SAKISIDA

Appel du SNESS et de la F-SYNTER à la communauté éducative

 

Dans ce communiqué, le Syndicat des Enseignants du Secondaire et du Supérieur (SNESS) et la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’Education et de la Recherche (F-SYNTER) de la région des Hauts-Bassins appellent la communauté éducative à une prise de conscience sur la crise aggravée qui secoue notre système éducatif.

 

Aux

Parents et associations de parents d’élèves,
Enseignants et organisations d’enseignants,
Etudiants et organisations d’étudiants,
Elèves et organisations d’élèves,
Citoyens et organisations citoyennes soucieux de l’éducation,

Le système éducatif dans notre des Hauts-Bassins est à la croisée des chemins, secoué qu’il est par une crise profonde depuis des années. Cette crise s’est approfondie et aggravée de manière spectaculaire avec la mise en œuvre du Programme d’Ajustement Structurel (PAS), sous la houlette des institutions de Brettons Wood que sont la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International (FMI).

Les manifestations de la crise de ce système éducatif se traduisent par :
-  L’incapacité du système éducatif à absorber tous les enfants en âge d’aller à l’école ;
-  La dégradation des conditions de vie des acteurs, notamment la paupérisation des enseignants ;
-  Les conflits sociaux à répétition ;
-  La gangrène de la fraude et de la corruption dans l’impunité ;
-  La dégradation continue de la qualité du service public.

Cette situation de délabrement provoque colère, indignation et inquiétudes légitimes mais aussi une prise de conscience chez les vrais parents d’élèves, les enseignantes et enseignants consciencieux, les citoyennes et citoyens soucieux du devenir de notre jeunesse et de notre pays.

Parmi les problèmes que rencontre la communauté éducative aujourd’hui figure en bonne place celui des effectifs pléthoriques. Cette année encore les effectifs ont continué de grimper et ont presque atteint le double du chiffre officiel dans certaines classes. Dans ces classes, les élèves sont assis à plus de quatre sur des bancs prévus pour deux. Des bancs tellement serrés que l’on a l’impression que les élèves sont assis sur une gigantesque natte.

Les effectifs pléthoriques dans les ordres d’enseignement, du primaire, secondaire et supérieur sont causés par l’insuffisance des infrastructures et du personnel enseignant. Mais notre conviction est que les effectifs pléthoriques dans l’école publique sont un choix politique de nos dirigeants :
-  Par l’acceptation des politiques des institutions financières ;
-  Pour briser toute solidarité nationale autour de la question stratégique de l’éducation ;
-  Pour faire payer au maximum les frais d’éducation de façon individuelle par les parents, car les sommes immenses collectées grâce aux multiples cotisations (frais de scolarité, cotisation APE, soutien à la vacation, soutien aux enseignants, etc.) constituent un financement de l’Etat et ces sommes sont reparties entre le MERSS, les DRESS, le FONER des étudiants ;
-  Pour maintenir les intérêts de certains de leurs amis fondateurs, car les 85% des enfants des préscolaires, 15% des élèves du primaire, 39,1% des élèves du secondaire, 85% des élèves de l’enseignement technique et 16% des étudiants scolarisés dans le privé, constituent un vaste marché très lucratif sur le dos des travailleurs et des couches populaires.

Dans le contexte de vie chère et de pauvreté accrue des masses populaires, les effectifs pléthoriques pèsent négativement sur les conditions de vie des couches les plus pauvres de notre pays. Les effectifs pléthoriques empêchent un apprentissage sérieux à cause des conditions d’étude difficiles et inadaptées ; ils entraînent l’accroissement du taux d’échec (renvoi du système et redoublement…) et l’exclusion d’une grande masse des enfants des pauvres du système scolaire. Ils sont une des causes importantes de la corruption dans le système scolaire dans tous les segments des acteurs de l’enseignement. Ils sont à la base de conflits sociaux à répétition dans les établissements d’enseignement de tous ordres publics comme privés.

C’est au regard de ces multiples problèmes et dommages que les organisations syndicales d’enseignants, s’adressent à leurs membres, aux parents d’élèves, aux élèves et étudiants. Cette adresse est fondée sur la conviction que :
-  Les enseignants, les autres travailleurs de l’éducation, les parents d’élèves, les élèves et étudiants, vivent les mêmes difficultés ;
-  Tous ces acteurs doivent développer une forte unité de lutte et d’action, pour obliger l’Etat à remplir ses obligations de l’éducation pour tous les enfants du pays.
-  Tous ces acteurs feraient fausse route en essayant de faire porter le chapeau et la note de la crise par l’un ou l’autre d’entre eux ; car cela n’entrainerait que des conflits stériles et contre leurs intérêts communs.

De notre point de vue ces intérêts reposent sur l’engagement de l’Etat par une politique éducative qui reposent sur la garantie effective de l’accès à l’éducation de tous les enfants du pays dans tous les ordres d’enseignement assurée par :
-  La gratuité effective de l’école,
-  La construction d’infrastructures scolaires suffisantes,
-  Des conditions de vie et de travail décentes des enseignants, élèves et étudiants,
-  Le respect des libertés démocratiques dans les espaces éducatifs.

De façon particulière, la question des franchises universitaires et scolaires est une préoccupation constante de la communauté éducative. Contrairement à certains discours sécuritaires stigmatisant la jeunesse et les organisations démocratiques une fois de plus. Pour nous c’est le respect du droit et de tous les droits dans les espaces éducatifs qui est la vraie et seule réponse, contre la violence et toutes les violences y compris celle d’Etat. Le premier à garantir les droits, doit être l’Etat au plan moral éthique et enfin judiciaire. En l’occurrence ce qui n’est pas souvent dit, la corruption et le déni qui sont institutionnalisés au quotidien et utilisés comme moyen de résolution des conflits est le lit de la violence.

C’est pour toutes ces considérations que nous attirons une fois de plus l’attention de tous les acteurs de l’éducation dont l’Etat autour des problèmes ci-dessous :
1. La construction d’infrastructures dans les différents ordres d’enseignement ;
2. L’amélioration des conditions de vie, de travail et d’études des élèves, des étudiants et du personnel du système éducatif dans tous les ordres d’enseignement ;
3. Le respect du cahier de charge dans l’ouverture des écoles et établissements privés dans tous les ordres d’enseignement ;
4. L’audit de la gestion des Associations de parents d’élèves et le respect des textes portant création des associations.
5. La normalisation de l’université de Bobo afin d’accroître l’offre de formation et la création de toutes les filières de formation ;
6. La garantie de la liberté d’expression et de construction de la citoyenneté.

Adoptée en Assemblée Générale,
A Bobo Dioulasso le 10 Mai 2013



15/05/2013
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