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Pr Blaise Sondo du RENLAC : le n’ai rien contre ousmane Guiro, c’est l’affaire que nous traitons

Pr Blaise Sondo du RENLAC : le n’ai rien contre ousmane Guiro, c’est l’affaire que nous traitons

 

 

Le Réseau national de lutte anti corruption RENLAC vient de publier son rapport sur l’état de la corruption au Burkina en 2010. Un rapport qui indique que la corruption existe bel et bien aux pays des hommes intègres. Dans l’entretien qui suit le secrétaire exécutif du RENLAC présente ce rapport      et donne son point de vue sur l’affaire Ousmane Guiro.

 

 

Zoodomail : Vous établissez chaque année des rapports sur l’état de la corruption au Burkina, celui de 2010 vient d’être publié, que peut-on-retenir de ce rapport ?

Pr Blaise  Sondo : Dans ce rapport, on peut retenir les éléments suivants. Contrairement à nos attentes, la corruption reste amplifiée dans tous les secteurs. Contrairement aussi à nos attentes, la fréquence ne régresse pas non plus au fils des années .Troisièment beaucoup d’actes de corruption sont pratiqués chaque année. Beaucoup de gens n’acceptaient pas de parler ouvertement, mais maintenant ils le font. La conséquence est bien perçue par la population puisqu’elle pense que c’est l’appauvrissement progressif du pays si rien n’est fait.

 

ZM : Quelles mesures devrait –on mettre en place pour réduire le phénomène ?

 

BS : la solution est unique. Quand un fléau comme la corruption sévit dans un pays et qu’on ne sanctionne pas ceux qui la pratiquent, il est vrai que le phénomène ne peut que gagner en ampleur. Et ce qui manque dans notre pays, c’est cette sanction exemplaire aussi bien pour les gros que pour les petits poisons de manière à ce que ceux qui ne sont pas initiés s’abstiennent et que ceux qui y sont déjà cessent de la pratiquer. Donc l’impunité est en réalité le grave problème qui fait le lit de la corruption. Si on doit faire quelque chose, il faut arrêter l’impunité. Arrêter l’impunité signifie qu’il ne faut plus protéger, les gens, qu’il ne faut pas politiser à outrance l’administration ; ça signifie aussi que le disfonctionnement de l’administration publique qui fait que  les gens cherchent des raccourcis  en provocant la corruption active doit cesser. Il  faut également que lorsqu’on prend ces mesures, qu’on informe largement les populations. Des mesures sont souvent peut être  prises, mais si elles ne sont pas popularisées, c’est comme si elles n’existaient pas. Pourtant des solutions simples existent. Il faut mettre dans les services les informations essentielles  qu’un usager est censé connaitre pour qu’un agent ne le trompe pas. Nous saisissons régulièrement des ministres de tutelle des services dans lesquels des actes de corruption ont eu cours et les solutions qu’ils prennent ne sont pas satisfaisantes. Il ne suffit pas d’affecter l’agent pour dire que le problème est résolu parce qu’il va continuer de pratiquer la corruption là où il va aller.    

 

ZM : La douane vient chaque année en tête du peloton dans vos rapports, quelles ont été vos impressions après l’arrestation et l’inculpation de l’ex directeur général des douanes Ousmane Guiro ?

 

BS : Notre sentiment est que la volonté politique de lutter contre la corruption n’existe pas. Cette volonté  ne se traduit pas que par des mesures préventives. Si lors des décisions des fausses exonérations, des décisions fermes avaient été prises de manière à blanchir ou à inculper l’intéressé peut être  que la situation dans la quelle nous  sommes actuellement n’allait pas arriver. Ces mesures auraient l’avantage de faire en sorte que des gens qui avaient l’intention s’abstiennent. Donc à son temps quand le problème s’est posé un ministre du gouvernement d’alors a décidé de s’ingérer dans le système judiciaire pour faire libérer l’intéressé et pendant ce temps le Président du Faso et le premier ministre dans leurs discours réaffirmaient leur volonté de lutter contre la corruption. C’est faute à son temps d’avoir pris des mesures qui siéent qui a encouragé la situation actuelle. Et si la présente situation ne va pas jusqu’ ‘au bout nous craignons la catastrophe pour les années à venir.

 

ZM : qu’entendez- vous par aller jusqu’au bout ?

