ARRONDISSEMENT 4 DE OUAGADOUGOU: Des habitants protestent contre la dissolution du Conseil municipal
Le Conseil des ministres du mercredi 27 novembre 2013 a adopté un décret au titre du ministère de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation pour dissoudre le Conseil municipal de l’arrondissement 4 de Ouagadougou. Le motif avancé est que ledit arrondissement n’a pas atteint le quorum requis pour la tenue des sessions du Conseil municipal. Le lendemain, jeudi 28 novembre, des habitants de l’arrondissement ont barricadé la voie qui mène au quartier Somgandé pour protester contre cette décision. Dans la foulée, des conseillers de l’arrondissement en question ont tenu un point de presse pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec le motif avancé par le Conseil des ministres pour dissoudre le Conseil municipal de l’arrondissement. Pour eux, c’est un problème de personne et non de quorum parce qu’ils ont tenu des sessions depuis le 2 mai, date de l’installation du Conseil municipal.
« Nous ne sommes pas d’accord avec cette décision du Conseil des ministres. Nous voulons son annulation. Nous voulons que Anatole Bonkoungou reste le maire de l’arrondissement 4 de Ouagadougou et nous voulons le maintien de tout le Conseil municipal », nous confiait, le jeudi 28 novembre dernier, Idrissa Ouédraogo devant une foule nombreuse en face de l’hôtel Silmandé. Et Mariam Guiro d’ajouter : « C’est l’ancien maire Zakaria Sawadogo qui est à la base de cette décision. C’est lui qui a tout manigancé. Il y a une semaine de cela, ses militants nous ont appelés pour dire qu’au prochain Conseil des ministres, le maire Anatole et son conseil vont partir. Et voilà qu’effectivement on vient de dissoudre le Conseil municipal. Si les autorités ne veulent pas de problème dans ce pays, elles n’ont qu’à annuler cette décision si non, nous sommes prêts à tout, même jusqu’à mourir pour que le Conseil municipal actuel reste à son poste ». Visiblement en colère, les manifestants ont barré la route qui mène à Kossodo jusqu’au péage à la sortie de Ouagadougou. Ils font savoir que, tant que le décret qui dissout le Conseil municipal n’est pas annulé, ils resteront sur la voix. « Nous allons nous relayer les matins, les midis et les soirs jusqu’à ce que nous trouvions gain de cause », a dit Idrissa Ouédraogo. Et pendant que ces habitants manifestaient, des conseillers municipaux ou des ex-conseillers municipaux de l’arrondissement en question, eux, ont décidé de convoquer la presse pour non seulement dénoncer cette décision dont « le motif n’est pas valable », mais de donner leur version des faits. Ils étaient trois conseillers dont Ouangrawa Florent et Adama Bamogo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et Omar Sawadogo de Le Faso Autrement. Pour eux, le motif selon lequel le quorum requis n’est pas atteint est « faux ». « Il est vrai qu’à notre première session tenue le 31 mai dernier, le quorum n’a pas été atteint mais à la 2e séance du 7 juin le 1/3 des conseillers municipaux, voulu par la loi 238 du Code des collectivités territoriales, était atteint puisque nous étions 10 sur 20 conseillers », poursuivent-ils. En effet, selon la loi 238 en question, « le Conseil municipal ne peut valablement siéger que si la majorité absolue, c’est-à-dire la moitié de ses membres, est présente à l’ouverture. Si le quorum n’est pas atteint, la séance est reportée à une date ultérieure qui ne peut excéder 15 jours… ». Cette disposition, Omar Sawadogo confie qu’ils l’ont respectée à la règle.
« C’est un problème de personne et non de quorum »
« Après notre première session, nous avons convoqué une autre session qui a connu le même sort », lance Adama Bamogo. Le vrai problème c’est Zakaria Sawadogo, ancien maire de l’arrondissement en question, et actuel 2e adjoint au maire central de Ouagadougou, ont laissé entendre les conférenciers. Selon eux, ce sont Zakaria Sawadogo et 6 autres conseillers qui boycottent les sessions tout simplement parce qu’ils ne veulent pas de Anatole Bonkoungou comme maire. « Et comme il est puissant, il a tout fait pour qu’on dissolve le Conseil municipal ». Pour eux, c’est un problème de personne et non de quorum. Et le problème est entre Zakaria Sawadogo et Issa Anatole Bonkoungou, tous du CDP. « Lorsque Anatole a été élu, les caciques du CDP ne voulaient même pas qu’on l’installe. C’est sous la pression de la population qu’il a été finalement installé. Ils attendaient que les choses se calment pour dissoudre le Conseil municipal et c’est ce qu’ils ont fait », a affirmé Omar Sawadogo qui fait comprendre que si la décision devait s’appliquer normalement, Zakaria Sawadogo ne devait pas rester à son poste de 2e adjoint au maire central parce que c’est en tant que conseiller municipal de l’arrondissement 4 qu’il a été élu. Que comptent faire les ex-conseillers de l’arrondissement 4 ? Pour eux, il y a deux options à faire : soit ils se préparent pour aller aux élections prochaines prévues dans 90 jours, soit ils font recours à la Justice pour entrer dans leurs droits.
Pour rappel, après les élections couplées du 2 décembre 2012, pour des raisons d’irrégularités, les résultats de l’arrondissement 4 de Ouagadougou ont été invalidés. Des élections qui ont été reprises le 17 février 2013. A l’issue de ces élections, 20 conseillers municipaux dont 14 du CDP ont été élus. Parmi les 20 conseillers, Anatole Bongoungou du CDP a été porté à la tête de la mairie de l’arrondissement 4 de Ouagadougou.
Yannick SANKARA
Le Pays
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