SAKISIDA

Au Tchad, un sommet crucial pour l'avenir de la Centrafrique, Zuma invité

Les chefs d'Etat d'Afrique centrale se sont réunis mercredi à N'Djamena pour un sommet sur l'avenir de la Centrafrique, à l'initiative de son influent voisin tchadien, dix jours après la prise du pouvoir par la rébellion du Séléka à Bangui. Invité à se joindre aux discussions, le président sud-africain Jacob Zuma en personne a fait le déplacement avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d'Etat), signe de l'importance de cette épineuse affaire pour l'Afrique du Sud. Au moins 13 soldats sud-africains avaient été tués le 24 mars par la rébellion qui faisait alors son entrée dans Bangui, quelques heures avant de renverser le régime de François Bozizé. Les présidents congolais Denis Sassou Nguesso, béninois Thomas Yayi Boni, gabonais Ali Bongo Ondimba et équato-guinéen Téodoro Obiang Nguema sont arrivés dans la matinée dans la capitale tchadienne. Ce sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) a été convoqué par le dirigeant tchadien Idriss Deby Itno, qui préside l'instance régionale. Tous se sont se retrouvés pour un huis clos avant l'ouverture officielle de la rencontre, a constaté l'AFP. Au programme des discussions figure la délicate question de "l'habillage constitutionnel" qui devra donner un semblant de légitimité au nouveau régime centrafricain, non reconnu par la communauté internationale. Le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia, lors d'une cérémonie à Bangui, le 30 mars 2013 © AFP/Archives Sia Kambou Une des idées est de revenir, avec quelques aménagements, à la Constitution qui a été suspendue par le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia. Remettre "un peu de légalité internationale" Il s'agirait de mettre en place "un Conseil national de transition dirigé par Michel Djotodia" et ainsi "retrouver un peu de légalité internationale", selon une source diplomatique. La communauté internationale, à qui la Centrafrique a demandé une aide d'urgence, devrait presser M. Djotodia d'exiger des garanties quant à son départ du pouvoir, annoncé pour 2016, voire accélérer la transition censée mener à des élections libres et transparentes. "La transition ne doit pas durer trois ans, on doit faire une courte transition. Et les bonnes transitions sont celles qui ne durent pas", a déclaré à l'AFP mercredi le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA), Ramtane Lamamra. Un exercice qui a ses limites. "Il ne faudrait pas qu'on déshabille ou humilie M. Djotodia. Il ne faut pas oublier qu'il y a 3.000 (rebelles de la coalition) Séléka en ville", rappelle une source proche du gouvernement. M. Djotodia ne devait pas participer à ce sommet, contrairement au Premier ministre Nicolas Tiangaye, avocat issu de l'ancienne opposition au régime de Bozizé et, pour le moment, seule personnalité "légitime" aux yeux de la communauté internationale. Jacob Zuma (c) donne un discours, à Pretoria le 2 avril 2013, lors d'un hommage aux soldats sud-africains morts en Centrafrique © AFP Stephane de Sakutin L'ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, ainsi que le très médiatique porte-parole du Séléka, Eric Massi, qui n'avait pas quitté Paris depuis le début des hostilités, sont également présents. Ce sommet n'a pas lieu par hasard à N'Djamena, alors que le Tchad est habituellement un acteur incontournable dans les soubresauts politico-militaires de la Centrafrique, et que son rôle semble se confirmer dans la chute de François Bozizé. Le président déchu a lui-même accusé mardi, sur BBC Afrique, le Tchad de l'avoir lâché et d'avoir même "mené l'opération du dimanche" 24 mars et "attaqué la base des Sud-Africains". Des rebelles "à l'accent tchadien" L'analyste sud-africain Helmoed Heitman, qui a publié dimanche dans le Sunday Independant un compte-rendu des circonstances du décès des 13 militaires sud-africains, assure qu'ils ont eu à combattre des rebelles mais aussi "des forces bien différentes des va-nu-pieds décrits initialement: la plupart portaient un uniforme standard avec sangle et gilets pare-balles, des AK47 tout neufs et des armes lourdes allant jusqu'au canon 23 mm". Il était "clair que beaucoup n'était pas de la Centrafrique, certains parlant avec des accents du Tchad", a-t-il soutenu. Dans son pays, M. Zuma est soumis à une pression croissante pour expliquer pourquoi il avait étoffé en janvier le contingent sud-africain en Centrafrique, venu en 2007 pour une mission d'instruction. "Nous continuons nos consultations avec la région d'Afrique centrale et l'Union africaine" pour décider de la suite à donner à la mission militaire sud-africaine en Centrafrique, a simplement dit M. Zuma mardi. Le porte-parole de l'armée sud-africaine Xolani Mabanga a refusé de révéler le nombre de soldats toujours stationnés à Bangui, disant "attendre les instructions du gouvernement" pour se retirer ou envoyer des renforts. Des sources centrafricaines, proches de la présidence et des services sécuritaires, dénoncent l'existence d'un "deal" entre MM. Zuma et Bozizé, avec accès à la clé, pour des entreprises sud-africaines, à des richesses pétrolières, diamantifères et aurifères. M. Zuma "a pris des risques avec la vie de ses soldats et a tout perdu avec la chute du régime. Mais il se peut qu'il demande réparation ou exige des compensations pour calmer les siens en Afrique du Sud", soutient une source proche du dossier. Au Séléka, un responsable assure: "Les accords de Bozizé avec l'Afrique du sud n'étaient pas dans l'intérêt du pays mais du maintien au pouvoir de Bozizé. Ils ont perdu militairement. Ils doivent s'en aller et oublier".


03/04/2013
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