 

BS : Aller jusqu’au bout signifie que la justice doit jouer sa partition en toute indépendance. Le législatif doit également jouer sa partition. Il ne suffit pas d’attendre une situation pour contrôler, il faut aussi vérifier la résolution de la situation. Le pouvoir politique doit en plus se convaincre que le plus souvent ceux qui font des actes crapuleux sont des gens qui se sentent immunisés comme des scorpions sur le dos de leur mère. Donc si tout le monde est mis sur le même pied d’égalité, je pense qu’il n’y aurait pas eu cette situation. Aujourd’hui le chef de l’Etat s’est vu obligé de mettre fin aux fonctions du DG des douanes, mais je pense également les textes régissant la fonction publique prévoient d’autres dispositions quand un agent est dans cette situation. On a vu récemment le cas des accoucheuses de Bobo où c’est aller rapidement. Donc nous pensons que ces mêmes dispositions doivent aussi être appliquées dans l’affaire Guiro de manière à ce que tous ceux qui impliqués ne se sentent pas les mains liées pour le résoudre. Nous souhaitons également que la transparence soit totale. Ce qui s’est passé ne me parait pas isolé. Il doit avoir des antécédents et des cas à venir. C’est faire en sorte que toutes ces situations cessent ou réduisent en ampleur.

 

ZM : L’ex DG des douanes a été limogé et inculpé ? Est-ce -que vous ne pensez pas que ça soit un début pour lutter véritablement contre la corruption ?

 

BS : ça fait depuis 1997 que nous luttons et nous pensons que c’est la même volonté politique qui existe en 2012. Ce qui est fait est bien mais nous attendons de voire car quand on écoute les commentaires, les gens se disent que ce problème n’ira pas très loin. Les gens ont l’habitude de dire que si vous mangez seul, vous partez à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou) seul. Nous ne savons pas s’il a mangé seul ou pas, donc nous ce qui est fait nous le prenons comme un acquis sur lequel nous allons nous battre pour l’élargir. Nous n’asseyons pas sur nos lauriers parce que nous sommes convaincus que nous sommes loin du dénouement final de la situation.

 

ZM : Quelle est votre attente pour la suite de cette affaire Guiro ?

BS : Nous n’avons rien contre Ousmane Guiro, personnellement, je le connais pas, je ne l’ai jamais rencontré, mais c’est le cas qui est posé que nous traitons. Donc aller jusqu’au bout voudrait signifier également que si l’intéressé n’est pas responsable  de ce qui s’est passé qu’il redevienne comme avant, mais s’il est responsable qu’il soit sanctionné comme tout  autre personne le serait. Et que tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre dans cette affaire puisent également subir les sanctions. C’est ce que nous attendons du processus en cours.

ZM : Le procureur général près l a cour d’appel de Ouagadougou parlait en conférence de presse la fois passé d’un emprisonnement ferme de 20 ans si l’ex DG des douanes est reconnu coupable, selon vous cette peine est-elle lourde ou plutôt légère ?

BS : Pour un fonctionnaire de son niveau, nous pensons que si les textes le prévoient, c’est une bonne chose parce- que des gens ont fait moins que ça et ont eu des peines au prorata de l’ampleur de leur forfait. Donc si le système judiciaire le prévoit, nous pensons que sa qualité de haut fonctionnaire de l’Etat est une situation aggravante   parce qu’à ce niveau il faut mettre le maximum de soins pour protéger la chose publique.

ZM : Votre dernier mot ?

 

BS : Nous souhaitons que cette histoire qui défrais l’actualité aujourd’hui soit perçue à sa juste valeur. Depuis que nous avons  initié la lutte contre la corruption, depuis que les institutions publiques de contrôle et de veille ont été mises en place, la Haute autorité de coordination de lutte contre la corruption, la Haute autorité supérieure des cours des comptes de même que la presse ont dénoncé beaucoup de cas. Nous disons que ces dénonciations doivent conduire les auteurs en prison ; mais nous souhaitons que quand cela concerne le bien public que ceux qui sont chargé de veille se mettent en branle. Le résultat final ne peut en ce moment être que d’orée. Soit la rumeur est fondée, soit elle ne l’est pas. Que si elle est fondée que  justice soit faite ; si ce n’est pas le cas que ceux qui ont fait courir la rumeur soient poursuivis. Nous poursuivons actuellement un projet de loi qui inclue toutes ces dispositions. Nous souhaitons également que les informateurs, ceux qui sont près à collaborer  soient protégés pour qu’un problème de corruption puisse aller jusqu’au bout. Cela participe non seulement de la prévention mais aussi de la lutte contre la corruption au Burkina Faso.

 



18/01/2012
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