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Centrafrique: début de pourparlers cruciaux, les rebelles exigent la CPI pour Bozizé

La rébellion centrafricaine a entamé de façon virulente les négociations avec le pouvoir mercredi à Libreville, en exigeant non seulement le départ du président François Bozizé mais aussi qu'il soit traduit devant la Cour pénale internationale (CPI).

Après des déclarations incendiaires de part et d'autre, la coalition rebelle du Séléka a exigé "qu'une procédure soit engagée devant la CPI de la Haye contre François Bozizé", dans un mémorandum remis aux participants des pourparlers qui ont débuté mercredi.

La rébellion accuse le président centrafricain de "faits de crimes de guerre et crimes contre l'humanité", en lui reprochant "arrestations, détentions et séquestrations arbitraires, enlèvements, disparitions, assassinats et exécutions sommaires".

Après une conquête éclair de la majeure partie du pays depuis le 10 décembre, les rebelles se trouvant désormais aux portes de Bangui, demandent "la reconnaissance" par François Bozizé "et son régime de leur défaite militaire et leur abdication dans l'intérêt du peuple centrafricain". Elle recommande même au chef de l'Etat de "se trouver une terre d'asile".

A l'ouverture de la rencontre à la Cité de la démocratie, le ministre congolais des Affaires étrangères qui dirige la réunion, Basile Ikouébé, a appelé rebelles et opposition à "s'en tenir aux règles de l'Union africaine par rapport au changement de régime", allusion à l'exigence de la rébellion que Bozizé parte.

Mardi, le président centrafricain avait, dans une charge violente contre la rébellion, catégoriquement refusé de quitter la pouvoir, estimant qu'il avait "perdu une bataille mais pas la guerre".

Dans le mémorandum, le Séléka reproche de nouveau au pouvoir le non-respect de divers accords de paix signés entre le gouvernement et les rébellions, notamment l'accord de paix global de Libreville de 2008. Les débats doivent porter principalement sur la renégociation de ces accords de paix.

M. Ikouébé a en effet demandé "aux uns et aux autres, surtout à l'opposition et aux groupes armés de respecter les engagements pris par les chefs d'Etats à N'Djamena, d'axer leurs discussions sur les accords de 2008 de Libreville".

Le 21 décembre, les chefs d'Etats de la Communauté économiques des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), réunis dans la capitale tchadienne, avaient demandé à la rébellion de quitter les zones occupées. En l'absence de cessez-le-feu, le Séléka avait cependant continué sa progression en balayant l'armée régulière.

Les accords de Libreville comprenaient notamment la mise en place d'un programme de Désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) qui n'a jamais été respecté, selon la rébellion.

Déclarations "incendiaires"

Le conseil des ministres des Affaires étrangères de la CEEAC réuni mardi à Libreville en préparation des négociations, avait "regretté que toutes les parties continuent de faire des déclarations incendiaires" et appelé "immédiatement à un accord de cessez-le-feu".

Il a appelé aussi "le gouvernement à privilégier une approche régionale de la crise", une allusion aux renforts sud-africains envoyés à Bangui pour aider M. Bozizé.

"Toutes les délégations ont blâmé Bangui pour avoir fait appel aux Sud-Africains alors que nous (les Etats d'Afrique centrale, ndlr) sommes à leur côté depuis 10 ans", a déclaré à l'AFP un haut responsable du ministère des Affaires étrangères du Gabon, qui a requis l'anonymat

"Je ne suis pas sûr que cette médiation atteigne ses objectifs. Le Gabon le fait du bout des doigts", a-t-il poursuivi, pessimiste.

Les pourparlers de mercredi, avec des délégations du pouvoir, de la rébellion mais aussi de la rébellion, devraient être suivis jeudi par un sommet des chefs d'Etat de la CEEAC, a précisé M. Ikouébé.

François Bozizé devrait y participer, surtout si les délégations arrivent à s'accorder sur une sortie de crise qui semble difficile à trouver.

L'un des principaux opposants, Jean-Jacques Demafouth, arrivé mardi soir, estime que le président Bozizé doit venir à Libreville: "Il ne peut pas refuser de venir. Il sera obligé à un moment donné d'être là. La situation est extrêmement grave", a-t-il déclaré à l'AFP.



09/01/2013
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