisition amène la découverte et la saisie des équipements suivants :

- Deux (02) boîtiers dénommés «SIMBOX» de trente-deux (32) et huit (08) puces ;

- Un (01) ordinateur de marque Samsung ;

- Trois (03) modems de connexion

Interrogé, Mohamed Khalil, qui avait découvert une ingénieuse idée pour faire aisément fortune, déclare aux enquêteurs qu'il a obtenu les équipements saisis de ses partenaires des noms de Jacques et Assane, tous deux basés au Liban. Ces appareils lui permettent de détourner le trafic international entrant vers le réseau Airtel Burkina, Telmob et Telecel Faso.

Le trafic est capté via internet au Burkina Faso et dirigé vers un boîtier contenant des cartes Sim Airtel, Telmob et Telecel.

Ce boîtier appelé «SIMBOX» se comporte comme plusieurs téléphones qui émettent des appels nationaux (trafic local).

Le trafic international ainsi capté est rediffusé sous forme de trafic local dans les trois (03) réseaux de téléphonie.

Ainsi, le destinataire de l'appel international reçoit un appel avec un numéro d'appelant local, perdant ainsi le numéro d'origine de l'appelant étranger.

A titre d'exemple :

Un correspondant X résidant en France appelle un autre Y, utilisant le réseau Airtel au Burkina Faso. L'appel international du correspondant X sera capté par le fraudeur à travers son boîtier «SIMBOX» installé au Burkina Faso avant d'être renvoyé vers le correspondant burkinabè sous forme d'appel local d'un numéro Airtel vers le numéro de l'abonné Y. Le correspondant burkinabè voit s'afficher un numéro Airtel sur son téléphone alors qu'il s'agit d'un appel international entrant de la France qui devait avoir un format «+ 33 xx xx xx xx ».

Mohamed Khalil pour parvenir à détourner le trafic international entrant vers les réseaux Airtel Burkina, Telmob et Telecel Faso fait la recharge de chaque réseau à hauteur de cinq cent mille (500 000) francs CFA minimum.

A la fin de chaque mois, Khalil, qui reçoit son dû de ses partenaires basés au Liban, leur fait le point des dépenses effectuées et reprend de nouveau l'opération.

Le 4 avril 2015, les investigations conduisent les enquêteurs chez un autre expatrié du nom de Allaw Ali. Ce dernier, de nationalité libanaise et domicilié au secteur n°19 de Ouagadougou, pratique la même fraude à travers un boîtier «SIMBOX» et autres équipements que lui ont envoyés les mêmes partenaires de Khalil Mohamed au Liban ».

Evidemment, un tel trafic porte préjudice aux différents opérateurs de téléphonie mobile. Le préjudice, malheureusement, s’étend à d’autres acteurs comme en témoigne le directeur de la Régulation et affaires juridiques d’Airtel Burkina, Daouda Sanou : «Nous avons perdu près de 900 millions de FCFA, l’Etat a perdu des taxes et les clients ont été parfois surfacturés».

«Notre perte se situe entre 200 et 400 millions de FCFA. Le dispositif rendait la qualité de la communication précaire et les clients s’en prenaient aux opérateurs », renchérit Théodore Diessongo, le chef du département opérateurs de l’ONATEL.

Pour le chef de la Division Revenue assurances et Management des fraudes de Telecel Faso, Martial Kiba, l’Etat doit resserrer davantage l’étau autour des fautifs. « Il faut des sanctions conséquentes, car il y va de la qualité des services proposés à nos clients », a-t-il affirmé.

En la matière, les faits ci-dessus relatés sont prévus et réprimés par l’article 202 de la loi 061-2008/AN du 29 novembre 2008 portant réglementation générale des réseaux des services de communication électroniques. Les fautifs risquent une peine allant de 1 à 5 ans de prison ferme et une amende de 10 à 50 millions de FCFA ou l’une de ces deux (2) peines seulement quiconque utilise de façon frauduleuse le « call back » ou des moyens de contournement des réseaux de communication électroniques à des fins commerciales personnelles.

 

Moumouni Simporé



09/04/2015
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