Burundi : prison à vie requise en appel contre un journaliste de RFI
L'accusation a requis vendredi en appel la confirmation de la peine de prison à vie prononcée en première instance contre le journaliste burundais de la radio française RFI Hassan Ruvakuki, accusé de "terrorisme" devant un tribunal du Burundi, a constaté un journaliste de l'AFP. "Hassan Ruvakuki est un terroriste", a estimé le procureur général, Emmanuel Nyandwi, au dernier jour du procès devant une Cour de Gitega, dans le centre du Burundi. "Il n'a pas le droit de se cacher derrière sa profession de journaliste pour tuer. C'est pourquoi je demande à la Cour de confirmer la peine de prison à perpétuité qui lui a été infligée en première instance", a poursuivi le procureur, sous les protestations de la foule venue assister, à l'intérieur et à l'extérieur de la salle d'audience, au procès. Il a également demandé la confirmation des peines - perpétuité ou 15 ans de prison - prononcées contre les 22 co-accusés du journaliste. Le verdict, qui doit selon la loi burundaise être rendu dans un délai de deux mois, est prévu le 8 janvier. En juin, en première instance, M. Ruvakuki, correspondant du service en swahili de Radio France Internationale (RFI), avait été déclaré coupable d'avoir organisé une attaque lancée par une nouvelle rébellion à partir de la Tanzanie en novembre 2011, puis d'en avoir fait la publicité. Treize de ses co-accusés avaient été condamnés à la prison à vie pour terrorisme, neuf avaient écopé de 15 ans pour complicité. Vendredi, tous les accusés ont demandé leur acquittement. "Je n'ai commis aucun crime, j'ai fait mon travail", a déclaré M. Ruvakuki. "Si vous estimez que c'est l'information qui doit venir au journaliste, alors gardez-moi en prison. Mais si vous estimez que le journaliste doit aller chercher l'information là où elle se trouve, relâchez-moi". "Je le répète encore une fois, je ne suis pas un terroriste", a-t-il martelé. Hassan Ruvakuki, dont le procès a été largement suivi par les diplomates occidentaux en poste à Bujumbura, reconnaît être allé en Tanzanie pour couvrir la naissance d'une nouvelle rébellion, mais dit n'avoir fait que son travail de collecte d'information. Sa défense, qui s'était évertuée jeudi à démonter les preuves de l'accusation, a une nouvelle fois dénoncé des nombreuses violations de procédure depuis le début de l'affaire, notamment des détentions arbitraires. Me Fabien Segatwa a aussi lancé un appel aux autorités burundaises, rappelant que, dans le passé, plusieurs journalistes burundais avaient effectué des reportages sur des mouvements rebelles sans être inquiétés. "Ce qui était permis (hier) pour les journalistes est également permis aujourd'hui", a-t-il estimé. Jeudi, l'accusation avait admis ne disposer pour seule preuve contre M. Ruvakuki que le fait qu'il était entré illégalement en Tanzanie et reconnu que certaines preuves contre ses co-accusés avaient été fabriquées. Depuis les élections de 2010, boycottées par l'opposition, le Burundi vit au rythme de nouvelles violences qui font craindre aux observateurs une reprise d'un conflit à plus grande échelle. Le pays a été marqué, entre 1993 et 2006, par une guerre civile qui a fait près de 300.000 morts. |
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