SAKISIDA

Algérie: dénouement sanglant de la prise d'otages

 Des islamistes ont tué leurs sept derniers otages étrangers avant d'être abattus dans un assaut samedi de l'armée algérienne qui a mis fin à l'une des plus spectaculaires prises d'otages internationales des 10 dernières années, selon un média officiel.

D'après une source gouvernementale, les autorités algériennes devaient publier en soirée un communiqué sur la fin tragique de la prise d'otages par un groupe islamiste proche d'Al-Qaïda sur le site gazier d'In Aménas, à 1.300 km au sud-est d'Alger dans le Sahara.

Alors que des pays occidentaux se sont inquiétés de l'opération algérienne, le président français François Hollande a estimé que l'Algérie avait eu "les réponses" les "plus adaptées" car "il ne pouvait y avoir de négociation" avec les ravisseurs.

Le groupe "Signataires par le sang" de l'Algérien Moktar  Belmokhtar avait pris mercredi des centaines d'Algériens et des dizaines d'étrangers en otages sur le site gazier, en disant que cette opération était menée notamment en représailles à l'intervention militaire française au Mali qui bénéficie d'un soutien logistique d'Alger.

Après le lancement de l'assaut militaire algérien jeudi, la majorité des otages ont réussi à retrouver la liberté, d'autres ont été blessés ou sont morts. Mais il était difficile d'établir un bilan global précis.

Une source sécuritaire algérienne a néanmoins annoncé qu'"il y a eu entre 25 et 27 otages étrangers et algériens tués" depuis mercredi.

Lors de l'assaut final donné en milieu de matinée, "l'armée a abattu 11 terroristes et le groupe terroriste a assassiné sept otages étrangers", a précisé la télévision d'Etat.

Les nationalités des otages tués n'étaient pas connues dans l'immédiat. Les ravisseurs avaient fait état de trois Belges, deux Américains, un Japonais et un Britannique encore retenus. Bruxelles a toutefois dit ne disposer d'aucune indication sur le présence de Belges parmi les otages.

Etrangers portés disparus

Vendredi, la même source sécuritaire algérienne avait fait état de la mort de 18 ravisseurs et de la libération d'une centaine d'otages étrangers sur un total de 132, ainsi que celle de plus de 570 Algériens, depuis le début de la prise d'otages condamnée par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Parmi les otages confirmés morts jusqu'à vendredi figurent notamment des ressortissants de France, des Etats-Unis, de Roumanie, de Grande-Bretagne et d'Algérie.

Londres a dit que "moins de dix Britanniques restent en danger ou portés disparus". Le sort de six Norvégiens reste inconnu. Tokyo a indiqué avoir reçu d'Alger "une information grave" après avoir dit être sans nouvelles de dix de ses ressortissants.

Selon le Britannique BP qui gère le site avec l'Algérien Sonatrach et le Norvégien Statoil, quatre de ses employés sont toujours portés disparus.

Le photographe de l'AFP a vu passer samedi un camion à bord duquel se trouvaient cinq cercueils qui se dirigeait vers l'hôpital d'In Aménas, où sont soignés les blessés.

En fin d'après-midi, des diplomates britanniques à bord de 4X4 ont pénétré dans le bâtiment, suivis de journalistes de la télévision publique. Les rares autres, dont l'AFP, ont été interdits d'entrée.

D'après des "sources jihadistes" citées par l'agence mauritanienne ANI, le commando était dirigé par Abdelrahmane, dit "le Nigérien", et était composé d'une quarantaine de personnes venues du Niger et originaires d'Algérie, d'Egypte, du Niger, du Tchad, de Mauritanie, du Mali et du Canada.

Selon ces sources, Belmokhtar proposait à Paris et Alger de négocier pour "l'arrêt de la guerre livrée par la France" au Mali. Il voulait aussi "échanger les otages américains" contre l'Egyptien Omar Abdel-Rahman et la Pakistanaise Aafia Siddiqui, emprisonnés aux Etats-Unis pour terrorisme.

"Enveloppés d'explosifs"

Plusieurs des rescapés ont raconté leur calvaire. Selon l'épouse d'un Philippin blessé, Ruben Andrada, les otages ont été enveloppés d'explosifs et installés dans des camions piégés.

"Ils lui ont mis une bombe sur lui, comme un collier", a dit Edelyn Andrada. "Heureusement, elle n'a pas fonctionné. Les bombes dans les autres véhicules ont été déclenchées et des gens sont morts".

Un autre rescapé philippin, Jojo Balmaceda a raconté avoir été ligoté puis jeté dans un camion avec d'autres otages japonais et malaisiens.

Face aux critiques étrangères sur la façon dont a été mené l'assaut, une source gouvernementale algérienne a estimé qu'il avait été mené dans des conditions "extrêmement complexes", et avait évité un "véritable désastre".

Elle a expliqué que le groupe était doté d'un arsenal de guerre constitué de missiles, lance-roquettes, grenades, fusils-mitrailleurs et fusils d'assaut.

Une opération de déminage des installations de l'usine de gaz, où étaient retenus les derniers otages, est en cours, a annoncé l'Algérien Sonatrach qui gère le site avec le Norvégien Statoil et le Britannique BP. "L'usine a été minée dans le but de la faire exploser".



19/01/2013
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