Devant le Tribunal : un médecin accusé de viol sur une patiente
L, médecin au CMA de Kossodo est accusé de viol sur une patiente qui aurait été internée au sein dudit hôpital dans un état comateux dans la nuit du 8 au 9 août 2020. Il comparaissait devant le TGI de Ouagadougou le 10 novembre 2020.
Les faits narrés par la victime, elle aurait été violée à deux reprises par le médecin dans le bureau de ce dernier au sein du CMA de Kossodo. C'est au retour d'un mariage à Saponé, raconte F, la victime, que leur car a eu un accident au rond-point des nations-unies à Ouagadougou. Suite à cet accident, avec des antécédents asthmatiques, elle s'est évanouie et a été conduite tard dans la nuit par trois de ses proches au CMA de Kossodo.
Ainsi, soutient-elle qu'à son réveil, après être allée aux toilettes pour se soulager, elle s'est rendue compte que du sperme dégoulinait entre ses jambes. De retour dans le bureau du médecin, celui-ci lui a proposé des relations sexuelles qu'elle a refusé. Face à son refus, maintient-elle, il l'aurait bâillonnée la bouche à l'aide de sparadrap avant de ligoter ses mains au lit hospitalier avec des gants chirurgicaux pour la violer à nouveau.
Mais tout cela n'est pas vrai selon le prévenu, F a effectivement été conduite aux urgences dans son service dans un état comateux et il n'a fait que lui prodiguer des soins après diagnostic que son état était dû à une intoxication alimentaire. Pour ce faire, il lui a fait des injections puis ensuite tenté de lui poser une sonde pendant 15 minutes sans succès.Il fallait recourir à deux infirmières.
Toutefois, reste campée la plaignante sur ses déclarations, c'est bien lui qui l'a violée. Il l'aurait pour la circonstance déshabillée et fermé son bureau à clé. Et de soutenir que lorsque le médecin a fait appel aux infirmières pour la pose de la sonde, celles-ci ont dû tapé à la porte pour qu'il aille ouvrir.
Le procureur intrigué par le récit de la victime lui demande pourquoi elle n'a pas crié pour demander du secours ni informer les infirmières et encore moins ses accompagnateurs qu'elle a avait été violée par le médecin au lieu d'attendre le lendemain pour se prononcer. Également il est demandé à F pourquoi, elle n'a pas pensé à se faire consulter immédiatement après les faits afin de produire un certificat médical qui puisse conforter ses accusations. F répond qu'elle a crié pour appeler à l'aide mais personne n'est apparue. Du reste, pour les autres questions du parquet, la victime a gardé le silence.
Le ministère dit être mal à l'aise dans ce dossier car il n'y a vraisemblablement pas de preuves matérielles.
Quant aux témoins, à l'occurence les deux infirmières auxquelles le médecin a fait appel pour poser la sonde, elles livrent leurs témoignages. La première affirme qu'elle n'ont pas su à quel moment F a été admise au CMA, mais pour ce qui est de la pose de la sonde; c'est ensemble avec le médecin qu'ils sont rentrés dans le bureau qui n'était pas verrouillé. Elle fait entendre aussi que la victime était habillée d'une robe et qu'elle ne leur a aucun moment fait part d'une telle chose à cet instant. Sur la question du cri de détresse, elle reconnait avoir entendu un cri quand elle se trouvait dans la salle de garde mais ne peut certifier que cela venait de la plaignante.
Même version pour le deuxième témoin, l'infirmière explique en plus que c'est le lendemain après être partie sans achever son traitement que F est revenue au CMA accompagnée d'un jeune-homme pour qu'on lui retire la sonde. C'est à cette circonstance exprime-t-elle, que F s'est jetée à ses pieds en pleurs pour dire qu'elle avait été violée à deux reprises par le médecin.
Pour leur constitution de partie civile, le conseil de la plaignante fait d'abord observer que même si la passivité de sa cliente aux événements peut choquer, il n'en demeure néanmoins que les individus réagissent différemment face aux situations. De là, il martèle que F a bel et bien été violée, c'est pourquoi elle entend que son honneur soit lavée à travers ce procès. Ainsi, lui et sa cliente réclame simplement 1 franc symbolique.
Dans ses réquisitions, le ministère dit être mal à l'aise dans ce dossier car il n'y a vraisemblablement pas de preuves matérielles. Il n'y a même pas de certificat médical relève-t-il. D'où il requiert la relaxe du prévenu au bénéfice du doute.
Les avocats du prévenu eux plaident par contre la relaxe de leur client pour infraction non constituée. Pour cause, selon eux, ce supposé viol n'existe que dans l'esprit de la plaignante et la matérialité des faits n'a pas suffisamment été démontrée.
Le verdict est pour le 17 novembre 2020.
Florentin TAPSOBA
zoodomail.com
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