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Venezuela: la voie est libre pour Maduro, mais plusieurs défis l'attendent

Fort des pouvoirs économiques délégués par Hugo Chavez et de ses prérogatives de vice-président, Nicolas Maduro a désormais le champ libre pour diriger le gouvernement vénézuélien, mais la tâche s'annonce ardue et l'opposition pourrait mettre en cause sa légitimité.

M. Maduro, âgé de 50 ans, a été désigné par le président comme étant son héritier politique. Avant son départ le 10 décembre pour être soigné à Cuba, Hugo Chavez l'a chargé de conduire le pays en son absence en lui déléguant une partie de ses pouvoirs, notamment économiques. Le vice-président peut ainsi intervenir sur le budget de l'Etat, exproprier des biens et autoriser ou interdire des achats de devises par les ministères.

"La Constitution accorde des prérogatives assez importantes au vice-président, et à cela s'ajoutent les attributions (déléguées par Hugo) Chavez. Cela lui permet d'envisager de gouverner avec de larges pouvoirs", explique à l'AFP le politologue Ricardo Sucre.

En l'absence du président, le Tribunal suprême de justice (TSJ) a décrété mercredi que gouvernement et le vice-président resteraient en fonctions au-delà du 10 janvier, date prévue de la prestation de serment d'Hugo Chavez, donnant à M. Maduro un blanc seing illimité pour gouverner le pays en attendant le retour ou l'annonce du retrait du président.

Mais l'ancien conducteur de bus, venu à la politique par le syndicalisme, assure qu'il ne s'écartera pas de la ligne tracée par le charismatique président.

"Au Venezuela nous n'avons qu'un seul président et il s'appelle Hugo Chavez", a-t-il déclaré lors d'un grand rassemblement convoqué pour rendre hommage au président jeudi, jour où il aurait dû prêter serment pour un nouveau mandat après sa réélection en octobre.

Vendredi, M. Maduro a annoncé qu'il partait de nouveau au chevet du président à La Havane le jour même.

"La stratégie du parti au pouvoir est de maintenir le statu quo jusqu'à ce que Chavez disparaisse totalement, qu'il décède, ou qu'il réincorpore par miracle la vie politique", assure l'analyste politique Angel Alvarez. Selon lui, celui qui affirme "gouverner au nom de Chavez a plus de légitimité" au sein du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) au pouvoir ainsi qu'auprès de la base "chaviste".

Des chantiers délicats

En outre, cette légitimité pourrait lui être précieuse dans le cas d'élections anticipées si le président venait à faire défaut.

Dans l'immédiat, il devra toutefois composer avec les barons du régime et veiller à gouverner collégialement, s'appuyant sur ses ministres, le PSUV et les gouverneurs du parti au pouvoir dans 20 des 23 Etats du Venezuela.

"Ce sera un gouvernement moins personnalisé parce que (M. Maduro) n'a pas le charisme de Chavez", relève M. Alvarez.

"La maladie de Chavez implique un leadership plus collectif et partagé", abonde Alexander Luzardo, expert en droit politique.

Aujourd'hui, plusieurs chantiers délicats se présentent, comme un déficit fiscal à combler d'urgence et une dévaluation à prévoir de la monnaie nationale, le bolivar, relèvent des analystes. S'ajoute à cette mesure impopulaire une nécessaire coupe dans les dépenses sociales qui ont atteint des niveaux record en 2012, une année marquée par plusieurs scrutins électoraux.

Mais beaucoup ne voient pas le vice-président s'engager sur ce chemin et prévoient la poursuite de la politique de Chavez, faite d'interventionnisme étatique, de nationalisations et d'importantes dépenses sociales financées par la manne pétrolière de ce pays qui abrite les plus importantes réserves mondiales en hydrocarbures.

"Maduro était de gauche alors que Chavez ne l'était pas", tient à rappeler M. Alvarez.

De son côté, l'opposition l'attend au tournant et profitera de la moindre occasion pour rappeler qu'il n'a pas été élu, souligner son manque d'expérience, ou assurer que le pays est paralysé en l'absence du président Chavez.

"Maintenant c'est à vous, M. Maduro, que revient la responsabilité d'assumer votre charge et de gouverner", a déclaré mercredi le leader de l'opposition Henrique Capriles, après avoir pris acte de la décision de la juridiction suprême sur le maintien du gouvernement.

Si la position du vice-président est pour l'instant consolidée, beaucoup jugent qu'en cas d'absence prolongée de M. Chavez, elle pourrait être fragilisée.

"Dans quelques mois, les gens vont commencer à exiger de savoir ce qui se passe avec Chavez (...) et la question d'une élection (anticipée) pour défaut absolu va se poser", prédit M. Sucre.




12/01/2013
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