Devant le Tribunal: Pour la faire avorter, Kafando lui donne 10 comprimés de chlorphéniramine
Kafando répondait devant le TGI de Ouagadougou le 28 janvier 2021 pour les faits de tentative d’avortement sur une jeune fille de 16 ans. Ce, en lui injectant par l’épaule un mélange de substance et en lui faisant avaler 10 comprimés de chlorphéniramine.
Devant le Tribunal, Kafando reconnait les faits et s’explique en ces termes. C’est dit-il, le gérant d’un maquis où il a l’habitude de prendre sa bière ainsi qu’un disc-jockey (DJ) qui s’avère être l’auteur de la grossesse qui l’ont contacté. Blanchisseur de son Etat, Kafando pour faire couler la grossesse de la jeune fille déclare qu’il lui a injecté à l’épaule, le mélange d’un liquide avec un médicament qu’il utilise pour soigner son IST (infection sexuellement transmissible). Aussi, il a fait avaler à la victime, 6 comprimés de chlorphéniramine puis demander à ce qu’elle place en plus 4 autres sous sa langue.
A l’issue de ces aveux, le procureur demande à Kafando pourquoi c’est précisément à lui que le gérant et le DJ ont fait appel pour l’avortement. Ne serait pas parce que c’est votre travail ? lui lance le procureur avant de relever que selon les procès-verbaux en enquête préliminaire, il ressort qu’une autre fille qui travaille dans le même maquis que la victime a eu auparavant recours à lui pour avorter. « C’est ma toute première fois ! », assure le prévenu avant d’ajouter qu’il l’a fait simplement parce qu’il rencontrait des soucis financiers. Quant à la nature et les conséquences des produits administrés à la victime, Kafando dit les ignorer.
Interrogé sur le fameux liquide associé au médicament contre l’IST pour l’injection, celui-ci répond, « c’est mon produit, c’est un produit qu’on associe à la poudre pour faire la piqûre ». Son intention, tient-il à souligner n’était pas de faire couler la grossesse. Il voulait se faire un peu d’argent et a été payé à cet effet à 35 000 francs. D’où ces réactions du Tribunal et du ministère public, « donc s’ils étaient venus vous dire de tuer le voisin, vous l’auriez fait ? C’est aussi une vie humaine que vous avez tenté d’enlever », s’indigne le Tribunal. Le procureur à son tour questionne Kafando si lui-même étant père de trois filles, il accepterait qu’on leur inflige un tel traitement.
Le tuteur de la victime témoignant à la barre, révèle que celle-ci se porte à présent mieux et n’a pas perdu sa grossesse. Par ailleurs, il fait ressortir de son récit que le DJ auteur de la grossesse serait âgé d’une trentaine d’années et fils du gérant du maquis en question. En tant que partie civile, il n’a cependant rien réclamé.
Selon le conseil, les faits posés par son client sont, somme toute regrettable mais ne recèle aucune qualification en matière pénale
36 mois d’emprisonnement assorti d’une amende de 250 000 francs, le tout ferme. Telle est la réquisition du parquet qui a requis que l’infraction soit requalifiée en administration de substances nuisibles à la santé. La raison, le procureur évoque l’absence de l’intention de faire avorter, le prévenu ayant lui-même reconnu qu’il ignorait les effets des produits administrés. Par contre, il est constant que des médicaments ont été donnés à la victime avec pour unique objectif du prévenu de se faire un peu d’argent.
Une requalification des faits qui ne trouve cependant pas son sens aux yeux du conseil de Kafando. Le médicament chlorephéniramine est affirme-t-il, un médicament communément utilisé pour soigner le rhume et jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas un médicament nuisible à la santé. Et d’argumenter que les faits posés par son client sont somme toute regrettable mais ne recèle aucune qualification en matière pénale. Il a ainsi terminé sa plaidoirie en s’excusant auprès de la victime au nom de son client et implorer l’indulgence du Tribunal à son égard.
Le verdict du Tribunal qui a délibéré, est la condamnation de Kafando à 24 mois de prison ferme, plus une amende de 1 million, le tout ferme pour l’infraction de tentative d’avortement.
Image illustrative
F.TAPSOBA
zooodomail.com
A découvrir aussi
- Fraudes aux concours de la Fonction publique : Le verdict est tombé
- AQMI diffuse un communiqué expliquant les raisons de l’attaque de Ouagadougou
- Ouagadougou : Un incendie ravage une dizaine de boutiques jouxtant le pont Kadiogo
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 262 autres membres