Ce débat a réuni autour d’une même table, Me Guy Hervé Kam, porte-parole du mouvement ‘’Balai citoyen’’, Nobila Ouédraogo de la Coalition contre la vie chère, et Alexandre Sankara, membre du CNT. Un autre membre du CNT invité, Aziz Sana du mouvement ‘’ça suffit’’, n’a pas été au rendez-vous. Qu’à cela ne tienne !
Un débat ouvert aux téléspectateurs durant plus d’une heure et qui a permis de savoir, notamment avec Alexandre Sankara, que le député du CNT coûte 1 778 000 FCFA par mois au contribuable burkinabè. C’est du moins, ce que chacun des 90 membres de l’organe législatif de la transition a empoché en fin décembre 2014, premier mois de service du CNT. En effet, précise le député Sankara du groupe parlementaire Liberté-démocratie-Justice, cet émolument mensuel est de 753 000 FCFA et d’autres avantages financiers. A cette somme en effet, s’ajoutent 600 000 FCFA comme frais de session à raison de 20 000 FCFA par jour durant dix mois, 85 000 FCFA pour frais de secrétariat, 113 000 FCFA comme frais de santé, 230 000 FCFA pour frais de carburant.
En réalité, la sommation de ces montants donne 1 781 000 FCFA. Il y a donc une légère différence d’avec le chiffre donné par le député Sankara. Et toute cette somme, le député l’empoche intégralement sans soustraction de moindres frais pour impôts.
L’émolument de base et les autres frais qui s’y ajoutent ont, à en croire Alexandre Sankara, été arrêtés sur la base de ce qui était jusqu’alors servi aux députés. De par le passé, rappelle M. Sankara, le député percevait comme émolument, 845 000 FCFA plus 30 000 par jour durant les sessions, plus 150 000 FCFA pour frais de secrétariat, plus 150 000 FCFA pour prise en charge sanitaire, plus des frais de carburant qui étaient fonction de la distance qui sépare Ouagadougou du fief du député. Des montants qu’eux-mêmes députés ont, sur la base du Règlement de l’Assemblée, convenu de s’offrir dans les différents budgets annuels de l’Etat.
Les députés invités à revenir à de meilleurs sentiments
En tout état de cause, Me Kam soutient que l’indemnité de session ne doit pas exister en plus de l’indemnité de sujétion qui se trouve intégrée à l’émolument de base. Et pour lui, ce qui est gênant dans le contexte actuel, c’est le manque de souci d’exemplarité dont devraient faire preuve les députés de la transition. Eux qui doivent leur poste à la bravoure du peuple qui a affronté la mort pour plus de justice sociale.
Les membres du CNT devraient, de l’avis de Me Kam pour qui « il n’y a pas meilleure pédagogie que la pédagogie par l’exemple », donner l’exemple en termes de réduction du train de vie de l’Etat dans l’optique d’une meilleure répartition des fruits de la croissance. Ils doivent, préconise Me Kam, « revenir à de meilleurs sentiments ».
Nobila Ouédraogo quant à lui, dit trouver que 400 000 ou 500 000 FCFA auraient été suffisants pour les députés de la transition. Toute chose qui, selon lui, aurait été la preuve qu’ils se soucient du peuple ; car, précise-il, « les gens veulent voir leur quotidien changer, les gens attendent de voir ce que le CNT va concrètement faire ». En tout état de cause, précise Nobila Ouédraogo, les autorités, dont les députés de la transition, doivent travailler à être en phase avec à la fois, les dispositions de la Charte et les aspirations du peuple.
Fulbert Paré
Lefaso.net