SAKISIDA

Colloque International sur « Les arts et les expressions culturelles dans la littérature africaine : entre continuité et mutations »

Ouagadougou, 24 au 25 mars 2014

 

Colloque International  sur « Les arts et les expressions culturelles dans la littérature africaine : entre continuité et mutations »

L’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) organise un colloque international sur « Les arts et les expressions culturelles dans la littérature africaine : entre continuité et mutations ». Ce colloque se tiendra au siège de l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) derrière la mairie de Nongremassom.

Argumentaire

Le rapport d’indissociabilité que les arts et les expressions culturelles entretiennent avec la littérature africaine a été souligné par de nombreux critiques, qu’ils soient Africains (L.S. Senghor, EngelbertMveng, Thomas Melone, Georges Ngal, etc.) ou Occidentaux (R.P. Tempels, André Malraux, J. Chevrier, etc.). On se souvient encore de l’étonnement de Jacques Chevrier face à « l’abondance, la récurrence et parfois même le retour en force des motifs empruntés au monde de la tradition » Sous cet angle de perception, les arts et les expressions culturelles entretiendraient un tel rapport d’interchangeabilité que les formes spécifiques désignées comme « art plastique », « art musical » ou « art littéraire » ne seraient que des occurrences formelles d’un principe créateur commun. Relisons dans ce sens le principal théoricien de la Négritude, nous avons nommé Léopold-Sédar Senghor :

Le mot y est plus qu’image, il est image analogique sans même le secours de la métaphore ou de la comparaison. Il suffit de nommer la chose pour qu’apparaisse le sens sous le signe. Car tout est signe et sens en même temps pour les Négro-Africains : chaque être, chaque chose, mais aussi la matière, la forme, la couleur, l’odeur et le geste et le rythme et le ton et le timbre, la couleur du pagne, la forme de la kôra, le dessin des sandales de la mariée, les pas et les gestes du danseur, et le masque, que sais-je ?

Je persiste à penser que le poème n’est accompli que s’il se fait chant, parole et musique en même temps .

C’est probablement cette disposition qui explique que des générations d’écrivains successives aient accordé le même intérêt aux arts et aux expressions culturelles diverses, relevant d’un patrimoine culturel immémorial, au point d’en faire soit le sujet central de leur écriture soit le cadre au sein duquel celle-ci se déploie. Prenons pour exemple la filiation qui remonte de Seydou Badian (Le sang des masques) à Sami Tchak (La fête des masques), en passant par Ludovic Obiang (L’enfant des masques).

Ahmadou Kourouma, désigné pourtant comme l’un des pionniers d’une remise en cause intransigeante de la négritude, n’est-il pas, et quasiment à son insu, le chantre d’une véritable encyclopédie du chasseur malinké, à tel point dominé par sa culture cynégétique qu’elle en conditionne toute son écriture, depuis la dimension la plus manifeste des savoirs et des valeurs jusqu’à l’élaboration des formes stylistiques les plus personnelles (comparaison, métaphore, etc.).

Dans ce sens, la littérature burkinabé n’est pas en reste, elle qui peut, entre autres modalités culturelles, proposer un bel échantillonnage des nombreuses parentés à plaisanterie qui tissent le réseau complexe autant qu’inextricable des rapports entre les nombreux groupes « ethniques » du « pays des hommes intègres ». Les masques sont les éléments importants de l’art africain.

Toutefois, la référence à une forme de relais qui irait de Seydou Badian à Sami Tchak montre que, si les arts ou autre expressions culturelles restent un dénominateur essentiel de la production littéraire en Afrique, gage même d’une forme d’unicité permanente, il n’en demeure pas moins que d’une génération à l’autre, le traitement apporté à l’art témoigne d’une perception différente de l’écriture littéraire (le temps a passé des adaptations de Birago Diop au patchwork bakhtinien de LabouTansi ou de Mabanckou), en même temps que de questionnements et problématiques renouvelés.

