Centrafrique: la rébellion veut prendre Damara, dernier verrou avant Bangui
La rébellion centrafricaine a affirmé lundi vouloir prendre la ville de Damara, dernier verrou à 75 km au nord de Bangui, et réclamé à nouveau le départ du président François Bozizé, malgré les appels au dialogue de Paris.
"Bozizé doit partir, c'est clair, on réclame son départ, qu'il quitte le pouvoir", a affirmé à l'AFP le porte-parole de la coalition rebelle du Séléka, Eric Massi.
Selon lui, "une colonne de huit véhicules a quitté Damara pour attaquer" les positions des rebelles à Sibut, ville située sur la même route à 160 km au nord de Bangui, que le Séléka a prise samedi. "On va neutraliser cette colonne comme on le fait toujours, et (nous) allons sécuriser (prendre) Damara", a affirmé M. Massi.
Damara se trouve à 85 km au sud de Sibut. Les forces des Etats d'Afrique centrale présentes pour jouer un rôle stabilisateur y ont établi un dernier verrou sur la route de la capitale.
La rébellion a accru sa pression en dépit des appels au dialogue lancés lundi par la France, ancienne puissance coloniale, des Etats-Unis et des promesses de partage du pouvoir faites la veille par le président Bozizé.
Le président François Hollande s'est entretenu par téléphone avec M. Bozizé, appelant à "l'ouverture d'un dialogue entre les autorités centrafricaines et toutes les parties en présence, notamment la rébellion", a annoncé l'Elysée.
Quelques heures plus tôt, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius avait lancé un appel similaire, soulignant que "la priorité est plus que jamais au dialogue et à l'arrêt des hostilités".
Se disant "très inquiets" de la "détérioration de la sécurité en Centrafrique", les Eats-Unis ont eux appelé "les rebelles à cesser toutes les hostilités et tout mouvement vers la capitale".
Dimanche, le président Bozizé s'était dit prêt à un dialogue sans délai à Libreville, au Gabon, proposant même la formation d'un gouvernement d'union nationale auquel pourraient participer les rebelles.
Mais ces derniers ont affirmé ne pas croire à ces promesses et menacé à nouveau dès lundi matin de marcher sur Bangui. M. Massi avait brandi pour la première fois cette menace dimanche.
Sans répondre directement à l'offre de négociations du président Bozizé, le porte-parole du Séléka a accusé lundi le gouvernement de poursuivre ses "exactions" contre les sympathisants des rebelles à Bangui et de préparer une contre-offensive dans le nord pour justifier sa ligne dure.
"Nous en appelons aux forces africaines de maintien de la paix pour qu'elles interviennent immédiatement dans la capitale pour faire cesser les exactions et assassinats de prisonniers, ou qu'elles ne nous empêchent pas de le faire", a déclaré M. Massi à l'AFP. "Il ne fait plus aucun doute que la sincérité des promesses de François Bozizé (...) n'est pas réelle", a-t-il affirmé tout en disant souhaiter l'intervention du président Hollande pour organiser un entretien téléphonique entre lui-même et M. Bozizé.
La France a envoyé des renforts à Bangui et dispose de près de 600 hommes à l'aéroport pour une éventuelle évacuation des Européens. Paris a souligné à plusieurs reprises ne pas vouloir intervenir pour sauver le régime.
Ce refus a suscité une certaine hostilité à Bangui où l'ambassade de France a été attaquée la semaine dernière par des manifestants.
Le Congo a annoncé avoir envoyé 120 militaires à Bangui, qui agiront dans le cadre du mandat de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) dont la force est actuellement déployée à Damara, en appui de l'armée centrafricaine.
Alors que les rebelles, qui ont repris les armes le 10 décembre, contrôlent désormais la plus grande partie du pays, dont les grandes villes diamantifères et aurifères, la marge de manoeuvre de François Bozizé, à la tête depuis 2003 de ce pays de 5 millions d'habitants, paraissait très réduite.
A Bangui, de nombreux Centrafricains étaient massés lundi devant les banques pour la paie de fin de mois, se disant inquiets pour l'avenir et soucieux de la flambée des prix.
"On va essayer d'acheter un peu plus de manioc pour pouvoir rester à la maison si les rebelles arrivent". Quant au réveillon, "on n'a pas la forme habituelle", a dit à l'AFP Sylvain Derouanda, gardien d'une entreprise de sécurité.
L'opposition centrafricaine s'est quant à elle déclarée sceptique sur les concessions du président Bozizé. "Il fait des promesses et ne les tient pas", a déclaré à l'AFP le principal oppossant, l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, plaidant pour un dialogue politique.
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