BONDOUKUY: Le commissariat de police attaqué, un détenu tué
Pour avoir tué son beau-fils dans la nuit du 3 au 4 avril 2014 à Bwan, village de la commune rurale de Bondoukuy, Guillaume Voho a été interpellé et gardé à vue le même jour au commissariat de police de Bondoukuy. En représaille à cet acte criminel, des jeunes du village de la victime, armés d’armes blanches, ont attaqué le commissariat de police aux environs de 5h du matin, le 7 avril 2014, et ont tué le présumé assassin. Récit de deux évènements douloureux vécus par les populations de 3 villages.
A notre arrivée au commissariat de police de Bondoukuy aux environs de 10h, c’est un corps sans vie qui gisait au pied du mur. Une escouade de policiers de la Compagnie républicaine de sécurité, munie de son bataclan anti-émeutes veillait au grain. Sous un hangar, des parents de la victime, l’air hagard, attendaient. Selon le témoignage du policier de garde, c’est aux environs de 5h du matin, le 7 avril dernier, qu’une cinquantaine de jeunes armés de machettes, de haches et de gourdins, sont arrivés au commissariat, juchés sur des motos. Ils l’ont sommé d’ouvrir la porte. N’ayant pas obtempéré, ils ont arraché de force la porte et lui ont intimé l’ordre de remettre la clé du violon dans lequel était gardé le prévenu Guillaume Voho.
Ne pouvant pas les contenir, le policier qui a juste eu le temps d’alerter sa hiérarchie par téléphone, a fini par se plier à la volonté des croquants. Toujours selon le policier qui a assisté impuissant à la scène, les agresseurs ont d’abord traîné le prévenu hors du violon avant de l’abattre à l’aide des armes blanches qu’ils possédaient, devant le commissariat. Ils ont également saccagé la bicyclette de la victime. Toujours selon des témoignages recueillis sur place, il est ressorti que cet acte criminel est une représaille à un premier acte similaire. En effet, les témoins indiquent que Guillaume Voho, la seconde victime, habitant de Wakuy, un village situé à une vingtaine de km de Bondoukuy, est allé tuer son beau-fils à Bwan, dans la nuit du 3 au 4 avril 2014. Raison évoquée : sa fille serait allée prendre pour époux ce jeune homme sans l’avis de son géniteur. L’affaire qui aurait été portée à la connaissance de la gendarmerie, attendait de connaître un traitement diligent.
Sans doute par impatience, ou par manque de confiance en l’autorité, Guillaume Voho s’est rendu nuitamment au domicile du beau-fils, et l’a assommé avant d’aller se rendre aux gendarmes de Ouarkoye. Les pandores ouvrent aussitôt une enquête. Mais ils seront dessaisis par le procureur du Faso au profit de la police de Bondoukuy qui aurait plus d’éléments. A en croire le directeur régional de la police nationale, le commissaire Modibo Coulibaly, la procédure était même bouclée et le présumé auteur de l’homicide devait être déféré dans la matinée du 7 avril. Malheureusement, d’autres présumés assassins ont anticipé et ont commis un crime. Pourtant, à en croire certains témoignages, les sages des deux villages s’étaient accordés sur une réparation et une réconciliation coutumière du premier crime. Pour cela, le présumé assassin devait payer un bœuf noir pour les rites sacrificiels pour, dit-on laver le sang versé. A entendre les uns et les autres, ces deux évènements douloureux sont la résultante de l’incompréhension et de l’impatience de certaines populations.
L’appel à la retenue du haut- commissaire
Face à la montée de la tension suite à ces évènements dans cette partie du Burkina, le haut-commissaire du Mouhoun, accompagné du directeur régional de la police nationale et du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Dédougou, s’est rendu à Bondoukuy. Après avoir constaté les faits, la mission s’est entretenue successivement avec les parents de la seconde victime à Bondoukuy, les notables de Bondoukuy, les populations et les parents de la première victime à Bwan. Au cours des différents entretiens, Zakaria Parré a exprimé ses regrets et témoigné la compassion de l’administration aux parents des victimes. Il a appelé chaque camp au calme et à la retenue. Tout en invitant les uns et les autres à faire confiance à la Justice, Zakaria Parré a rappelé que nul n’a le droit de se faire justice. A Bwan, village de la première victime, la tension était vive sur le visage des populations qui ont accueillie le haut-commissaire et sa suite. Pour l’occasion, le Timbweni (tam-tam de guerre en pays bwa) a retenti. Qu’à cela ne tienne, le message d’apaisement et de tolérance lancé par les membres de la délégation semble avoir été entendu. Tout en regrettant les actes posés, le représentant des jeunes a laissé entendre que leur objectif étant atteint, aucun autre acte ne pourrait être posé par pure animosité. Les notables ont embouché la même trompette. Tous ont souhaité que chaque camp domine sa colère de sorte à améliorer les relations de voisinage, de fraternité et à cultiver l’amour. Selon Moussa Dianda, procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Dédougou, une enquête est … Lire la suite dans le Journal le Pays
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