Me Bénéwendé Stanislas Sankara est le candidat de l’Union pour la renaissance/ Parti sankariste (UNIR/PS) à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015. En cette qualité, il a introduit auprès du greffe du Conseil constitutionnel un recours le 4 septembre 2015 à 16h 45mn, par lequel recours il demande au Conseil constitutionnel de déclarer inéligibles, les candidtas – au même scrutin - Ram Ouédraogo du RDEBF, Yacouba Ouédraogo de l’UBN, Maurice Denis Salvador Yaméogo du RDF, et le candidat indépendant Djibrill Yipéné Bassolé.
Comme griefs, Me Sankara indexe le fait que ces quatre candidats aient activement travaillé à ce que l’article 37 soit modifié. A cet effet, rappelle-t-il, Djbrill Bassolé et Yacouba Ouédraogo ont, en conseil des ministres, participé à la prise d’une décision le 21 octobre 2014 pour modifier l’article 37 objet de discorde. En tout état de cause, précise-t-il, l’article 68 de la Constitution énonce que le gouvernement est solidaire et que les ministres sont responsables des décisions prises en Conseil des ministres.
En ce qui concerne Ram Ouédraogo et Salvador Yaméogo, le requérant affirme que le 10 avril 2014, lors d’une conférence de presse à Bobo-Dioulasso, ceux-ci se sont exprimés sans ambages pour dire qu’il faut soutenir la modification de l’article 37. Il ajoute que Ram Ouédraogo a été chef de délégation ayant conduit des missions du Front républicain, dont celle du 20 Août 2014 au Yatenga. Il a également, foi de Me Sankara, participé activement à la caravane qui a parcouru les 18 et 19 Juillet 2014 plusieurs localités du Burkina pour appeler au référendum en vue de modifier l’article 37 de la Constitution.
« il va falloir simplement et purement les extirper… »
Au regard de ces faits qui, selon le recourant, pèsent sur ces quatre prétendants à la magistrature suprême, « il va falloir simplement et purement les extirper, les omettre de la liste des candidats avant de publier la liste définitive », a-t-il laissé entendre au cours d’une interview accordée à la radio Oméga FM dans la matinée de ce dimanche.
Toujours sur ce même média, il se dit très optimiste que le Conseil constitutionnel va délibérer en fonction de son recours. « Je n’ai rien inventé, j’ai pris le Conseil constitutionnel aux mots », a-t-il soutenu, certifiant qu’il s’est appuyé sur une jurisprudence du Conseil constitutionnel.
« Je n’ai pas d’état d’âme en ce qui concerne la légalité… »
Répondant à une question du journaliste sur la candidature de Roch March Christian Kaboré, le candidat de l’UNIR/PS a expliqué qu’il n’a pas d’éléments juridiques (ou même politique) « pour attaquer la candidature des autres citoyens ». Eléments juridiques et politiques convaincants, Me Sankara confie ne pas en disposer à l’égard des candidatures des présidentiables qui ont été membres du CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique).
D’ailleurs, relève-t-il, ces derniers se sont battus aux côtés de la société civile, du peuple pour dire « non » au projet « funeste » ; un projet développé par le gouvernement de Blaise Compaoré. Du reste, précise-t-il, « Je n’ai pas d’état d’âme en ce qui concerne la légalité, la souveraineté de notre peuple ». Et de rappeler, « Quand nous avons déposé les recours pour les législatives, les candidatures du MPP et de l’UPC ont été frappés ». A l’en croire, lui Me Sankara, ce qui l’intéresse, c’est l’intérêt du peuple, le bonheur du peuple ; jurant que par le recours ainsi déposé, il est en phase avec sa conscience et sa conviction.
« Roch Marc Christian Kaboré, le concepteur de la modification de l’article 37 »
Tel n’est pas la perception du candidat lui aussi recourant, Ablassé Ouédraogo qui a ‘’ouvert’’ sa liste de candidats mis en cause par Roch Marc Christian Kaboré du MPP. « Nous nous en remettons à la sagesse des membres du Conseil constitutionnel pour dire le droit et rien que le droit. Notre démarche ne vise absolument personne, à titre personnel. Elle a pour objectif, de consolider la justice, l’Etat de droit et la démocratie au Burkina », a-t-il confié à sa sortie du greffe du Conseil constitutionnel dans l’après-midi du dimanche 6 septembre 2015.