Ainsi Seydou Badian, à l’image d’un Olympe Bhely-Quenum affirme la déréliction de l’Afrique « moderne », consécutivement à une transgression/profanation des valeurs traditionnelles, alors que Sami Tchak, en tant qu’écrivain de tendance postcoloniale, prend prétexte d’une référence au masque pour interroger le monde d’aujourd’hui, tançant ses hypocrisies, ses convenances, ses injustices, son goût accentué pour la morbidité, au-delà des frontières conventionnelles de la nation ou de la race.

Notre colloque voudrait donc expliciter, dans une perspective aussi bien synchronique que diachronique, comment dans la littérature africaine, les traces et lignes de force de l’art et de la culture s’expriment, comment l’art et la culture dans son ensemble nourrissent la diégèse littéraire au point de constituer le ferment d’un art poétique spécifique voir novateur, autant qu’un appui de la réflexion idéologique, l’idéologie représentant un paradigme scientifique à part entière.

La SNC étant un cadre d’expression de toutes les formes d’art au plan national, ce colloque sera l’occasion de montrer l’importance du lien ombilical entre différentes formes d’expression artistique qui paraissent éloignées l’une de l’autre.

Dans ce sens, de nombreuses pistes peuvent être explorées par les participants à ce colloque, eu égard à la diversité des formes culturelles africaines, proportionnelle à la multiplicité des productions littéraires, depuis les premiers essais romanesques des années 1900 jusqu’aux formes intermédiales contemporaines.

Les quatre axes de réflexion proposés ci-après peuvent ainsi retenir l’attention, mais nous restons ouverts à toute proposition qui va dans le sens d’un approfondissement de la question.

Axe 1 : Le caractère documentaire des textes dans leur rapport à l’art africain. Dans quelle mesure les textes sont-ils fidèles à la réalité culturelle ? La respectent-ils ou l’édulcorent-ils ? Les écrivains africains dans leur rapport à l’art sont-ils de parfaits « réalistes » ou bien procèdent-ils par des choix qui induisent un souci plus moraliste que véritablement esthétique ?

Axe 2 : La littérature comme art ou expression culturelle à part entière. Le débat sur le caractère « africain » de la littérature écrite est-il dépassé ou reste-t-il d’actualité ? Dans quelle mesure la relation à l’art « global » contribue-t-elle à dépasser cette forme d’aporie - ou à l’amplifier ?

Axe 3 : La littérature africaine est-elle en phase avec les évolutions notoires que l’on peut observer dans l’art africain contemporain ou bien reste-t-elle attachée à une certaine représentation courante de l’art, dominé par ce qu’il est convenu d’appeler art traditionnel ?

Axe 4 : Le dialogue (du point de vue entre l’art et la littérature en Afrique est-il aussi nourri qu’il l’a été au XIXe et au XXe en France, par exemple ? Un écrivain comme Baudelaire se révélant être un excellent critique d’art, alors que des courants comme le surréalisme confondent en leur sein la peinture et la littérature.

Les propositions de communication doivent être envoyées aux deux adresses suivantes au plus tard le 15 janvier 2014. Pas plus de 300 mots (police 12, times new roman, interligne simple, notes éventuelles en bas de page). La langue de travail est le français. Les textes en anglais devraient avoir une traduction en français.
-  alainsis@gmail.com
-  bobocolloquesnc@gmail.com

Président du comité d’organisation du colloque

Pr SISSAO Alain Joseph, Professeur Titulaire en littérature africaine/Directeur de recherche INSS/CNRST

Ibidem, p. 124. Léopold-Sédar SENGHOR, « Comme les lamantins vont boire à la source du Simal », Postface à Ethiopiques, p. 159.

Jacques CHEVRIER, Littérature nègre, Paris, Armand Colin, Coll. « U », 1984, 1990, p. 167.



17/03/2014
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