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Congrès du MPP: Une démarche putschiste à la sauce démocratique

 

Sans-titre-6Le 1er congrès ordinaire du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP) s’est tenu les 5 et 6 avril 2014 à Ouagadougou. Si l’euphorie était de la partie, ce qui aura retenu l’attention à la fin des travaux se résume en cette phrase de Salif DIALLO, le grand stratège de ce parti : «pendre le pouvoir quelle que soit la manière».

 

«En 2015, nous allons prendre le pouvoir coûte que coûte», a dit Salif DIALLO. Quarante heures durant, le nouveau parti du trio RSS (Rock-Salif-Simon) a planché sur l’ordre du jour de son premier congrès qui n’a pas fait mystère des motifs de la création du MPP. En effet, les démissionnaires du CDP et les autres «faire-valoir» de toutes obédiences qui les ont rejoints, ont montré qu’ils étaient animés par un seul désir : installer leur champion au Palais présidentiel de Kosyam «coûte que coûte».

 

Sans-titre-7Il faut dire que les deux jours, les infrastructures qui ont accueilli l’évènement tant attendu depuis qu’il avait été annoncé et que sont la Maison du Peuple et le Stade Municipal de Ouagadougou ont refusé du monde. Les participants sont venus de toutes les provinces du Burkina et de l’extérieur. Aussi, pour montrer que les invités ne parlent pas tous la langue de Molière, Simon COMPAORE a eu l’occasion de rappeler au monde qu’il est aussi alphabétisé dans la langue de Shakespeare et s’est donc fait fort de dépoussiérer son anglais pour que certains puissent être dans le tempo et au diapason de ce qui se disait par les fortes têtes du MPP qui sont convaincues et veulent convaincre le monde entier que le Burkina désormais respirera par leur bon vouloir. En effet, si le MPP est une nouvelle réalité politique dans notre pays, ses patrons ne sont pas loin de penser qu’il constitue la première force du Burkina. Le CDP, qui est le parti majoritaire à l’Assemblée nationale et qui exerce le pouvoir, est même considéré comme force négligeable. «Le CDP est fini ; le MPP va prendre le pouvoir ; c’est la fin des monopoles ; l’armée sera reformée ; l’argent de l’or va profiter à tous les Burkinabè», crie Salif DIALLO.

 

 

Pour ainsi dire, la messe est dite pour le pouvoir dirigé par le CDP qui n’a pas su reconnaître les mérites de toutes ces intelligences politiques qui se retrouvent à présent au MPP et qui lui en feront voir de toutes les couleurs. Pour l’instant, ce sont les phrases choc qui sont lancées à qui mieux par les transfuges du CDP et leurs camarades venus d’ailleurs qui pensent avoir saisi l’opportunité de leur vie pour enfin être vraiment quelqu’un dans ce Faso qui s’est toujours refusé à leurs chants de sirènes. Le MPP, c’est évidemment la chance pour tous ces politiciens qui s’excitent et il leur faut convaincre «coûte que coûte» les Burkinabè de les suivre dans une aventure dont eux-mêmes sont loin de saisir les tenants et les aboutissants.

 

 

Mais en attendant, ils ont opté de suivre la stratégie éprouvée du fasciste Adolph HITLER qui enseigne : «Si vous désirez la sympathie des masses, vous devez leur dire les choses les plus stupides et les plus crues». C’est ce que le tristement célèbre a fait, entraînant le peuple allemand dans une hystérie qui a conduit le monde à l’abîme avec la seconde guerre mondiale. De la petite histoire que nous connaissons de ce pays, le Burkina Faso ancienne Haute Volta, jamais l’on n’a connu un parti politique qui se soit aussi illustré par son discours belliqueux et ses menaces sans prise de gants à l’encontre des citoyens qui ne voient pas les choses comme elles sont envisagées par son canevas. Même le clandestin PCRV (Parti Communiste Révolutionnaire Voltaïque) est loin de la palme que lui ravit le MPP. L’esprit revanchard est trop fort chez les patrons de ce parti au point de résumer leur programme politique àprendre le pouvoir quelle que soit la manière» comme le laisse entendre Salif DIALLO.

 

C’est le penseur français André MALRAUX qui disait : «On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n’en fait pas davantage sans». Au MPP où grenouillent aujourd’hui les anciens patrons du CDP et leurs victimes d’hier, on devrait accorder, quel que soit l’état d’esprit dans lequel on est, un peu d’égard à ce jugement qui ramène à cette réalité : avant tout, nous sommes tous des Hommes et surtout des Burkinabè qui n’ont pas droit à laisser à la postérité une société décadente du fait d’ambitions politiques aveuglantes.

 

A vrai dire, le meeting du 6 avril avait l’allure d’une fête foraine. Les vuvuzélas et autres sifflets avaient transformé les travées du Stade Municipal de Ouagadougou en une ruche où il était difficile de s’entendre et de comprendre ce qui se disait à la tribune par les orateurs. D’ailleurs, la compréhension du message n’était visiblement pas le premier objectif de tous ceux qui portaient les tee-shirts et autres foulards autour du cou et qui criaient à perdre la voix. Il est évident que beaucoup ne retiendront de ce jamborée que l’ambiance des artistes aimés qui ont animé la soirée. Mais l’observateur avisé, qui ne s’est pas laissé submerger par la grisaille des militants échauffés, a été amusé par ce tableau vaudevillesque qui s’est déroulé sous ses yeux nonobstant le pincement au cœur qu’il n’a pas manqué d’avoir avec ces propos de discours rappelant ces films dénonçant les travers du mouvement fasciste triomphant des années 1940. C’était vraiment beau et marrant de voir ces responsables de «partillons» tels, Emile PARE, Djézouma MILLOGO, Moussa BOLY et autres Sankaristes faire allégeance à ces ex-patrons du CDP sous les fourches caudines desquels ils ont connu bien de misères dans leur vie politique. Qu’à cela ne tienne, si le salut leur viendra du MPP qu’ils ont rejoint aujourd’hui, c’est tant mieux.

 

 

A présent que le MPP est en ordre de bataille pour la conquête du pouvoir d’Etat en se positionnant pour la consultation électorale de 2015 qui va désigner le président du Faso, son premier gros test électoral, on verra bien comment le nouveau «gros» parti qui a siphonné des militants venant de tous horizons va manœuvrer pour l’atteinte de son objectif premier. Novembre 2015, c’est proche mais c’est aussi loin et des forces, il en faut pour atteinte le cap sans trop de bobos. C’est le plus grand mal qu’on peut souhaiter à ce congloméra de politiciens pour le moins en mal avec leur situation politique. Cependant, le discours devra être revu sinon on prendra des lanternes pour des vessies et l’on donnera raison au père de la Révolution chinoise Mao ZEDONG qui disait ceci de ses opposants : «Tous les opposants sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant et non les réactionnaires». Un excellent sujet de réflexion.

 

Ahmed NAZE

 

 

L’Opinion



10/04/2014
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