Pour lui, dans l‘affaire de l’article 37, il faut y voir les « concepteurs » et les « exécutants ». Et sa requête concerne ces « deux catégories de personnes : le maître d’ouvrage et les maîtres d’œuvre ». Estimant que le « maître d’ouvrage » est plus responsable que les « maîtres d’œuvre » dans toute construction architecturale, Ablassé Ouédrago précise : « nous avons soumis un recours concernant cinq personnalités : Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP (qui est le concepteur même de la modification de l’article 37) ; Djibrill Bassolé et Yacouba Ouédraogo, des exécutants parce que membres du gouvernement qui a siégé le 21 octobre 2014 en séance extraordinaire pour adopter le projet de loi de modification ». Et d’allonger la liste des exécutants par Ram Ouédraogo et Salvador Yaméogo, en ce qu’ils étaient membres du Front républicain.
« … le désistement n’est pris en compte que s’il est volontaire »
Selon ses explications, c’est Roch Marc Christian Kaboré, qui a, lui-même, initié le projet de révision qui a conduit à l’insurrection. « Il ne s’agit pas d’un autre projet de loi », précise-t-il. « On peut me rétorquer, que chemin faisant, il a fait son mea culpa. Mais, vous savez, dans le droit burkinabè, le désistement n’est pris en compte que s’il est volontaire. Mais tout le monde sait que Roch Marc Christian Kaboré et les autres du MPP n’ont pas quitté le CDP de gaieté de cœur, ils ont été contraints (c’est une contrainte interne). Quand on démissionne, il y a des raisons et la lettre de démission l’explique clairement. Si vous vous souvenez, un monsieur comme Simon Compaoré disait que dans la maison du CDP, il y avait des sangsues. Donc, ça veut dire qu’ils ont été poussés dehors », a développé le candidat de Le Faso autrement, Ablassé Ouédraogo.
L’autre contrainte, a-t-il ajouté, qui est externe, c’est le mouvement de l’opposition. « Nous avons commencé nos manifestations le 29 juin 2013, on en a eue le 28 juillet 2013 et on en a eue le 18 janvier 2014. Eux, ils ne nous ont joints seulement le 18 janvier. Ils sont venus pour quoi ? Tout simplement parce qu’ils n’avaient pas le choix, ils étaient contraints de rejoindre le mouvement de l’opposition parce qu’il n’y avait pas d’autres alternatives. L’opposition était en train de gagner du terrain. Et de toutes les façons, peut-être qu’on aurait pris un peu plus de temps mais, le régime Compaoré allait finir comme ce qui lui est arrivé. Donc, nous nous considérons qu’il n’y a pas eu de désistement volontaire », a-t-il enfoncé.
« … il n’y a pas de raison que Roch Marc Christian Kaboré échappe »
A en croire le recourant, c’est Roch qui a travaillé à mettre dans la tête de Blaise Compaoré que la modification de l’article 37 était possible et faisable. « Si on a sanctionné des gens qui étaient dans la même situation, il n’y a pas de raison que Roch Marc Christian Kaboré échappe », conclut Ablassé Ouédraogo.
Le candidat de Le Faso autrement explique que sa démarche vise à donner la leçon aux générations qui suivent ; leçon selon laquelle tout acte qu’on pose finit par rattraper son auteur. Pour lui, même si le Conseil constitutionnel venait à ne pas aller dans son sens, au moins, il aurait contribué au renforcement de la démocratie, de l’Etat de droit, de la justice en utilisant les instruments que la République lui offre.
Le candidat du MAP, le premier recourant
Le candidat de Le Faso autrement n’est pas le seul à élargir sa liste au candidat du MPP. Victorien Tougma, président et candidat du MAP (Mouvement africain des peuples), détient une liste forte sur laquelle figure les noms de Roch Marc Christian Kaboré, de Ram Ouédraogo (RDEBF), Yacouba Ouédraogo (UBN), Djibrill Yipéné Bassolé (candidat indépendant) et de Maurice Denis Salvador Yaméogo (RDF) et Roch Marc Christian Kaboré (MPP). Autour de cette liste, M. Tougouma a également formé un recours qu’il confie avoir déposé au greffe du Conseil constitutionnel le vendredi 4 septembre 2015, à 11h 11 mn ; donc avant Me Sankara et Ablassé.
Sur ces trois recours, le Conseil constitutionnel devra se prononcer les jours à venir. Signalons que cette haute juridiction statue sans délai ; la loi ne lui ayant pas fixé de délai en ce qui concerne l’examen des recours contre des candidats présidentiables. Après les décisions qu’il rendra, devra intervenir l’établissement de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 11 octobre 2015.
Oumar L. OUEDRAOGO et Fulbert Paré
Lefaso.net