Le Progrès (L.P.) : Au sortir de cette rencontre avec les femmes militantes et candidates de votre parti quelle appréciation faites-vous des actes de ces dernières ?
Ram Ouédraogo (R.O.) : Au Rassemblement des écologistes du Burkina Faso, nous avons quand même l’avantage d’être un peu organisés. Cela va faire plus de vingt ans que nous sommes là, que nous nous organisons, que nous nous battons en tant que parti politique. Les écologistes ont toujours prôné la parité homme femme. Nous n’avons pas attendu la loi sur le quota genre pour mettre les femmes en avant. Le bureau politique du RDEBF compte 9 femmes sur 20 membres. Ce qui dépasse déjà les 45%. Sur nos listes, au plan national, nous sommes déjà à 33% de femmes. Dans le Kadiogo, sur 12 arrondissements nous avons au moins 10 femmes têtes de liste.
Ce qui veut dire que nos femmes sont actives. Nous sommes des acteurs du développement. C’est-à-dire, en dehors de la question politique nous sommes sur le terrain avec les femmes. Nous octroyons même des micros crédits aux femmes pour leurs activités génératrices de revenus donc nous sommes avec nos femmes. Elles ont décidé de restituer ce qu’elles ont appris à celles qui n’étaient pas à la formation afin qu’elles soient à la même hauteur de tout le mécanisme qui accompagne les élections et qui a trait à la stratégie, aux ressources, surtout la stratégie de campagne, l’approche. Donc c’est de tout ça qu’elles veulent parler. Je crois que c’est une bonne chose et nous sommes là pour les encourager.
L.P : Quelles sont vos ambitions pour le 02 décembre ?
R.O : Gagner les élections. Il n’y a pas d’autres ambitions. Quand un parti politique va en compétition, l’ambition première c’est la victoire. Donc nous allons nous battre pour avoir ce qu’on doit avoir, ce qu’on mérite.
L .P : Le RDEBF se présente dans combien de provinces pour ces élections à venir ?
R.O : Nous avons 46 listes. Les 45 listes provinciales plus la liste nationale. Nous faisons partie des partis politiques privilégiés qui sont dans les 45 provinces.
L.P : Vous pensez qu’au soir du 02 décembre votre parti aura des élus à l’Assemblée nationale ?
R.O : Je vous ai dit tantôt que l’ambition de tout parti politique c’est la conquête du pouvoir d’Etat. Donc nous nous battons pour être à l’Assemblée. C’est le peuple qui décidera. Nous, nous sommes prêts, nous allons battre campagne, nous allons expliquer ce que nous voulons faire à l’Assemblée, dans les conseils municipaux, il appartiendra maintenant aux citoyens de décider.
L.P : Le RDEBF a-t-il coalisé avec d’autres partis ou formations politiques ?
R.O : Non, non, non !! Pas du tout !! Nous ne coalisons avec personne. Nous avons plutôt beaucoup de mouvements et associations qui travaillent dans le domaine de l’environnement qui nous soutiennent. C’est pourquoi on appelle le parti, le Rassemblement des écologistes du Burkina Faso. Sinon nous n’avons fusionné avec personne, nous ne sommes en alliance avec personne.
L.P : En faisant cavalier seul, cela signifie que Ram Ouédraogo n’a pas trouvé son compte dans ce que ces partis ou formations politiques proposent comme programme politique ?
R.O : Nous ne sommes pas en quête d’alliance. Ceux qui voulaient tisser des alliances avec nous étaient les bienvenus. Nous ne mendions pas des alliances. Du reste, nous ne sommes pas nés pour aller en alliance avec quelqu’un. Nous sommes nés pour nous battre. On a une idéologie qui est l’écologie politique et ceux qui se réclament de l’écologie politique peuvent aussi nous approcher. Ça fait déjà près de 20 ans que nous sommes là, que nous existons. On est l’un des premiers partis depuis le début du processus démocratique au Burkina. On a toujours prôné l’union avec tous les partis. Pas seulement avec les écologistes. Mais jusqu’à ce jour, nous n’avons pas eu vraiment des gens qui ont écrit d’ambition d’alliance donc peut-être que les gens s’estiment un peu forts mais nous, nous avons décidé depuis un moment de travailler tout seuls et c’est ce que nous faisons.
L.P : Quelle appréciation faites-vous du travail abattu jusque-là par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ?
R.O : La CENI a fait déjà du bon boulot. Elle a fait ce qu’elle a pu mais du reste vous savez que la CENI accompagne les partis politiques. Elle n’est pas en compétition. La CENI vient pour essayer d’arbitrer et nous aider à réussir des élections. A mon avis, la CENI a déjà fait ce qu’elle peut et il appartient aux partis politiques de jouer leur rôle. Ce n’est pas facile comme boulot. Il est aisé de critiquer la CENI. Mais je vous assure que c’est même bien la 1ère fois que je vois qu’un organe chargé de l’organisation des élections est un peu mieux organisé. Vraiment je crois qu’il y a un léger mieux par rapport à ce qui se faisait autrefois.
