SAKISIDA

Affaire Norbert ZONGO: Le PM ZIDA dans l’embarras

zidaLe 13 décembre 1998, alors que le Président du Faso, Blaise COMPAORE, était en voyage au Soudan, le journaliste Norbert ZONGO a été sauvagement assassiné non loin de Sapouy, chef-lieu de la Province du Ziro, à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Malgré la mise en place d’une commission d’enquête indépendante (CEI) présidée par l’actuel président de la Cour constitutionnelle, le magistrat Kassoum KAMBOU à l’époque haut responsable du MBDHP (Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples), le mystère reste entier. A la faveur du vent de la Transition qui souffle sur le Faso, les Burkinabè se sont mis à rêver que cette affaire soit élucidée.

Pour permettre de clarifier au plus vite, les circonstances de la mort de Norbert ZONGO, Directeur de publication de l’hebdomadaire l’Indépendant, une commission d’enquête indépendante dotée de tous les moyens matériels et financiers a été créée par « Décret n° 98-0490/PRES/PM/MEF/DEF/MJ-GS/MATS du 18 décembre 1998, Modifié par le Décret n° 9001/PRES/PM/MEF/MJ-GS/MATS du 7 janvier 1999 ». Composée de onze membres dont l’actuel président du Conseil national de Transition Moumina Chériff SY, du président de l’ONG de défense des journalistes Robert MENARD, elle était présidée par le représentant du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) et actuel patron de la Cour Constitutionnelle, KAMBOU Kassoum.

La Commission d’Enquête Indépendante avait pour mission « de mener toutes investigations permettant de déterminer les causes de la mort des occupants du véhicule 4 x 4 immatriculé 11 J 6485 BF, survenue le 13 décembre 1998 sur l’axe routier Ouagadougou (province du Kadiogo) – Sapouy (province du Ziro), dont le journaliste Norbert ZONGO. » Elle disposait de quatre mois pour déposer les conclusions de ses investigations. Sur le fondement des articles 7 et 8 du décret du 18 décembre 1998, la Commission s’est dotée de larges pouvoirs. Ainsi, aux termes de l’article 22 de son règlement intérieur, elle pouvait « recevoir des dénonciations, procéder à des auditions, demander tous documents, convoquer toute personne, requérir toutes perquisitions et saisies utiles à la conservation des preuves, effectuer tous transports sur les lieux, requérir toutes expertises qu’elle jugerait utiles. » Au terme de ses travaux le 6 mai 1999, elle a rendu sa copie avec cinq recommandations au Gouvernement. La première demande qu’« une suite judiciaire soit donnée aux résultats de l’enquête et que des moyens matériels et financiers suffisants soient alloués au magistrat chargé de ce dossier ». Le Président COMPAORE a exécuté à la lettre cette exhortation, puisque le juge Wenceslas ILBOUDO a été commis à cette tâche avec un budget conséquent. A la fin de ses travaux, le juge d’instruction a abouti à un non-lieu prononcé le  mardi 18 juillet 2006 mardi. Un acte judiciaire considéré par les « assoiffés » de justice comme un refus de rendre de rendre justice au célèbre journaliste. Depuis toutes les occasions sont bonnes pour porter la charge sur le régime du Président COMPAORE. La justice étant pour eux aux ordres, l’acte de non-lieu est l’aboutissement de pressions faites sur le troisième pouvoir. Et depuis, l’on attendait que de nouveaux éléments tangibles permettent la réouverture du dossier.

Une promesse restant en travers de la gorge

Alors est survenu le changement politique avec l’avènement du pouvoir de la Transition en qui tous les espoirs sont placés et qui a donné à croire qu’il est dans de bonnes dispositions et est dopé de la détermination qu’il faut pour affronter et évacuer les dossiers brûlants de la République. En bonne place figure ce dossier Norbert ZONGO qui va nourrir les élans populistes du Premier ministre de la Transition voulant se faire un nom et une place dans le cœur de ces nombreuses organisations dites de la société civile qui ont suscité son accession au pouvoir.

Ainsi, lors de la commémoration du seizième anniversaire de cette tragédie le 13 Décembre 2014 à la Place de la Nation, Yacouba Isaac ZIDA s’est invité au meeting et bien que n’ayant pas été annoncé pour livrer un message, il s’est vu « obligé  » sous la pression amicale de ses contemplateurs, de prendre la parole. L’occasion venait à propos pour l’homme qui avait besoin d’une telle tribune pour se faire mousser et alors celui-ci de faire sienne cette pensée du sinistre Adolph HITLER qui dit : «Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues.» Il va alors dire ce que voulaient entendre ses contemplateurs. «Le peuple souverain a demandé à ce que je parle ; alors, je ne vais pas me dérober. Je suis venu ce matin avec quelques membres du gouvernement, pour entendre ce que le peuple veut. Le message est très clair : le peuple veut la justice. Alors, je puis vous assurer que justice sera rendue au camarade Norbert ZONGO». Lancera-t-il à un auditoire qu’un tel discours ne pouvait ne pas électriser et qui le lui rendra bien dans une fièvre d’ovations qui l’amènera à se lâcher : « Justice sera rendue à tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines de Blaise COMPAORE. Nous allons y travailler  ». Des propos qui font se demander si le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac ZIDA qui s’est exprimé est différent de celui qui a accédé au pouvoir par la volonté de ses frères d’armes du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) dont il était Chef du renseignement au moment de la commission du quadruple meurtre de Sapouy. En toute logique, il est une personne ressource d’importance dans la gestion de ce dossier d’autant qu’il est censé avoir des informations croustillantes pour la justice surtout que six membres de son régiment ont été désignés comme des « suspects sérieux  ». En tout cas, sa position est délicate. Par quelque bout que l’on prendrait ce dossier fortement politisé, le Premier ministre ZIDA dont la famille d’arme est indexée jouera un rôle déterminant soit pour encore enfoncer cette famille ou alors la blanchir. Mais déjà que lui-même a maille à partir avec cette justice interpellée consécutivement à l’affaire de son fameux immeuble de Ouaga 2000 sa crédibilité écornée laisse perplexe quant à quelque apport il verserait au dossier. Toujours est-il que le peuple veut la justice et ZIDA pourrait y contribuer. N’a-t-il pas promis qu’avec son gouvernement, ils vont «y travailler».

Ahmed NAZE

L’Opnion



14/03/2015
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