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Annulation du test d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats : Le Pr. Filiga en est le responsable, selon des candidats

A la veille de la tenue de l’examen d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina, le gouvernement décidait de l’annuler. Pour des raisons de sécurité. Depuis, les 191 candidats qui devraient composer sont désemparés et appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités. Nous avons reçu une délégation des candidats à notre rédaction, ce 17 mars. Sans aller du dos de la cuillère, ils accusent le ministre des enseignements secondaire et supérieur, d’être à l’origine de l’annulation du concours.

Annulation du test d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats : Le Pr. Filiga en est le responsable, selon des candidats

Le test d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina (CFPA-BF) devait se tenir les 7 et 8 mars 2014. 191 candidats devaient prendre part à cet examen. Pour ce faire, ils ont tous payés la somme de 25 000 f CFA. Mais la veille, alors que les candidats avaient « les têtes dans les codes et recueils », ils apprenaient l’annulation du test pour des raisons de sécurité.
Le jour de la composition, ils se rendent à L’Ecole nationale de l’administration et de la magistrature(ENAM), pour comprendre davantage. « Nous avons vu des correspondances échangées entre Mme la ministre de la justice et le bâtonnier. A la lecture de ces correspondances, on s’est rendu compte que Mme le ministre avait purement et simplement donné des injonctions au bâtonnier dans le sens de suspendre le test, au prétexte qu’il y avait des risques de débordement et que le gouvernement de la transition ne pouvait pas assurer la sécurité des 291 candidats », soutient Jean-Patrice Yaméogo, un candidat.
Les raisons sécuritaires qu’avance le gouvernement sont consécutives à la manifestation qui a eu lieu devant le ministère de la justice pour exiger la suspension de l’examen. Toujours selon Jean-Patrice Yaméogo « Le jeudi 5 mars, deux candidats qui étaient inscrits régulièrement au concours avait introduit un recours devant le tribunal administratif pour attaquer la délibération du barreau qui invitait les candidats à venir s’inscrire pour prendre part au concours. (…) pour des raisons de santé d’un membre du tribunal, un commissaire du gouvernement, la juridiction n’a pas pu se tenir. Au lieu d’attendre la tenue du procès, nos camarades ont préféré aller sortir les étudiants de 1ère et 2e année, pour faire du tapage au ministère de la justice. C’est face à cette pression de la rue, que Mme le ministre a décidé tout simplement de suspendre le test d’entrée ».
Pour les frondeurs, il n’est pas question de payer 25 000 f CFA pour prendre part à l’examen d’entrée au CFPA-BF. En plus, la somme de 750 000 f requise pour la formation de 18 mois au centre, est excessive selon eux. Pour finir et selon nos interlocuteurs, les frondeurs exigent que le diplôme (Certificat d’aptitude à la profession d’avocat) qui doit être délivré à la fin des études au centre, soit plutôt délivré avant.

Le Pr. Michel Filiga Sawadogo indexé

Les candidats qui attendent toujours de composer appellent le gouvernement à prendre ses responsabilités. Selon eux, les raisons de sécurité avancées ne sont pas fondées. « Nous ne pensons pas que l’Etat burkinabè soit aussi démuni d’autorité, pour ne pas pouvoir assurer la sécurité de 291 candidats. La vraie raison, c’est qu’il y a des gens dans ce gouvernement qui travaillent à barrer la route à la jeunesse. Même s’il y a un problème de droit, il appartient à la juridiction compétente de trancher le litige », a ajouté le candidat Yaméogo qui précise par ailleurs qu’à l’issue de l’annulation, ils ont rencontré les différents « protagonistes ».
Ainsi, le barreau s’est dit prêt à organiser le concours pour s’inscrire dans la légalité. Le ministre de la justice, Joséphine Ouédraogo, elle, n’a pas daigné recevoir les candidats. En rencontrant les étudiants frondeurs, les candidats disent s’être rendus compte qu’ils étaient instrumentalisés. Dans les concertations, les candidats ont aussi rencontré le ministre des enseignements secondaire et supérieur, le Pr. Michel Filiga Sawadogo. Pourquoi ? A cette question, Jean-Patrice Yaméogo et ses camarades ne tergiversent pas. C’est lui le nœud du problème. « Nous avons appris ce qui s’était passé lors du conseil des ministres et quelle était sa position vis-à-vis du test d’entrée. Nous sommes allés nous nous rassurer. En même temps, les frondeurs criaient urbi et orbi que c’est le Pr. Filiga qui est leur mentor. Etant le père spirituel des frondeurs, quoi de plus normal que de le rencontrer. Et là, il nous a clairement dit que le test d’entrée n’est pas pour demain ».
Pour Edouard Hebié, il ne fait l’ombre d’aucun doute que c’est le ministre des enseignements secondaire et supérieur qui a été à l’origine de la suspension de l’examen. « Il a essayé de nous faire croire qu’en France, les postulants au CAPA, lorsqu’ils réussissent à l’examen d’entrée vont déjà au centre avec le diplôme. Pourtant, Ce n’est pas le cas, et cela peut être vérifié », argumente-t-il avant de regretter certains propos qui sont de nature à jeter l’anathème sur certaines personnalités du barreau, « quand on dit que ce n’est pas normal que certains bâtonniers soient milliardaires et que l’examen est organisé en faveur des enfants de riche… ».
De l’avis de Edouard Hebié, c’est juste une campagne de désinformation et de désintoxication, parce que les candidats qui devraient concourir n’étaient pas forcements plus nantis. « Je ne sais pas ce que le Pr. Filiga a contre les avocats, et même que nous ne sommes pas encore avocats », renchérit Jean Patrice Yaméogo qui rempile, que ce n’est pas de gaité de cœur qu’on paie 750 000 pour se former. « Soit l’Etat s’est désengagé dans la formation des avocats et dans ce cas, on laisse ceux qui veulent travailler, le faire. Le centre est pris en charge uniquement par le barreau qui n’a pas les moyens et qui fixe les montants. Personne ne veut accompagner le centre, qu’on laisse ceux qui veulent travailler, le faire ».

Appel à la légalité par la tenue du test

Les candidats, malheureux avant même la composition invitent le gouvernement à prendre ses responsabilités pour leur permettre de composer l’examen d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats du Burkina, un droit selon eux. L’exercice de la profession d’avocat comme le veut d’ailleurs la loi 16/2000 portant l’organisation de la profession d’avocat, de même qu’avec le code judicaire, doit être précédé d’une formation dans un centre de formation professionnelle. Les candidats pour la session de 2015 devraient être la première promotion d’avocats encadrés dans le centre.
« Nous ne dormons pas et nous sommes prêts à nous battre pour que ce texte d’entrée au centre soit une réalité. Est-ce que nous ne sommes pas des Burkinabè ? Si les textes sont défaillants, il faut travailler à les corriger avec le temps », a conclu Jean-patrice Yaméogo.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net



19/03/2015
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