Musharraf de retour au Pakistan après plus de 4 ans d'exil malgré les menaces
L'ancien président pakistanais Pervez Musharraf est revenu dimanche au Pakistan après plus de quatre ans d'exil et sous haute tension, les rebelles talibans ayant annoncé vouloir le tuer à son retour.
M. Musharraf, au pouvoir entre son coup d'Etat de 1999 et 2008, compte se présenter aux élections générales du 11 mai prochain.
Parti dans la matinée de Dubai, l'avion transportant l'ancien président est arrivé à Karachi peu avant 13h00 locales (08h00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP à bord de l'appareil.
L'ex-président, vêtu pour l'occasion d'une longue chemise traditionnelle blanche, est arrivé avec plusieurs dizaines de ses supporteurs qui n'ont cessé de scander "Longue vie à Musharraf !" tout au long de ce vol régulier.
Nombre d'entre eux étaient venus de Londres, où l'ex-président a passé la majeure partie de son exil avec Dubaï, comme Hassan Askari, 28 ans, qui a assuré à l'AFP que "Pervez Musharraf (allait ramener) la stabilité" au Pakistan.
M. Musharraf, 69 ans, n'a pas caché son plaisir, postant instantanément sur Twitter ou Facebook des photos de lui à l'embarquement, puis assis dans l'avion.
"Je ne me sens pas nerveux, mais je suis préoccupé par certaines inconnues" liées au "terrorisme", à l'"extrémisme", aux "procédures judiciaires" (en cours contre lui, ndlr) et "aux élections", avait-il déclaré avant de prendre l'avion.
Il a également affirmé au magazine allemand Der Spiegel qu'il comptait "libérer" le Pakistan du terrorisme qui l'ensanglante depuis des années.
La menace d'attentat plane d'ores et déjà sur son retour, promettant une arrivée sous haute tension.
Samedi, le TTP, principal mouvement rebelles taliban pakistanais, allié à Al-Qaïda, a ainsi annoncé avoir "préparé un commando de kamikazes spécialement pour (tuer) Musharraf".
L'ex-président a prévu de rassembler ses partisans vers 17h00 (12h00 GMT) à l'aéroport de Karachi. Il avait dans un premier temps prévu de le faire sur la tombe du fondateur du Pakistan Mohammed Ali Jinnah, également à Karachi, avant de se raviser faute d'autorisation des autorités, échaudées par les menaces.
Le TTP, qui dénonce l'alliance du Pakistan avec les Etats-Unis, initiée par M. Musharraf après les attentats du 11 septembre 2001, est considéré comme le principal auteur de la vague sans précédent d'attentats --suicide pour la plupart-- qui ont fait plus de 5.700 morts dans tout le Pakistan depuis 2007.
Pervez Musharraf avait lorsqu'il était président survécu à trois attentats échafaudés contre lui par des groupes islamistes, très présents dans ce vaste pays de 180 millions d'habitants, instable et voisin de l'Afghanistan.
C'est à Karachi que l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto avait été la cible de l'attentat le plus meurtrier de l'histoire du Pakistan le 18 octobre 2007, à la tête d'un gigantesque défilé de partisans venus célébrer son retour au pays après 8 ans d'exil. Elle en avait réchappé mais 139 personnes avaient été tuées. L'attaque avait été revendiquée par le TTP.
Mme Bhutto avait péri deux mois plus tard dans un nouvel attentat suicide à Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad. Son Parti du Peuple Pakistanais (PPP) avait remporté les législatives deux mois plus tard et avait progressivement poussé M. Musharraf vers la sortie avant que le nouveau Parlement n'élise Asif Ali Zardari, le veuf de Mme Bhutto, à la présidence du Pakistan.
M. Musharraf, dont la gestion des affaires civiles est moins dénoncée que celle du gouvernement qui lui a succédé, jugé corrompu et inefficace, se présente comme une "alternative" aux partis classiques pour les élections du 11 mai.
Mais son alliance avec Washington après 2001, point de départ d'une décennie sanglante, reste très critiquée, et nombre d'observateurs estiment qu'il a perdu sa base électorale et ne semble guère en mesure de bouleverser le scrutin.
M. Musharraf avait par le passé annoncé à plusieurs reprises son retour au pays avant de se raviser, par crainte d'être incarcéré à l'arrivée parce qu'il est visé par trois mandats d'arrêt. La justice pakistanaise lui a garanti vendredi qu'il bénéficierait d'une liberté sous caution, ouvrant la porte à son retour.
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