Déclaration de l’ANEB : Non à la parade du Premier Ministre Luc Adolphe TIAO Sur nos campus !
Visiter les chantiers en construction sur les sites de l’Université de
Ouagadougou et de Ouaga II, et rencontrer l’ensemble des acteurs du monde
universitaire, c’est à ces fins que le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a été
attendu ce 18 février 2013. L’occasion était belle pour les syndicats
d’étudiants de se faire entendre sur leurs préoccupations. Le doyen et plus
influent de ces syndicats, en l’occurrence l’Association nationale des étudiants
burkinabè (ANEB) a, en effet, élaboré une déclaration dont nous vous proposons
l’intégralité.
UNION GENERALE DES ETUDIANTS BURKINABE(UGEB)
ASSOCIATION NATIONALE DES ETUDIANTS BURKINABE(ANEB)
Section de Ouagadougou
Ouagadougou, le 18 mars 2013
Camarades étudiantes, camarades étudiants,
Ce lundi 18 mars 2013 devrait voir l’arrivée du Premier Ministre Luc Adolphe
TIAO dans les universités de Ouagadougou (UO) et de Ouaga Il (UOII). Cette
visite se fera dans un contexte de chaos généralisé dans nos deux universités
sur un fond de retard jamais égalé dans l’exécution des activités académiques.
Les étudiants que nous sommes vivent de ce fait des conditions à la limite du
supportable. - - -
Sur le plan des infrastructures on note les promesses non tenues :
Prévus
pour être disponibles pour l’année académique 2012-2013, les quatre
amphithéâtres, deux (02) à l’UO et deux à l’U02, sont toujours à l’étape de
chantier.
La
construction de l’U02 annoncée depuis 2007 se résume aujourd’hui en une
présidence entre « gare et boutiques » à Wemtenga et une ébauche située à Gonsin
à une trentaine de kilomètres de la ville de Ouagadougou. Les étudiants de l’U02
continuent de squatter les locaux du SIAO et sont régulièrement mis à la porte à
l’occasion des différentes éditions de ce salon et autres festivités.
La
construction du bâtiment R + 2 extensible ’annoncé en 2008 devant abriter des
laboratoires des UFR SEA, SVT et SDS est toujours au stade de chantier.
Sur le plan académique, le tâtonnement dans l’application du système
Licence-Master- Doctorat(LMD), sans aucune mesure d’accompagnement et sa
tropicalisation à souhait par des alchimistes ont fini par engendrer un désordre
indescriptible et enfoncé davantage les étudiants dans le désarroi. En effet,
plus de trois (3) mois après les évaluations, les étudiants de S1 de l’UFR/SVT
viennent d’avoir leurs résultats de la 1ère session de l’année 2011-2012, le
vendredi 15 mars 2013. Sur 1880 étudiants seulement 35 sont admis soit un taux
de réussite de moins de 2%. On assiste par ailleurs à la diminution drastique et
injustifiée des volumes horaires des enseignements, à la suppression de nombre
de Travaux Pratiques (TP), de Travaux Dirigés(TD), de sorties d’études et même
de matières entières, consécration d’un enseignement au rabais.
Sur le plan social, moins de 4% des étudiants sont logés en cité
universitaire (2010 lits à Ouagadougou), la majorité vit dans la promiscuité et
livrée aux bailleurs véreux qui spéculent sur le montant du loyer à leur guise.
La fermeture de nombre de cités universitaires 1 (Zogona, CNSS, Don Camillo l,
Tampouy, etc.) a davantage _ aggravé le problème de logement et l’ouverture de
celle de Kossodo n’y a rien changé.
Sur le plan des allocations, seulement 3972 étudiants ont bénéficié de la
bourse en 2011-2012 dans toutes les universités, publiques comme privées, y
compris les étudiants inscrits à l’extérieur. Les conditions d’âge et d’autres
manœuvres sordides excluent le maximum d’étudiants du bénéfice de l’aide dont le
taux, 150000f cfa l’an, est aujourd’hui largement dépassé par le coût de la vie.
