SAKISIDA

Une deuxième femme derrière la démission du chef de la CIA

Des emails "menaçants" adressés par sa maîtresse à une seconde femme ont conduit à la démission surprise, il y a deux jours, du patron de la CIA David Petraeus pour relation extraconjugale.

La classe politique américaine continuait de son côté à demander des explications sur le calendrier de l'enquête, ses répercussions ou d'éventuelles atteintes à la sécurité nationale derrière une affaire d'adultère.

"Il n'y a eu aucune atteinte à la sécurité nationale. A ce jour, il n'y en a pas eu", a affirmé dimanche sur Fox News la présidente de la commission du renseignement du Sénat américain, la démocrate Dianne Feinstein.

M. Petraeus, en poste depuis à un peine plus d'un an à la tête de l'agence de renseignements, a annoncé vendredi avoir présenté jeudi sa démission au président Barack Obama, qui l'a acceptée le lendemain.

"Après plus de 37 ans de mariage, j'ai fait preuve d'un énorme manque de jugement en m'engageant dans une relation extraconjugale. Un tel comportement est inacceptable à la fois comme mari et comme dirigeant d'une organisation comme la nôtre", avait-il expliqué dans un message aux employés de l'agence.

La presse américaine a rapidement découvert que sa maîtresse était Paula Broadwell, qui a eu 40 ans vendredi. Cette ancienne militaire a passé un an en Afghanistan pour écrire une biographie du général: "All In: The Education of General Petraeus" (non traduit).

Le FBI a découvert la liaison, aujourd'hui terminée, en enquêtant sur des emails "menaçants" de Mme Broadwell adressés à une autre femme qui, effrayée, a demandé la protection du FBI, selon les médias.

Cette dernière, a affirmé dimanche l'agence AP, se nomme Jill Kelley. Elle a 37 ans, habite Tampa, en Floride, et assurait la liaison entre le département d'Etat et le Commandement interarmes des opérations spéciales (JSOC) --basé à Tampa-- et serait une amie de longue date du général.

L'enquête est ensuite remontée jusqu'à M. Petraeus, qui aurait été interrogé par le FBI "il y a deux semaines", selon des responsables policiers au Washington Post.

Questions sur l'enquête

Selon le New York Post citant un responsable gouvernemental, les emails comprenaient des phrases comme: "Je sais ce que tu as fait, va-t-en, éloigne-toi de mon mec".

Mme Broadwell, mariée à un médecin radiologue, vit à Charlotte (Caroline du nord) et a deux jeunes fils.

Le New York Times avait auparavant indiqué que les deux femmes avaient semblé "rivaliser pour la reconnaissance (de M. Petraeus), si ce n'est son affection".

Selon le Washington Post, Paula "ressentait l'existence de cette femme comme une menace à sa relation avec Petraeus".

Mais outre l'affaire d'adultère, la classe politique s'interrogeait sur l'enquête.

Peter King, haut responsable républicain de la commission de la sécurité nationale à la Chambre des représentants, a affirmé sur CNN "se poser des questions sur toute l'affaire, sur comment ces emails sont parvenus au FBI, comment le FBI a enquêté si longtemps, alors que le général Petraeus était impliqué. Le FBI aurait dû en parler au président, et maintenant il semble qu'en fait le FBI n'a réalisé que le jour de l'élection que le général était impliqué".

A l'inverse, pour Robert Menendez, sénateur démocrate du New Jersey (est), "la chaînepaula

des événements est claire". "A moins que l'on apprenne autre chose, je ne vois absolument pas de conspiration derrière chaque porte", a-t-il dit.

Pour Mme Feinstein, il n'y a "absolument pas" de lien entre la démission du patron de la CIA et l'attaque contre le consulat américain le 11 septembre à Benghazi (Libye).

L'ancien directeur de la CIA devait être entendu jeudi par des parlementaires sur le dossier mais a depuis été remplacé par Mike Morrell, qui assure l'intérim.

La sénatrice a néanmoins indiqué que M. Petraeus "pourrait bien" être appelé à témoigner.

La gestion de cette attaque par l'administration Obama ne cesse depuis de faire polémique.

Elle a par ailleurs indiqué que sa commission allait enquêter pour savoir pourquoi le FBI n'avait pas informé cette dernière de l'affaire Petraeus: "Nous aurions dû être informés, il s'agit de quelque chose qui aurait pu avoir un effet sur la sécurité nationale".



11/11/2012
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