« Nos services ont été alertés de ce qu’un entrepôt contiendrait des boissons à cannettes dont la date de consommation était largement dépassée et qu’on était en train de modifier ces dates et mettre en consommation ces produits périmés. Ce sont nos unités d’intervention qui ont été alertées. Dès ce soir, elles ont mis en place un dispositif pour pouvoir constater les faits ». C’est en ces termes que le directeur régional de la police du Centre, le commissaire Marcel Paré a présente la découverte ce jeudi à Gampela des boissons à cannette périmées. « Les cannettes étaient périmées, la date de péremption allant de 2011 à 2014. Le travail consiste à nettoyer soigneusement ces dates à l’aide de solvant. Une fois les cannettes nettoyées, cette machine sert à imprimer sur chacune d’elle une date de péremption qui peut aller jusqu’à 2016 », a en outre expliqué le commissaire Paré.
40 camions de 32 tonnes
Le stock découvert est impressionnant et représenterait quelque-chose de 1 280 tonnes soit le chargement de 40 camions de 32 tonnes chacun. Les boissons concernées sont essentiellement de la sucrerie : fanta, coca cola, malta, etc. Ces produits proviennent, à en croire la police, de la Tunisie et transitent par Lomé pour arriver à Ouagadougou dans des camions. C’est donc une fois les cannettes déchargées à Ouaga, que le travail de falsification des dates de péremption, de reconditionnement et de distribution se met en branle avec des travailleurs permanents ou saisonniers. Certains ont même été pris les mains dans le sac dans l’entrepôt de Gampela par les hommes du commissaire Soulama. Plus tard, c’est un véhicule dépêché pour le chargement des produits déjà traités et conditionnés qui sera appréhendé. Un autre entrepôt a été découvert aussi au Cissin. Mais, une fois sur place, il n’a pas été possible pour le directeur régional Marcel Paré et sa suite d’accéder à l’intérieur du bâtiment faute de clés, les détenteurs de clés étant devenus introuvables. Mais, l’examen du restant du chargement d’un des camions venus de Lomé confirme la thèse de la péremption des boissons. En effet, les écritures sur les bouteilles de coca cola examinées indiquent 2012 comme date de péremption. Mais, pour le commissaire Paré, il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de l’affaire. « Nous allons d’abord mener les enquêtes et rendre compte aux autorités judiciaires », a-t-il laissé entendre. Aux journalistes qui voulaient savoir la quantité de boissons périmées écoulées, il dira ce qu’il sait en invoquant la complexité de la réponse à apporter à la question : « Un camion était prêt à charger ce matin. On l’a pris sur les faits. C’est dire que les cannettes falsifiées aujourd’hui allaient descendre en ville. Si chaque jour on y amène ne serait-ce qu’un ou deux camions, faites les calculs.
Imaginez que tout ce stock-là était traité, il allait partir à la consommation.
Maintenant, on a traité combien avant aujourd’hui ? On ne saurait vous le dire ». Autant dire que la question de la santé publique est plus que jamais posée avec ces découvertes qui qui font froid dans le dos. Les entrepôts où étaient stockées ces boissons dangereuses appartiendraient à un grand groupe de la place.
Grégoire B. Bazié
Lefaso.net