Onze mille réfugiés en 24 heures dans les pays voisins de la Syrie
Des bombardements et de violents combats faisaient rage vendredi notamment à la frontière turque poussant en 24 heures 11.000 Syriens à fuir le conflit qui ensanglante leur pays depuis bientôt 20 mois.
Le président Bachar al-Assad a affirmé mener une "guerre contre le terrorisme" et prôné un règlement par les urnes, dans un entretien à une chaîne russe.
Dans le camp de l'opposition, le Conseil national de transition (CNS) a élu son nouveau président à Doha, où les formations de l'opposition se réorganisaient en vue de former un gouvernement et un commandement militaire à même de représenter une alternative crédible au régime.
Au cours des dernières 24 heures, 11.000 Syriens ont fui leur pays, dont 9.000 se réfugiant en Turquie, selon Panos Moumtzis, responsable du Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés. Habituellement, quelque 2.000 réfugiés syriens sont dénombrés chaque jour.
Le nombre total de réfugiés dans les quatre pays voisins de la Syrie (Turquie, Liban, Jordanie et Irak) s'élève à plus de 408.000, a-t-il précisé.
Pour sa part, le directeur de l'Office de l'ONU pour l'aide humanitaire, John Ging, a estimé que quatre millions de Syriens auraient besoin d'aide début 2013, un chiffre "en hausse par rapport aux 2,5 millions (jusque là estimés)".
Les Etats-Unis ont annoncé avoir porté leur assistance humanitaire à la Syrie et à ses voisins à 165 millions de dollars afin d'aider, à l'entrée de l'hiver, un nombre croissant de Syriens déplacés ou réfugiés.
M. Assad veut "mourir en Syrie"
Dans une rare déclaration, M. Assad a dit se préparer à "une guerre difficile" et longue contre "tous ces pays qui se battent contre nous par procuration", citant l'Occident et des pays arabes. "Il ne s'agit pas d'une guerre civile", a-t-il martelé, mais d'une "guerre contre le terrorisme".
Rejetant toute idée d'exil, M. Assad, dont le mandat prend fin en 2014, a affirmé dans cet entretien à Russia Today tourné à Damas que "ce sont les urnes qui diront très simplement" s'il doit "rester ou de partir".
Comme tous les vendredi, des milliers de personnes ont défilé, tournant en dérision le chef d'Etat qui a également affirmé qu'il vivrait et mourrait en Syrie.
"Bachar, tu mourras en Syrie, mais tu ne seras pas enterré sur son sol, mais dans les poubelles de l'Histoire", proclamait une pancarte.
Dans la province d'Idleb (nord-ouest), théâtre de raids aériens d'une violence inouïe ces dernières semaines, des manifestants avaient écrit: "Avec tes balles tu as envoyé nos enfants au paradis, et nous, avec nos chaussures on va t'expulser en enfer".
Damas assimile rebelles et opposants à des "bandes terroristes armées" financées par l'étranger, notamment la Turquie et les pays du Golfe.
Comparant son action à celle des Russes en Tchétchénie, M. Assad a rejeté les accusations internationales de crime de guerre pesant sur son armée.
La guerre a fait depuis mars 2011 plus de 37.000 morts, selon une ONG syrienne.
L'opposition se réunit sans le CNS
Au Qatar, le CNS a élu Georges Sabra, un vétéran de l'opposition anti-Assad, ancien communiste de confession chrétienne, à la tête de la principale coalition de l'opposition.
Dans sa première déclaration à la presse, Georges Sabra, 65 ans, s'est engagé au nom du CNS à "oeuvrer, avec les autres composantes de l'opposition syrienne, à accélérer la chute du régime du criminel" Bachar Al-Assad.
Interrogé sur ce qu'il souhaitait obtenir de la communauté internationale, il a répondu: "Nous avons une seule demande, c'est de faire arrêter le bain de sang et d'aider le peuple syrien à chasser ce régime sanguinaire en nous armant". "Nous voulons des armes", a-t-il répété à trois reprises.
Dans le même temps, les différentes composantes de l'opposition étaient réunis sous l'égide du Qatar et de la Ligue arabe pour débattre d'un plan prévoyant une structure les fédérant toutes afin d'unifier l'action militaire, de gérer l'aide humanitaire et d'administrer les zones qu'elles contrôlent.
Sur le terrain, la région de Damas a été frappée par un nouvel attentat à la voiture piégée tuant cinq civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Depuis plusieurs jours, les attentats se sont multipliés à Damas et dans sa région.
Un journaliste de l'AFP a entendu de très violents bombardements sur la banlieue de Damas, l'OSDH faisant état de raids aériens sur la Ghouta orientale.
Dans le nord-est kurde, 36 soldats et 10 rebelles ont péri depuis jeudi dans des combats aux abords de Rass al-Aïn, l'un des deux derniers postes-frontière vers la Turquie encore aux mains de l'armée.
Et dans la zone tampon entre le secteur syrien du Golan et celui occupé par Israël, plus de 30 soldats et rebelles ont péri en une semaine dans cette région officiellement démilitarisée, selon l'OSDH.
Selon un bilan provisoire de l'OSDH, 114 personnes ont péri dans les violences vendredi à travers le pays, dont 53 soldats.
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