SAKISIDA

Casques bleus au Mali: des mois de préparation, des années de présence

Les Nations unies étudient la mise en place d'une force de maintien de la paix au Mali, mais elle ne pourra être déployée qu'après la fin de l'offensive militaire française et des mois de tractations et de préparatifs.

Et l'ONU doit se préparer à "maintenir une présence pendant plusieurs années", estime un diplomate. "Le mandat initial sera de douze mois mais il est certain que les problèmes politiques entre Bamako et les Touaregs ne seront pas réglés dans ce délai", explique-t-il.

L'idée est de faire passer sous bannière de l'ONU tout ou partie des troupes africaines prévues pour la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali), une force autorisée par la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l'ONU en décembre dernier et dont les effectifs promis ont gonflé jusqu'à plus de 6.000 hommes.

Mais cela nécessitera une nouvelle résolution du Conseil, l'accord des partenaires africains et plusieurs semaines de préparatifs logistiques.

"Déployer des Casques bleus prend au moins quatre à cinq semaines et tant qu'il y a des combats de forte intensité, il n'est pas question de lancer une (telle) opération", explique un diplomate en poste à l'ONU.

Un autre diplomate table sur un délai d'un mois et demi à deux mois à partir de l'adoption d'une nouvelle résolution, ce qui selon lui ne devrait pas intervenir avant la fin du mois. "Les Français évoquent encore un mois environ d'activité" militaire intense, ce qui fait que les Casques bleus pourraient être à pied d'oeuvre au mieux "dans trois mois", estime-t-il.

Tiède réaction

"Nous n'en sommes qu'au début du processus, explique un autre diplomate occidental. Il faut encore préciser le concept et obtenir le soutien des Maliens et des autres Africains".

Pour l'instant, la réaction de Bamako a été tiède, le ministre malien des affaires étrangères Tiéman Coulibaly insistant pour bien "définir le mandat" des Casques bleus et pour aller "jusqu'au bout" de l'offensive contre les "terroristes".

Des pays africains pourraient être tentés de réclamer une structure hybride, ONU/Union africaine par exemple, pour garder un certain contrôle. Mais les membres du Conseil de sécurité ne souhaitent pas réitérer l'expérience, compliquée et coûteuse, de la Minuad (Force conjointe ONU-Union africaine au Darfour).

Concrètement, il reviendra ensuite au département des opérations de maintien de la paix de l'ONU de sélectionner les contingents, parmi les pays africains qui ont offert des troupes à la MISMA ou qui se porteront volontaires pour cette nouvelle mission.

Restera aussi à définir le rôle des troupes françaises dans le dispositif. Il y a plusieurs possibilités: un bataillon français "sous casque bleu" comme dans la FINUL (force de l'ONU au Liban), un soutien à l'ONU comme dans l'opération Licorne en Côte d'Ivoire, ou une présence plus indépendante comme le dispositif Epervier au Tchad. "La solution Casque bleu est la plus acceptable politiquement mais Epervier est la meilleure option du point de vue militaire", estime un diplomate.

Selon Richard Gowan, de l'Université de New York, "la France n'acceptera pas de placer des forces importantes sous commandement ONU". Les Français "voudront maintenir au Mali une force d'intervention rapide indépendante comme celle qu'ils ont gardée en Côte d'Ivoire".

Au Mali, ajoute M. Gowan, l'ONU devra aussi jouer un rôle politique pour promouvoir une réconciliation nationale, "sinon leur mission sera sans fin comme en République démocratique du Congo".

Mais l'ONU pourrait avoir du mal à obtenir les moyens aériens (avions, drones, hélicoptères) pour remplir sa mission sur l'immense territoire désertique du Mali, estime-t-il, "parce que les gouvernements occidentaux voudront limiter les coûts".




06/02/2013
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