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Pakistan: flambée de violences 115 morts dans quatre attentats jeudi

Le Pakistan a connu jeudi l'une des journées les plus meurtrières de son histoire récente, pourtant déjà sanglante, avec 115 morts dans une série d'attentats visant principalement des chiites, inquiétante à quelques mois des élections générales prévues dans ce pays instable et doté de l'arme nucléaire.

L'attaque la plus dévastatrice, un double attentat suicide perpétré dans un club de billard bondé d'un quartier largement peuplé par la minorité chiite, a tué au moins 82 personnes et blessé 121 autres, à Quetta, capitale de l'instable province du Baloutchistan (sud-ouest), selon la police locale.

Cette attaque, la plus sanglante jamais menée au Pakistan contre cette minorité dont sont issus environ 20% d'une population de 180 millions d'habitants au total, a été revendiquée par les extrémistes sunnites du Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), le principal groupe rebelle anti chiite du pays.

Lié à Al-Qaïda et aux talibans pakistanais, le LeJ fut notamment impliqué dans l'enlèvement et le meurtre du journaliste américain Daniel Pearl, décapité en janvier 2002.

L'attaque dans le club de billard est également la plus meurtrière dans le pays depuis un double attentat suicide en mai 2011 fatal à 98 personnes dans un centre d'entraînement de la police dans le nord-ouest, bastion des talibans qui voulaient ainsi venger la mort, quelques jours plus tôt, de leur allié d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

Toujours à Quetta, un peu plus tôt jeudi, une première attaque à la bombe avait coûté la vie à onze personnes et fait 27 blessés sur un marché très fréquenté. L'engin explosif visait selon les autorités une unité de paramilitaires, très présents au Baloutchistan, la province la plus pauvre du Pakistan et qui borde à la fois l'Iran et l'Afghanistan.

Le quatrième attentat a eu lieu dans le nord-ouest à Mingora, capitale de la vallée de Swat, où une bombe placée au siège d'un mouvement religieux a fait 22 morts et plus de 80 blessés, a annoncé vendredi matin la police, revenant sur ses affirmations de la veille où elle avait évoqué une explosion de bouteille de gaz.

Il s'agit de l'explosion la plus meurtrière à Swat depuis 2009 et l'offensive contre les rebelles talibans qui avait permis à l'armée pakistanaise de reprendre le contrôle de cette région montagneuse stratégique proche de l'Afghanistan.

Au club de billard de Quetta, un premier kamikaze a fait exploser la charge qu'il portait sur lui avant que, dix minutes plus tard, un second ne fasse sauter sa voiture piégée devant l'établissement où avaient notamment afflué nombre de policiers, secouristes et journalistes, selon la police locale.

Parmi les tués figurent notamment neuf policiers, 3 journalistes et plusieurs secouristes, ont précisé des responsables locaux.

Selon la police, le club de billard était surtout fréquenté par des chiites. Le LeJ a revendiqué l'attaque par téléphone auprès de la presse locale.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a réagi vendredi en dénonçant "la lâcheté et l'indifférence des autorités" face aux "massacres" de chiites, de plus en plus attaqués et tués au Pakistan depuis deux ans.

Selon HRW, 2012 a été "l'année la plus sanglante" pour la minorité musulmane chiite dans l'histoire du pays avec plus de 400 morts dans des attaques.

Plusieurs de ces attaques les plus sanglantes ont eu lieu au Baloutchistan, régulièrement secoué par les violences, notamment contre la minorité chiite ou liées au conflit entre les autorités et une insurrection locale ou talibane.

La journée noire de jeudi confirme la hausse des violences observées dans plusieurs régions du pays ces dernières semaines, une tendance inquiétante à quelques mois des élections générales prévues au printemps.

Les attaques de jeudi à Quetta "sont sectaires et ne sont pas liées aux élections", a estimé un responsable de l'administration locale, Mohammad Hashim.

Mais le général à la retraite et analyste politique Talat Masood souligne de son côté que la multiplication des incidents prouve que "le gouvernement perd complètement le contrôle de la situation" et que dans ce contexte, "il va être très difficile d'organiser les élections" dans les temps.



11/01/2013
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