SAKISIDA

ELECTIONS COUPLEES 2012 : Un militant du CDP à Zéphirin Diabré

Dans une déclaration rendu publique le 12 décembre 2012, Zéphirin Diabré, premier responsable de l’Union pour le changement et le progrès (UPC), a traité les dirigeants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) d’ « alchimistes » ayant « encore réussi la prouesse d’inverser les résultats » notamment dans la province du Kadiogo et dénoncé ce qu’elle qualifie de « tripatouillage », de « démocratie de façade », de « démocratie dévoyée, gangrénée par des comportements mafieux », etc. Un militant du CDP a posté sa réaction dans votre journal en ligne. Lisez donc.

Ce sont donc là des propos d’un homme dépité car, contrairement à ses dires selon lesquels il allait à ces élections sans se fixer des objectifs chiffrés, il avait, sur la base de ce qui se disait au sein de l’opinion, élaboré des probabilités et donc des prévisions. Il n’est pas concevable que quelqu’un comme lui n’ait pas eu une approche stratégique (contexte, justification, objectifs, résultats attendus, impact attendu, budget) de cette compétition électorale. Mais là n’est pas le problème. En effet, la modestie qui est une valeur sociale que célèbrent les sociétés humaines pourrait être l’une des raisons pour lesquelles, officiellement, l’UPC ne se fixait aucun objectif.

Mais là où le discours de Z. Diabré devient de moins en moins compréhensible, c’est quand il met en indexe le CDP, les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. D’où de sérieuses interrogations pour l’observateur que nous sommes :

Les résultats n’étant que provisoires et n’ayant pas été proclamés ni par les pouvoirs sus-cités et encore moins par le CDP, est-il pertinent de les « anathémiser » et de les jeter ainsi sur l’arène de la vindicte médiatique et peut-être populaire ?

A supposer que tout ce que reproche le patron de l’UPC au CDP soit avéré, n’avait-il pas plus intérêt, en et place du langage acéré, à s’investir dans les voies prévues par le code électoral pour gérer les contentieux électoraux ?

Lui-même ayant dit récemment que c’est en sollicitant la justice qu’on l’oblige les juges à être plus indépendants, était-il opportun de guerroyer à tous vents contre le CDP et les institutions républicaines ?  C’est la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a organisé et proclamé les résultats provisoires. Pourquoi donc passer sous silence cette institution et aller en croisade contre d’autres qui, jusqu’à preuve de contraire, ne sont pas directement concernées ? Comme enseigne un adage bien connu de chez nous « Quand, au lieu d’inciser la bosse du dromadaire sur laquelle se trouve le furoncle, on s’acharne sur le dos de l’âne qui se porte comme un charme, on ne peut empêcher l’assistance de se poser des questions sur les motivations du médecin de service ».

Sans innocenter le CDP, de quelles preuves dispose l’UPC pour accuser le parti au pouvoir avec autant de sévérité voire de méchanceté ? Si elles existent, comme nous l’espérons pour la crédibilité de ce parti et de son leader, il urge de les mettre à la disposition de la justice. Sinon, Z. Diabré et ses troupes ont intérêt à se préparer contre l’effet boomerang qui se profile à l’horizon. Si la tentative de corruption d’un conseiller municipal UPC dont on accuse le CDP constitue une des preuves, peut-être l’UPC ne sait-elle pas que dans d’autres secteurs de Ouagadougou et dans d’autres communes du Burkina certains de ses militants s’emploient également à corrompre des conseillers municipaux CDP ou d’autres formations politiques ? Les preuves dans ces cas sont également disponibles. Certes, ces manœuvres sont déplorables mais penser que cela ne peut être que le fait du CDP, c’est penser que l’enfer, c’est uniquement les autres. Or…

Enfin, l’invite adressée aux responsables du CDP et à tous les acteurs de la classe politique burkinabè, à méditer la maxime du président Félix Houphouët Boigny selon laquelle « la paix n’est pas un mot, mais un comportement » est bien à propos. Bien qu’il soit inconvenant et lâche de faire le procès de quelqu’un qui n’est plus de ce monde dans la mesure où l’intéressé ne peut plus assurer sa propre défense ; est-il interdit de se demander si, au regard de la situation que traverse la Côte d’Ivoire depuis la fin des années 90, le président Houphouet Boigny lui-même à opérationnalisé sa maxime ? Pour la réponse, nous sommes persuadé que Z. Diabré en tant qu’intellectuel peut nous combler en matière d’argument.

En somme, le comportement humainement compréhensible du patron de l’UPC n’est ni politiquement convainquant, ni juridiquement pertinent et ce parti gagnerait à mieux élaborer son discours et ses arguments pour le socle théorique des conquêtes qu’il vient de réaliser.

COMPAORE Issaka



23/12/2012
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