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Burkina Faso: Une procédure judiciaire ouverte contre Safiatou Lopez, Roch interpellé sur le cas Salif Diallo

lopez

Cher Wambi, rappelle-toi la manifestation organisée par une organisation de la société civile, en l’occurrence l’Association pour la promotion de la démocratie et de la participation citoyenne (APDC), dirigée par Désiré Guinko et Safiatou Lopez, devant le palais de justice de Ouagadougou. A cette occasion, dame Lopez avait tenu des propos qui ont choqué une partie de l’opinion publique : « Ça nous fera mal que le palais de justice connaisse le même sort que l’Assemblée nationale mais si la justice ne nous donne pas le choix, on n’aura pas le choix. »

Ces propos incendiaires ont été tenus par Mme Zongo sous le prétexte que d’anciens dignitaires accusés de détournement de deniers publics ou de complicité avec les présumés putschistes ont bénéficié de liberté provisoire et que des avocats étrangers ne doivent pas plaider en leur faveur.

 

Les magistrats en étaient outrés et la Procureure du Faso avait, dans une déclaration, indiqué que le discours de Safiatou Lopez /Zongo serait méticuleusement analysé et apprécié avec les rigueurs juridique et judiciaire qui conviennent.

La justice a-t-elle mis à exécution sa menace contre Lopez ? Toujours est-il qu’on apprend qu’une procédure judiciaire est ouverte à la police judiciaire contre elle. Et étant de retour au pays depuis quelques jours, Safiatou va devoir s’expliquer devant les officiers de police judiciaire. Décidément, par ces temps qui courent, la justice burkinabè est vraiment au cœur des débats.

 

Du reste, la sortie de Lopez et Cie a été interprétée par les magistrats comme une action souterraine du pouvoir en place puisque quelques jours plus tard, le chef de l’Etat avait critiqué, lors de son séjour à New York, le fait que les magistrats soient leur propre patron avec la nouvelle loi sur l’indépendance de la justice votée sous la Transition. Si Roch Marc Christian Kaboré évoque certains sujets avec tact, la deuxième personnalité du pays, Salif Diallo, président de l’Assemblée nationale, n’y va pas par quatre chemins pour livrer ses pensées. En effet, début juin, il a fait une sortie musclée contre les magistrats en traitant ces derniers d’affairistes. Cela, à l’évidence, n’a pas été du goût des acteurs de la justice, qui ont adressé une lettre au président du Faso pour demander des éclaircissements sur les propos de « Gorba ». En voici le contenu :

Les Secrétaires généraux des Syndicats de magistrats

A

Monsieur le Président du Faso, 

Objet : demande de clarification des propos

De monsieur le Président de l’Assemblée nationale

Monsieur le Président, 

Le comité intersyndical des magistrats a noté ces derniers temps la tenue de propos relatifs à l’indépendance de la magistrature dans ses rapports avec les pouvoirs politiques. Il a particulièrement enregistré les déclarations du Président de l’Assemblée Nationale dont le contenu nous laisse perplexe.

En effet, Monsieur Salifou Diallo, Président de l’Assemblée nationale, lors de la formation des jeunes du Mouvement du peuple pour le Progrès sur les valeurs de base de la social-démocratie tenue du 03 au 05 juin 2016 à Ouagadougou a affirmé qu’ « on ne quittera pas le pouvoir des armes pour tomber dans le pouvoir des juges » « nos juges sont devenus des affairistes et pour que notre justice soit sociale et équitable, il faudrait qu’à la prochaine révision constitutionnelle, on mette des garde-fous afin que celle-ci réponde aux aspirations de notre peuple ».

Ces déclarations qui s’adressent à la magistrature dans son ensemble et aux personnels magistrats a suscité des réactions dans le milieu judiciaire.

Saisis par les magistrats sur le sens et la finalité de tels propos, les syndicats de la magistrature ont souhaité avant toute chose vous saisir, en votre qualité de garant de l’indépendance de la magistrature conformément à la Constitution, afin d’obtenir de la part du président de l’Assemblée nationale une clarification de ses propos de sorte à nous permettre, en toute connaissance de cause, d’apprécier en tous ses aspects, la situation.

Les responsables voudraient vous renouveler leur volonté de voir des rapports durables et apaisés entre la magistrature et les pouvoirs politiques.

Les responsables syndicaux vous prient d’agréer, monsieur le Président, l’expression de leur parfaite considération.

Ouagadougou, le 22 juin 2016

Le Secrétaire Général du Syndicat des Magistrats Burkinabè

Christophe COMPAORE

Le Secrétaire général du Syndicat burkinabè des magistrats

Moriba TRAORE

Le Secrétaire général du Syndicat autonome des magistrats du Burkina

  1. Antoine KABORE

 Décidement, entre les magistrats et le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré le conflit semble ouvert, d’autant que certaines organisations satellites qui gravitent autour des nouveaux maîtres du pays ne cessent de décocher des flèches à la magistrature. Pas plus tard qu’hier, Désiré Guinko, le camarade de Safiatou, s’est de nouveau attaqué à la justice dans un post sur sa page Facebook : « Si nous avons combattu Blaise Compaoré jusqu’à sa chute, ce ne sont pas de petits juges dépourvus de l’expression populaire qui viendront narguer les acquis du peuple… Si la gangrène persiste dans l’appareil judiciaire, il faut combattre avec énergie cette justice impopulaire », a-t-il écrit. Il est même allé plus loin en nommant ouvertement le secrétaire général du SAMAB, Antoine Kaboré, qu’il a qualifié de « petit juge qui n’est rien d’autre que l’incarnation de cette justice arrogante, corrompue». Expression d’un sentiment de ras-le-bol vis-à-vis de la justice ou énième provocation pour se « victimiser » en cas de poursuites judiciaires, comme le pensent certains dans le milieu de la justice ?

 

L’Observateur Paalga



22/07/2016
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