SAKISIDA

ASCE, Ministre des Affaires Etrangères, ambassade du Burkina à Paris : Poker menteur à Ouagadougou

Ce que l’on pourrait appeler l’affaire Joseph Paré continue de défrayer la chronique. Et pour cause, après avoir été cité dans un rapport de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ACSE) du temps où il était ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, le Professeur Joseph Paré dont la démission avait pourtant été annoncée à grands renforts médiatiques par le ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale, Djibril Bassolé, puis commentée par son collègue de la communication et porte-parole du gouvernement, vient de s’exprimer dans les
colonnes du quotidien Le Pays.

 

Rappelons que dans cette affaire celui qui, à l’évidence, occupe toujours le fauteuil d’ambassadeur du Burkina à Paris est soupçonné d’avoir trempé dans des malversations qui se chiffrent à 268 millions de FCFA.

Dans ledit rapport, il est nommément demandé à l’ex-ministre comme à bien d’autres de bien vouloir se plier au remboursement des sommes en question. En tout état de cause, l’on s’attendait légitimement à ce que le Professeur regagne sa base. Surtout après les aveux à peine voilés de la diplomatie burkinabè sur ce dossier.

Mais à l’évidence, c’était mal connaître les mœurs politiques sous nos cieux. Ces mœurs qui continuent d’avoir la peau dure. Car non seulement l’intéressé est toujours en poste, mais en plus il ne semble nullement inquiété.

En tout cas pas au vu de l’interview qu’il nous a été donné de lire. Face aux questions directes, précises, et insistantes du journaliste, Joseph Paré s’est refugié dans un silence des plus assourdissants. Préférant dit-il, laisser le soin à la presse et à ceux qui le souhaitent de dire ce qu’ils ont envie de ‘’raconter’’.

A mon avis c’est une interview à lire et à relire dans les écoles de journalisme. Car elle comporte beaucoup de leçons à tirer en matière de gouvernance publique. En tout cas l’ambassadeur feint de n’être au courant de rien. Pas même au sujet de sa propre démission, qui aurait, selon les informations reçues à ce sujet, été refusée par le Président du Faso !

On comprend mieux à présent les raisons pour lesquelles la lutte pour la moralisation de la vie publique décrétée par Luc Adolphe Tiao a rapidement fait machine arrière. Et ce, après avoir donné l’impression qu’elle était enfin prête à se mettre sur les bons rails. Dans de telles conditions, comment l’administration publique peut-elle se sentir crédibilisée, renforcée dans son labeur et dans son image, s’il y a autant de contradictions, voire de remises en cause de son action ? Lorsque des forces contraires bloquent à longueur de journée toute perspective d’évolution positive !

Doit-on comprendre in fine que l’ASCE et le Ministère des affaires étrangères et de la coopération régionale ont eu tort dans cette affaire de mauvaise gestion des finances publiques ? Que l’une ou l’autre n’a pas été à la hauteur par rapport aux éléments en sa possession ? Difficile à croire.

A quoi servent-donc toutes ces institutions nombreuses et budgétivores si leurs décisions ou rapports ne sont pas appliqués ? On ne le répètera jamais assez, la multiplicité des agendas cachés est un véritable frein à l’efficacité de l’administration publique au Burkina. En sus bien évidemment de sa trop grande politisation. Ce qui fait la parte belle aux effets de cour dont on
connaît les effets pervers sur l’ensemble de la chaîne.

Et pendant que nous y sommes pourquoi ne pas s’inspirer des bons modèles. Ceux qui marchent et produisent de bons résultats !

Le weekend dernier nous faisions ainsi partie d’un groupe de journalistes invités à la résidence de l’ambassadeur du Japon au Burkina. En fin de mission après trois ans en demi passés dans notre pays, Sutomu Sugiura et son épouse ont tenu à échanger avec la presse nationale autour d’un déjeuner. Et je dois reconnaître qu’en fait d’échanges, nous avons eu droit à une exégèse de ce que peut-être la « diplomatie d’objectifs » prônée par Tokyo.

Dans un monde où la concurrence est rude, les japonais nous apprennent par le biais de leur culture et du travail bien fait et de la recherche permanente de l’excellence, qu’il n’y a pas de place pour le tâtonnement. Encore moins pour l’amateurisme. En d’autres termes, il faut mettre l’Homme qu’il faut à la place qu’il faut, et au moment opportun.

J.SOME



31/01/2013
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