SAKISIDA

Syrie: les attentats se multiplient, des secteurs alaouites de Damas visés

Damas était mercredi au centre des affrontements entre rébellion et troupes du régime de Bachar al-Assad, les attentats se multipliant dans le même temps dans des quartiers et banlieues peuplés en majorité par des alaouites, la minorité religieuse dont est issu le clan Assad.

A Londres, le gouvernement a annoncé que des responsables allaient s'entretenir avec la rébellion, précisant qu'il n'était pas question d'armer ces groupes mais d'ouvrir des discussions dans le but d'unir l'opposition et de mettre un terme à l'effusion de sang.

Damas, un temps éclipsée par l'ouverture fin juillet d'un front à Alep, la métropole commerçante du nord, est désormais au centre des combats, le régime tentant de la conserver pour y asseoir sa légitimité politique.

Une voiture piégée a de nouveau explosé dans la nuit dans le quartier de Qadame (sud), a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, faisant état d'un mort.

Lundi et mardi, deux attaques similaires avaient tué une trentaine de civils dans le quartier al-Wouroud de Qoudsaya, dans la banlieue ouest de Damas et dans le "secteur 86" du quartier damascène de Mazzé, deux zones peuplées en majorité par des alaouites.

Mercredi matin, trois civils ont été tués par des obus de mortier à Mazzé, qui abrite des ambassades et des centres de la Sécurité, a affirmé l'OSDH.

L'agence officielle Sana, qui a indiqué que le Premier ministre s'était rendu mercredi à Mazzé, a fourni le même bilan et imputé ces tirs à des "terroristes", terme par lequel le régime désigne les insurgés.

La communauté alaouite visée

"Les attaques à Mazzé constituent un tournant significatif, car pour la première fois la communauté alaouite, jamais été ciblée en tant que telle, est associée directement au régime et visée pour cela", a indiqué à l'AFP Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d?études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo).

Par ailleurs, de nombreux fonctionnaires vivent à Qoudsaya. "On cherche à viser le régime à travers ses employés", souligne M. Balanche.

Lundi, un kamikaze du Front islamiste Al-Nosra, présent désormais sur la quasi-totalité des fronts aux côtés des rebelles, avait lancé sa voiture piégée contre une position militaire à Hama (centre), tuant 50 personnes.

"Ces attaques sont un coup de pub, au moment où le Conseil national syrien (CNS, opposition) est réuni à Doha. Al-Nosra par exemple prouve son efficacité à l'Arabie saoudite et aux milieux conservateurs saoudiens qui le financent", explique le spécialiste de la Syrie. "L'idée est de dire +le CNS ne sert à rien, la preuve nos attentats sont plus efficaces+".

A proximité, le quartier de Hajar al-Aswad et le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk étaient en proie à de violents combats entre rebelles et combattants des comités populaires palestiniens, alliés du régime.

Selon le quotidien al-Watan, proche des autorités, l'armée a entamé une vaste opération "pour libérer les civils, otages des milices de l'ASL et pour protéger le camp Yarmouk, cible d'attaques terroristes".

Ailleurs dans le pays, le régime mise sur son aviation, son principal atout face à des rebelles équipés d'armes légères, et multiplie les raids aériens meurtriers, notamment autour de Damas.

Selon un premier bilan de l'OSDH, 22 personnes, dont 13 civils, ont été tuées mercredi.

Les Britanniques rencontreront les rebelles

Des responsables ont insisté sur le fait que ces groupes seraient appelés à respecter les droits de l'Homme, alors que de récentes vidéos montrant des exactions commises par les forces pro et anti-régime ont suscité des condamnations.

Mercredi, le Premier ministre britannique David Cameron a visité un camp de réfugiés syriens en Jordanie.

De son côté, le CNS, principale coalition de l'opposition actuellement réunie au Qatar pour évoquer sa refondation, a exprimé l'espoir de voir le président américain Barack Obama, réélu mercredi, placer la Syrie en tête de ses priorités.

Les relations du CNS, longtemps considéré comme un "interlocuteur légitime", se sont récemment tendues avec l'administration américaine qui lui reproche son manque de représentativité.

Pour répondre à ces critiques, le CNS a annoncé s'être élargi à 13 nouveaux groupes d'opposition, et va participer jeudi à une réunion avec d'autres opposants qui examinera la création d'une nouvelle direction proposée par l'ancien député en exil Riad Seif.

De son côté, le pape Benoît XVI a lancé un "appel" pour une solution de paix qui mette fin à "l'immense souffrance" des Syriens, indiquant qu'il avait envoyé un émissaire au Liban à la place d'une mission de cardinaux prévue en Syrie.




07/11/2012
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