SAKISIDA

Devant le Tribunal : l’enseignant vacataire et le faux diplôme

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Poursuivi pour  faux en écriture privé et usurpation de titre, sieur Amidou a comparu devant le TGI Ouaga 1 dans la matinée du lundi 29 novembre 2021 pour s'expliquer. Il lui est notamment reproché d'avoir usé de faux diplômes pour se faire recruter en qualité d’enseignant vacataire au complexe scolaire Le Bon Berger de Ouagadougou.

Si seulement il savait que les documents qu'il utilisait pour se faire recruter comme enseignant vacataire au complexe scolaire Le Bon Berger allait lui créer des ennuis des années après, sieur Amidou se serait certainement abstenu. Accusé d'avoir usé de faux diplômes pour se faire recruter en tant qu'enseignant au complexe scolaire Le Bon Berger, il nie les faits à la barre ce matin. Tout remonte selon ses  explications, à il y a 23 ans. Et plus précisément à 1998, où il avait  été appelé par le fondateur du complexe scolaire Le Bon Berger pour servir  en tant qu'enseignant vacataire de langue au second cycle. A cette époque là, soutient-il, il n'avait que le BEPC mais effectuait  une formation en Langue au Centre Américain des langues. N'ayant pas le diplôme requis, il aurait signalé cela au fondateur qui aurait quand même décidé de le maintenir au vu de ses compétences et en attendant son attestation de formation dans ledit centre. C'est donc ainsi, explique le prévenu, qu'il a servi pendant seize ans dans cette école avant d'être licencié en 2014.  Ainsi, même s'il reconnaît n'avoir pas le diplôme  du baccalauréat requis pour l'enseignement, il affirme avoir les compétences et c'est d'ailleurs pour cela qu'il a été maintenu dans l'établissement. Et de confier que l’attestation de fin de formation qu'il a acquis est bien authentique et lui a  été remise  par le centre Américain des langues. Ce n'est pourtant pas la version que donne le représentant de l'établissement le Bon Berger, victime dans cette affaire. Selon les explications de celui-ci, sieur Amidou a bel et bien usé de faux documents pour tromper la vigilance des responsables de l'établissement. Et c'est en 2014 qu'ils ont découvert la supercherie. Ce qui a attiré leur attention, c'est le fait que toutes les fois où il était demandé à l'enseignant d'apporter des documents, il leur fournissait deux attestations en leur promettant d'envoyer le reste des diplômés plus tard. Et ce fut ainsi jusqu'en 2014 où ils ont finalement compris qu'il n'avait pas le diplôme requis pour occuper son poste. Alors, ils ont décidé de se séparer de lui mais cela, non pas sans avoir pris sur eux le soin de vérifier l'authenticité des attestations qu'il avait fourni. Ils ont donc appelé le centre Américain des langues qui a effectivement confirmé leurs soupçons. Le centre après vérification a en effet confié ne pas avoir retrouvé le nom de sieur Amidou parmi le registre des  diplômés de leur établissement. Et de souligner que le document que possède le détenu, loin d'être un diplôme est juste un certificat de scolarité au centre. Sieur Amidou a donc bel et bien usé de faux documents pour se faire recruter, laisse-t-il entendre.

« J’ai toujours fait de bons résultats »

A ce stade de ses explications, le  Tribunal ne cache pas sa stupéfaction. Et justement, il dit trouver  assez étonnant que pendant toutes ces années, les premiers responsables n'aient pas pu découvrir le secret de leur employé. « Avez-vous l’habitude d’évaluer la compétence de vos enseignants dans votre établissement? Si oui, quel retour avez-vous du travail du détenu durant toutes ces années?», l'interroge le juge. En réponse à cette interrogation, le représentant confiera que certains parents d'élèves se plaignaient effectivement du rendement de leurs enfants. Une déclaration qu’a contesté vivement sieur Amidou.  « Il ne dit pas la vérité. Si j'ai été retenu pendant toutes ces années, c'est parce que j'ai toujours fait de bons résultats. J’étais même cité en exemple parmi les enseignants. Ça  m'a même valu d'être choisi comme délégué du personnel de l'établissement» confie-t-il tout en soutenant que c’est  d’ailleurs ce rôle délégué  qui a entraîné son licenciement. « Étant délégué du personnel, j’étais chargé de poser les problèmes des autres enseignant aux responsables de l’établissement et ça gênait. C’est pourquoi ils m’ont licencié» se défend t'il, soutenu par son avocat pour qui, son client ne peut être condamné pour ces faits d'autant plus que les responsables de l'établissement eux même y sont impliqués. Pour lui, sieur Amidou doit tout simplement être déclaré non coupable et relaxé pour infraction non constituée ou au cas échéant il a souhaité que la peine qui lui sera attribuée soit assortie d'un sursis.

Ce n'est cependant pas de l'avis du parquet. Pour lui, le prévenu est bel et bien coupable et mérite une correction.  Il a  requis contre lui une peine de  36 mois de prison dont 12 fermes et une amende de 1 million ferme.

Le délibéré de cette affaire est pour le 13 décembre prochain.

Image illustrative

Georges TOE-Zoodomail



30/11/2021
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