LP : Le Premier ministre, Luc Adolphe TIAO, a annoncé tout dernièrement que le gouvernement accompagnera tous les partis politiques prenant part à ces élections du 02 décembre dans la prise en charge de leurs représentants dans les bureaux de vote. Quel est votre avis sur le sujet ?
R.O : Il ya un peu de satisfaction. Mais ça me fait un peu rire évidemment. Nous réclamons ça depuis près d’une dizaine d’années. Nous avons même été roulés déjà par les instances chargées d’organiser les élections qui nous avaient dit à un moment donné que nous pouvions payer nos représentants contre remboursement. Cela n’a jamais été fait. Donc c’est une revendication constante. En réalité, notre problème ne se situe pas à ce niveau. En tout cas, pas pour nous écologistes. Notre problème à nous, conformément à la loi, nous devons bénéficier du soutien public de l’Etat pour les campagnes électorales.
Si les partis sont financés à temps, ils peuvent prendre en charge leurs délégués mais l’expérience que j’ai, c’est-à-dire que la CENI, le MATDS, surtout le MATDS ne donnent pas le financement aux partis politiques avant les campagnes. C’est ce qui devait être plutôt notre lutte parce que si vous attendez que la campagne s’ouvre pour donner le financement public aux partis, cela s’avère trop tard. On a besoin de ces financements deux, trois semaines avant. Si j’avais été face au Premier ministre je lui aurai dit tout simplement M. le Premier ministre ce que nous voulons, nous, c’est que dès la publication des listes des candidatures par la CENI, immédiatement que le financement des partis politiques suive. Puisque de par la loi, la CENI, 30 jours avant le déroulement du scrutin, doit publier la liste de tous les candidats aux législatives et aux municipales.
Aux élections de 2007, c’est le jour d’ouverture de la campagne que le ministère a daigné donner le financement aux partis politiques avec des chèques barrés du trésor. Vous voyez la subtilité. Il faut aller mettre ces chèques en compensation à la banque donc pendant 72h vous attendez et pendant ce temps ceux qui ont les moyens battent campagne. Ce n’est pas juste. Ce n’est pas logique. C’est bien de prendre en charge les membres de bureau de vote. Mais si on avait notre financement public conformément à la loi, on n’attendrait même pas que ça soit l’Etat qui vien donner 1000F ou 500F à nos militants. C’est cela notre problème en réalité.
L.P : Le parti au pouvoir le CDP a enregistré ces derniers temps-ci la démission de la député Sara Sérémé. Quelle est votre lecture sur la question et serez-vous prêt à accueillir Sara dans votre parti ?
R.O : Ce qui se passe au niveau d’un parti politique ne nous regarde pas. Ce sont des problèmes internes. Maintenant, j’ai un sentiment personnel parce que la député Sara Sérémé est une amie que je connais de longues dates depuis une quinzaine, voire une vingtaine d’années. Ce que je remarque c’est une battante, c’est une femme leader et à mon avis ce genre de personne-là doit être chouchoutée, choyée. Je ne sais pas qu’est-ce qui s’est passé. Je ne juge pas dans le fond mais dans la forme. Je vous assure que si demain matin, la député Saran disait qu’elle veut venir chez les écologistes, j’applaudirais des quatre mains. Je dis des quatre mains ; ça veut dire les mains, les pieds, les jambes, tout puisqu’on a besoin des femmes leaders.
Il n’y a pas beaucoup de femmes leaders au Burkina Faso qui montent effectivement à cause des pesanteurs socioculturelles. Voir qu’il y a des femmes qui s’affranchissent de tout ça, je crois qu’elles sont à encourager. Et la député Saran mérite aussi d’être encouragée à telle enseigne qu’on peut l’accueillir chez les écologistes ici, puisqu’elle aussi, elle est une actrice du développement. Elle travaille beaucoup avec les femmes à la base. Maintenant dans le fond je ne me mêle pas des histoires d’un parti politique. Je ne sais pas ce qui se passe mais pour nous, elle est la bienvenue chez les écologistes. Du reste, le jour où je la rencontrerai, je vais lui tendre la main. Si elle la prend, ce serait tant mieux.
L.P : Votre lecture sur les sanctions disciplinaires prises sur des étudiants à l’université de Koudougou ?
R.O : J’ai une conférence bientôt, ma rentrée politique et je parlerai de cette question.
L.P : Un mot sur la crise malienne ?
R.O : Evidemment, comme tout le monde je regrette fortement ce qui se passe au Mali où nous avons aussi un parti écologiste là-bas. Nous avons beaucoup d’amis, vraiment voir le pays voisin qu’est le Mali dans cette situation nous désole, nous attriste et puis je pense que ça met tout le monde en danger et donc notre souhait est que la paix revienne rapidement au Mali et que tous les Maliens, toutes les Maliennes se retrouvent pour construire le Mali.
Interview réalisée par Adama Yasser OUEDRAOGO (oueder_adams@yahoo.fr) (Stagiaire)
Le Progrès