Devant le Tribunal : la Pasteure et le faux certificat médical d'évacuation
Pasteure et agent de recouvrement à la mairie, Dame O comparaissait devant le TGI de Ouagadougou le 16 novembre 2020 pour complicité de faux et usage de faux en écriture publique.
Les faits exposés par le tribunal, Dame O aurait fait établir un faux certificat médical d'évacuation sanitaire par une tierce personne dont elle a usé pour effectuer une évacuation sanitaire aux Etats-unis d'Amérique. Celle-ci interrogée à la barre, ne reconnaît pas les faits. Elle explique que c'est un homme anglophone qui au cours d'une réception à son église a surpris une conversation téléphonique dans laquelle elle contait ses soucis de sa santé à une amie.
Elle exprimait également dans cette conversation téléphonique le besoin d'être évacuée rapidement aux Etats-Unis pour bénéficier de soins appropriés. Et c'est à l'issue de cet entretien téléphonique que l'homme en question l'a abordée pour lui signifier qu'il connaissait des médecins capables de lui fournir les documents nécessaires dans un bref délai afin de faciliter son évacuation sanitaire. Aussi, c'est à son absence que le document a été réceptionné et gardé sans qu'elle n'ait pris connaissance de son contenu.
Plus tard, en soins aux Etats-unis, interpellée par sa hiérarchie sur le motif de son absence, elle aurait demandé à quelqu'un de prendre le document établi par l'anglophone déposer à titre justificatif auprès de sa hiérarchie. Quant à l'identité du "bon samaritain" qu'il l'aurait délibérément aidé en produisant le faux papier médical, elle dit l'ignorer. Cet inconnu serait venu à une de ses séances de spiritisme qu'elle donne dans son église. Elle ajoute recevoir 80 à 100 personnes par jour dans ce cadre, d'où sa difficulté à le reconnaître.
Aux questions du tribunal de savoir, comment cet inconnu a pu connaître et reproduire sans erreur son identité et les pathologies dont elle souffre pour établir le certificat médical; Dame O soutient qu'elle ne lui a aucunement donné son identité. Elle dit à ce propos être connue du fait de son rôle de pasteure et que c'est certainement de cette façon que l'anglophone s'y est pris. Sur la nature du document, la prévenue assure qu'elle s'imaginait que c'était simplement un document de repos. D'ailleurs, elle n'a à aucun moment demandé à l'anglophone de lui en établir, maintient-elle. A ces réponses, lui tribunal lui demande en quoi, un document établi par une tierce personne pouvait valoir en tant qu'autorisation de repos auprès de sa hiérarchie? Pas de réponse de l'accusée à cette interrogation.
Du côté du procureur, il y a des incohérences dans la version de la prévenue. Et de faire entendre, que lors de son audition au parquet, Dame O a déclaré qu'elle avait donné son identité à l'anglophone au téléphone pour qu'il établisse le certificat médical. En plus, elle avait révélé que le document lui a été envoyé non daté pour qu'elle-même puisse mettre la date de son voyage. Contradictoirement à ces déclarations, souligne le parquet, la prévenue déclare aujourd'hui à la barre qu'elle n'a jamais donné son identité, mais révèle aussi qu'elle pensait avoir besoin de ce document pour pouvoir effectuer l'évacuation sanitaire.
Avant de faire ses réquisitions, le parquet informe que c'est suite à un contrôle du ministère de la Santé que la fausseté du certificat médical d'évacuation sanitaire a été découverte. Pour cause, les médecins censés avoir signé le document sont inexistants. En ce sens, le procureur a requis que l'infraction de complicité de faux et usage de faux reprochée à Dame O soit requalifiée en faux et usage de faux. En répression, le ministère public requiert 12 mois de prison, une amende de 500 000 francs, le tout ferme.
Pour la défense de l'accusée, il y a cependant un doute sur la culpabilité de sa cliente. Il plaide ainsi sa relaxe au bénéfice du doute en faisant ressortir, que la plupart des innocents ont toujours eu du mal à se défendre parce qu'ils racontent les faits tels que vécus. Et en ce qui concerne sa cliente, le conseil estime qu'elle a tout dit avec transparence. Il lui aurait été simple de venir inventer un nom pour se décharger, selon l'avocat mais celle-ci ne l'a pas fait et s'en est tenue à ce qu'elle sait. En plus de sa plaidoirie, l'avocat a également mis en lumière que pour ses soins, sa cliente a dépensé plus de 6 millions et ce sans attendre que son service ou l'Etat débourse quoique ce soit. Par conséquent, il n'y avait clairement pas de son avis, un mobile pour qu'elle commette cette infraction de faux.
Le délibéré est pour le 23 novembre 2020.
Image illustrative
Florentin TAPSOBA
zoodomail.com
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