Une partie est contrainte de s’endetter auprès du FONER. La majorité bénéficie
d’aucune forme d’allocation,
De plus, il n’est pas rare de voir des enseignants stupéfaits en voyant
l’amphi se vider de la moitié de ses étudiants en plein cours déjà à 09heures.
C’est seulement en séchant les cours de la sorte qu’ils pourront espérer être
dans le contingent de 10000 plats servis par le CENOU par repas pour plus de 50
000 étudiants. Sur le plan de la santé, les frais de prise en charge ont été
plafonnés de façon inique à 100 000f l’année. Il n’y a pas un système de
transport pour les étudiants.
Sur le plan des libertés démocratiques, si le départ du campus, sous la
pression des étudiants, de la police spéciale des universités constitue une
avancée notable, l’existence de textes liberticides régissant les franchises et
libertés universitaires permet aux autorités de faire intervenir les forces de
répression sur le campus à tout moment. Par ailleurs, le 24 juillet 2012 le
décret liberticide et anti-étudiants, N° 2012-646/PRES/PM/MESS portant régime
disciplinaire applicable aux étudiants et aux candidats aux examens et concours
organisés par les universités publiques du Burkina Faso a été adopté. C’est en
s’appuyant sur ce décret que les autorités de l’Université de Koudougou ont
exclu 14 de nos camarades.
Camarades étudiantes, camarades étudiants,
Face à cette situation lamentable, les autorités ministérielles et
universitaires tentent de faire porter le chapeau du retard aux étudiants en
concoctant des mesures répressives dont l’année blanche. Nous rappelons quelques
faits :
En 2008,
après avoir réprimé dans le sang la marche pacifique des étudiants des UFR/SVT
et SEA, le pouvoir de la 4ème République a procédé à la fermeture des deux
universités du 26 juin au 31 août 2008 soit plus de deux(02) mois.
Fin
2008-début 2009, les enseignants sont allés en lutte autour de leur plate-forme
revendicative. Le gouvernement, tout en jugeant justes et légitimes les
revendications posées, a trainé les pieds pour y apporter les solutions
obligeant les enseignants à faire plus de trois mois de grève.
Le pouvoir
procédera une fois de plus à la fermeture des universités pour environ trois(03)
semaines en 2011 à la faveur de la lutte pour la justice pour Justin Zongo.
Cela fait donc environ six(06) mois de perdu par le « bon vouloir des
autorités ».
A la
faveur des événements de 2011, notre organisation a adressé au Président du Faso
une plateforme revendicative comprenant l’ensemble des points
sus-mentionnés.
C’est dans ce contexte que le Premier Ministre vient dans nos universités
pour officiellement, rencontrer la communauté universitaire et toucher du doigt
les problèmes ? ce que nous constatons, c’est que dans le programme officiel le
premier ministre passera toute la journée à prononcer des allocutions, à décorer
des acteurs de l’université et à visiter des chantiers qui devraient être
terminés depuis longtemps, avec une forte présence médiatique. Le Premier
Ministre ne réserve que 45minutes et ce, seulement à partir de 17h30 pour la
rencontre avec les associations estudiantines à caractère syndical au nombre de
09 !!! Cette rencontre est tout sauf un cadre de discussion. Il est clair que
cette visite est juste une opération médiatique pour tromper
l’opinion et lui faire croire que le gouvernement se préoccupe de la
situation.
C’est pourquoi l’ANES :
dénonce la
visite de parade du Premier ministre dans nos universités ;
appelle
les autorités à plutôt se pencher diligemment sur les problèmes au lieu de les
déplacer et de tenter de les masquer ;
appelle les étudiants à se rassembler devant l’amphi D
libyen à partir de 8h pour dénoncer cette campagne démagogique
entreprise par nos autorités et leur exiger la satisfaction de notre plate-forme
revendicative.
NON A UNE ANNEE BLANCHE ! NON A LA PARADE DU PREMIER MINISTRE SUR NOS
CAMPUS ! . EN AVANT POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE VIE ET D’ETUDES !
Pain et liberté pour le peuple !
Le Comité Exécutif
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