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Macky Sall sur la crise burkinabè: «les problèmes sont complexes»

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Au Burkina Faso, les entretiens se sont succédé jusque tard dans la nuit, dans la chambre 1006 de l’hôtel Laïco de Ouagadougou. C’est là que Macky Sall a établi son quartier général. Le président sénégalais est arrivé vendredi 18 septembre dans la capitale burkinabè avec son homologue béninois Thomas Boni Yayi pour assurer une médiation. Les deux dirigeants ont rencontré les acteurs de cette crise, à commencer par le chef des putschistes, le général Diendéré, qu’ils doivent revoir ce samedi. Objectif : trouver une issue à cette crise politique.

Tractations toujours en cours au Burkina Faso, pour tenter de dénouer la crise. Arrivé vendredi dans la capitale, au lendemain du coup d’Etat militaire qui a porté le général Diendéré à la tête du pays, le président sénégalais Macky Sall, dirigeant en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), estime qu’il faut « créer une dynamique de réconciliation nationale ».

« Les problèmes posés sont des problèmes complexes », a-t-il fait remarquer, après s’être entretenu, en compagnie du président béninois Thomas Boni Yayi, avec toutes les composantes politiques burkinabè. A commencer par le général Diendéré lui-même. « J’ai eu un entretien avec les deux chefs d’Etat, un entretien en tête à tête », confirme ce dernier.

« Des propositions ont été faites par ces deux hautes personnalités. Je préfère ne pas devancer l’iguane dans l’eau, parce que nous n’avons pas décidé de quoi que ce soit pour l’instant. [Ce samedi], vous aurez la synthèse de ce que nous avons eu comme discussions, comme débats ce soir », explique le chef des putschistes.

MM. Sall et Boni Yayi ont-ils demandé au général Diendéré de quitter le pouvoir ? « Je préfère ne pas donner de détail », répond ce dernier, avant de justifier le coup d’Etat de ses hommes par ces mots : « C’est parce que le dialogue était rompu qu’il y a eu ces problèmes. S’il y avait eu un dialogue depuis fort longtemps, je crois qu’on n’en serait pas arrivés à cette situation. »

« Tant qu’ils ne bougeront pas du palais présidentiel… »

Les deux chefs d’Etat africains ont également rencontré des représentants de la société civile, qui refusent catégoriquement le dialogue avec les putschistes. « Nous l’avons dit à Macky Sall, nous l’avons dit au président béninois, nous n’allons pas dialoguer avec ces gens-là. Qu’ils remettent le pouvoir, et incessamment », assure Assad Mamadou Ouedraogo, un porte-parole de la société civile.

« On ne va pas se laisser faire ; vaille que vaille, on va les déloger. Et le mot d’ordre est clair : tant qu’ils ne bougeront pas du palais présidentiel, nous serons toujours là ! », promet-il. Macky Sall « nous a répondu, tout simplement, qu’actuellement nous devrions donner un mot d’ordre pour que les jeunes puissent rentrer chez eux et que nous puissions nous asseoir ensemble pour dialoguer, pour trouver une solution favorable », continue Assad Mamadou Ouedraogo.

Mais il est visiblement peu convaincu : « Nous avons dit : à la limite nous pouvons permettre que les partis politiques se retrouvent pour échanger tous ensemble et voir quelle sera la conduite à tenir pour qu’on puisse avoir les élections. Mais il n’est pas question de permettre à ces gens-là de passer une minute de plus à Kosyam ! »

« Dire à sa milice d’arrêter de tirer sur la population »

D’autres représentants de la société civile avaient rendez-vous avec les présidents étrangers à l’hôtel Laïko de Ouagadougou. Les membres du Balai citoyen, qui ne se sentent pas en sécurité et vivent cachés – les domiciles de plusieurs membres ont été visités ou saccagés -, ont pris des chemins de traverse pour se rendre à l’hôtel et faire part de leurs attentes et de leurs préoccupations au président sénégalais.

Guy Hervé Kam est le porte-parole de l’organisation. « Nous avons deux séries de préoccupations », énumère-t-il. « Déjà, avoir une situation des otages. Le président Kafando, le Premier ministre et les autres ministres sont-ils vivants ou non ? »

« J’ai échangé il n’y a pas très longtemps avec l’épouse d’un ministre, qui m’a confirmé que son mari n’a pas été libéré, mais qu’en plus, elle aurait reçu un appel d’un élément du Régiment de sécurité présidentielle lui demandant d’amener des effets de rechange, ce qui veut dire que dans leur esprit, sans doute, il ne sont pas prêts à les libérer avant que l’on puisse discuter. »

« La deuxième préoccupation, continue le porte-parole, c’est de dire à sa milice d’arrêter de tirer sur la population. Plus fondamentalement, nos exigences sont simples : la libération des otages, le rétablissement immédiat des autorités de la transition et le respect du calendrier électoral sans remise en cause du processus. »

« Créer une dynamique de réconciliation et de pardon »

« Au-delà des aspects de rupture de la marche constitutionnelle, ou même de la transition par la suite, il se pose véritablement un manque de dialogue entre acteurs politiques burkinabè, pointe le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall. Cela est extrêmement dangereux pour la cohésion nationale, pour l’unité nationale et pour la concorde nationale. »

Selon Macky Sall, « il faut créer une dynamique de réconciliation et de pardon. Arrêter la violence. Faire en sorte que, bien entendu, un schéma accepté par tous et par la communauté internationale puisse permettre au pays de se repositionner dans sa voie et dans se marche vers la démocratie. »

Par RFI



19/09/2015
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