En pénétrant dans l’enceinte de la Maison du Peuple ce samedi matin, on ne peut s’empêcher de se rappeler du grand raout organisé le 25 janvier dernier par le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) au même endroit. Encore à ses premiers balbutiement, le parti des anciens ténors du CDP avait opéré un premier « coup de force » qui l’avait imposé comme un opposant de poids quasiment dès sa création. En comparaison, la mobilisation du parti au pouvoir ce samedi fera peut-être moins de bruit car elle ne bénéficie pas du même effet de nouveauté.
En effet, avec ses quasi deux décennies d’existence, le CDP est une grosse machine bien rodée et c’est aussi dans les détails qu’on le constate. Pas de bousculades à l’entrée, une base militante dévouée et efficace, des journalistes choyés... Tout est mis en œuvre pour montrer que la barque n’est pas prête de couler, malgré les attaques de plus en plus violentes qu’elle subit. « Le CDP est un parti bien structuré, un parti bien organisé – le CDP est un grand parti », insistera d’ailleurs Assimi Kouanda lors de son discours d’ouverture. Un discours essentiellement consacré à la disqualification de ses principaux adversaires politiques et à la nécessité de consulter le peuple, surtout sur les questions qui fâchent...
« Une posture digne de Judas »
« Ce mouvement a endossé le costume d’opposants en reniant les positions que ses ténors défendaient il y a peu de temps », s’est exclamé Assimi Kouanda au sujet du MPP qu’il a choisi de rebaptiser « Mouvement des postes perdus ». Bien décidé à démontrer l’opportunisme politique de ses adversaires, le Secrétaire exécutif national du CDP a précisé que Roch Kaboré, Salif Diallo et Simon Compaoré avaient été « les premiers bénéficiaires d’un système qu’ils ont façonné de leurs mains ». « En adoptant une posture digne de Judas, les responsables de ce groupe scissionniste ont osé faire leur mea culpa pensant tromper le peuple », a t-il martelé. Une véritable diatribe qui appellera sans doute une réponse tout aussi véhémente des principaux mis en cause.
Sénat, referendum : le CDP dit « oui »
Les principaux thèmes abordés lors de cette 1ere session du Conseil National du CDP toucheront donc à l’installation du Sénat et au referendum sur la révision de l’article 37. Sur ces questions épineuses, la ligne du parti semble claire : respecter la démocratie et la souveraineté du peuple. Pour se justifier, le CDP a parfois recours à des procédés rhétoriques qui frisent la tautologie, comme en témoigne cette phrase extraite du discours d’Assimi Kouanda : « Réviser la constitution en respectant les dispositions établies par la constitution n’est pas une atteinte à la constitution. » Accusant les pourfendeurs du réferendum de faire un « déni de démocratie », Assimi Kouanda prévient : « La consultation du peuple ne pourra être obstruée ». Reste à savoir désormais quand celle-ci arrivera...
Pierre MARECZKO
Lefaso.net