Les échanges entre les candidats « favorables » pour la tenue du test d’entrée au Centre de formation professionnelle des avocats avec le ministre des Enseignements secondaires et supérieurs ont duré près d’une heure. Et c’était sans ambages. Toutefois le ministre n’a pas caché sa déception quant aux accusations - pire dans la presse - que lui ont faites ses candidats. Il reconnait néanmoins avoir reçu des étudiants pour parler de concours. « Je ne leur ai jamais dit que je peux faire ceci ou cela. Je leur ai tout simplement dit que l’important pour moi est que le concours soit organisé de façon régulière et, si possible que le nombre de candidats soit accru. Parce qu’à mon sens, avec une population de 17 à 18 millions d’habitats, il doit avoir plus d’avocats », a-t-il dit.
Ces précisions ont intrigué ses interlocuteurs qui ont posé la question pour savoir concrètement le sujet abordé avec ce groupe d’étudiants. Parce que, « explique Jean Patrice Yaméogo, il a été dit que vous avez dit que la reprise n’est pas pour bientôt ». Michel Filiga Sawadogo dit ne pas se souvenir d’avoir dit cela. « Je ne pense pas avoir dit cela pour des raisons forts simples », dit-il. Il poursuit malgré tout en disant qu’en tant que professeur, il n’intervient en aucune façon dans la reprise. Autant que lui, les candidats connaissent bien les trois parties qui interviennent dans l’organisation du CAPA. Ce sont : le barreau qui prend l’initiative, le ministère de la Justice, et enfin l’UFR-SJP qui donne les épreuves. C’est la raison pour laquelle le ministre dit ne pas se reconnaitre dans ces propos.
Pourtant, les candidats disent avoir bien l’entendu de la « bouche » du ministre Filiga Michel Sawadogo. Jean Patrice Yaméogo rappelle d’ailleurs que : « nous avons demandé si c’était normal que dans un Etat de droit des individus usent de violence pour empêcher la tenue d’un test. Vous avez donné une réponse assez exhaustive et vous avez bien dit que la reprise n’est pas pour demain ». Et d’ajouter qu’il ne s’agit pas de dire des inepties sur le professeur. « Nous ne nous sommes pas rendus ici pour vous jeter l’anathème. Nous voulons que vous fassiez un démenti », a déclaré Edouard Hébié.
En effet, à entendre le groupe favorable à la tenue du test, l’autre groupe (non favorable) a affirmé avoir le soutien du ministre qui leur a même dit que leur lutte est légitime. « Ils disent partout qu’ils ont votre soutien. Ce sont encore les mêmes qui disent que vous récusez les textes qui portent sur l’organisation du concours alors que le barreau nous a rassurés qu’ils ont soumis le décret à votre sagesse et que vous avez même fait des amendements qui ont été pris en compte. En tout cas, si les choses continuent ainsi, nous allons prendre nos responsabilités », prévient Edouard Hébié.
Le professeur fera probablement un démenti
L’imprimé de l’article de Lefaso.net en main, le professeur a voulu bien comprendre qui raconte des choses qu’il aurait dites et où ? Est-ce dans la presse ou au campus ? Probablement sur le campus, selon le groupe (favorable) qui confie que plusieurs autres déclarations du ministre sont même entendues. Des propos qui laissent perplexe le ministre, qui visiblement perdu, se demande quelle est la place qu’il occupe dans cette affaire. « Je n’ai plus de rôle dans le CAPA et je ne cherche même pas à en avoir. Aussi, je ne connais pas le nom des membres du groupe qui est venu me voir et qui avance des propos que j’ignore », dit-il l’air déçu.
A la question de comprendre sa position vis-à-vis du Centre, sur l’examen en cours et les perspectives, le ministre s’est réservé de répondre car dit-il « s’il faut que chaque camp vienne me voir pour après transformer mes propos, c’est tout simplement déplorable. Je pense qu’il doit avoir une mauvaise intention derrière cette affaire. Quand on connait les différentes parties prenantes de ce concours, on ne peut pas accuser le professeur Filiga de cette manière », a-t-il dit avant d’ajouter que : « de toutes les manières, il y aura un démenti par rapport à tous ces propos qui sont véhiculés sur mon compte ».
Toutefois, demande Jean Patrice Yaméogo : « au cas où le barreau déciderait de recruter à nouveau et dans les meilleurs délais est-ce que le gouvernement dont vous êtes membre prendrait des mesures de sécurités ? » « Je ne peux pas répondre à cette question », lui indique le ministre. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne soutient aucun groupe. « Ce n’est pas de mon rôle. Je me soucie seulement du devenir des étudiants en droit, en particulier et tous les étudiants en général ».
Se sont-ils compris ? En tous les cas, le groupe (favorable) dit avoir compris le ministre, mais leur souhait est qu’on organise le concours dans de meilleurs délais et en toute sécurité.
Bassératou KINDO
Lefaso.net