Manifestations à Athènes contre le projet du budget de rigueur 2013
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche soir dans le centre d'Athènes devant le Parlement où les députés doivent se prononcer dans la nuit sur le budget de rigueur 2013, prévoyant la poursuite de la récession et de nouvelles coupes dans les salaires et retraites. Les principales centrales syndicales du privé (GSEE) et du public (Adedy), ont appelé à se rassembler à 15H00 GMT sur la place Syntagma, théâtre de manifestations massives depuis 2010 contre les plans successifs d'austérité en échange des prêts UE-FMI pour éviter à la Grèce la faillite. Selon la police, le plus important rassemblement était celui du Front de lutte des travailleurs (Pame), proche des communistes, avec 10.000 manifestants. Les syndicats et les partis d'opposition ont à peine rassemblé 5.000 personnes qui ont manifesté dans le calme. L'ampleur des défilés étaient loin de ceux il y a quatre jours où 70.000 personnes avaient manifesté contre une loi-cadre pluriannuelle prévoyant des coupes de 18 milliards d'euros d'ici 2016, dont la moitié en 2013. "Les mesures vont passer mais nous sommes là pour prouver qu'on ne se résigne pas", a indiqué Olga P., 35 ans, professeur d'anglais dans un lycée public, qui a vu son salaire net mensuel réduit à 960 euros. A côté d'elle, son amie Anna, 35 ans, chômeuse depuis huit mois: "Je travaillais dans le secteur du bâtiment, maintenant pas question de trouver un boulot avec la crise". Elle pense rentrer dans son village natal sur l'île d'Ikaria "car avec la cherté de la vie et la hausse des taxes, on ne peux plus vivre à Athènes". "Arrêtons la catastrophe" "Arrêtons la catastrophe, organisons le renversement" (du gouvernement), proclamait une banderole du principal parti d'opposition Syriza (gauche radicale). "Qu'on les chasse", lisait-on sur une autre banderole. A 18H00 GMT, sur la place Syntagma il ne restait que quelques centaines de personnes qui manifestaient dans le calme. Le projet de budget controversé prévoit plus de neuf milliards d'euros d'économies en 2013 et une sixième année de récession avec une chute du PIB de 4,5%. Le gouvernement table sur un déficit autour de 5,2% du PIB en 2013 contre 6,6% cette année "alors qu'en 2009 le déficit était à 15,5% du PIB". L'adoption du budget est attendue impatiemment par la zone euro, dont les ministres des Finances doivent se réunir lundi à Bruxelles pour examiner la situation toujours difficile de l'économie grecque et faire face au carcan de son énorme dette. Ayant bénéficié de deux lignes de crédit de 240 milliards d'euros auprès de ses partenaires, la Grèce prévoit une explosion de sa dette en 2013 à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d'euros, contre 175,6% en 2012. La zone euro attend également le rapport des experts de la troïka (UE-BCE-FMI), retardé en raison des divergences entre eux, afin de débloquer une aide de 31,2 milliards d'euros, retenue depuis juin et vitale pour Athènes dont les caisses sont à sec. Le gouvernement de coalition dirigé par le conservateur Antonis Samaras rassemble une majorité suffisante de 168 députés sur les 300 du Parlement, dont 126 de droite Nouvelle-Démocratie, 26 socialistes Pasok et 16 de la Gauche démocratique Dimar. Mais s'il n'y a pas d'enjeu majeur sur l'adoption du budget 2013, qui réclame les voix d'au moins 151 députés, le risque d'éventuelles défections des députés surtout dans les camps du Pasok ou de Dimar ne sont pas exclues. Mercredi, lors de l'adoption de la loi pluriannuelle avec une courte majorité de 153 députés, six députés du Pasok, un Dimar et un de droite ont voté contre. Toutefois, le Dimar comme le Pasok ont déjà assuré qu'ils allaient voté en faveur du budget pour assurer la "stabilité" du gouvernement de coalition. "Le Dimar va voter le budget pour que l'effort sur l'assainissement économique continue", a indiqué son chef Fotis Kouvélis devant le parlement. Cependant M. Kouvelis a critiqué le plan d'ajustement budgétaire, dicté par les créanciers "qui n'a pas eu les résultats attendus car il a sous-estimé les retombées de la rigueur stricte", qui a conduit à une récession profonde. De son côté, Evangélos Vénizélos, chef du Pasok, a appelé "à l'unisson". "La situation du pays est limite. La stabilité du gouvernement est la première condition nécessaire pour la sortie de la crise", a déclaré dimanche au quotidien grec Ethnos (centre-gauche). |
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