Dans la région de la Boucle du Mouhoun, la célébration du 11 décembre a, au mieux, tenu son pari. Le président Michel Kafando, lui-même, parle de « succès total ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que la région de la Boucle du Mouhoun a été magnifiée et dotée en infrastructures de développement. Il s’agit d’acquis tangibles que le président Kafando appelle à préserver pour les mettre au service de l’émergence du Burkina Faso. Une émergence attendue pour prendre son envol au cours de la transition dont l’aboutissement heureux tiendra à la tenue effective d’élections présidentielle, législatives et municipales en 2015. L’organisation réussie et l’acceptation des résultats de ces élections, voilà ce à quoi doivent donc s’atteler énergiquement les autorités de la transition.
Pour ce faire, le président Michel Kafando annonce une série de séances de concertations du gouvernement avec la CENI, l’institution habilitée à conduire les processus électoraux. Des concertations qui doivent commencer en janvier 2015. C’est du moins, ce qu’a laissé entendre le président Kafando, avec la précision que de ces concertations, sortiront « un programme de rigueur » et des « modalités claires » pour la tenue parfaite desdites élections. Toute chose qui permettra au pays des Hommes intègres de disposer de nouvelles institutions démocratiques.
« Programme de rigueur » et « modalités claires », de quoi s’agit-il concrètement ? Difficile d’être bien situé pour l’instant ; du moins, du côté de la CENI où l’on table sur le silence empreint du sens de la prudence. Mais ce qui se profile à l’horizon comme travail préparatoire capital, c’est la révision des listes électorales à travers des opérations d’enrôlements biométriques complémentaires. Œuvre titanesque, mais l’on peut dire qu’à ce jour, la CENI en est rôdée. Cette opération devra permettre d’inscrire sur les listes électorales, au moins la moitié de la population burkinabè en âge de voter.
Couplage ou ‘’triplage’’ ?
Et l’autre question dont l’issue est jusque-là inconnue, c’est le couplage ou non de ces élections. S’il est vrai que la charte de la transition a, en plusieurs de ses dispositions, prévu que des « élections présidentielle et législatives seront organisées pour mettre fin à la transition », il reste que la question du couplage de ces deux opérations électorales n’est pas tranchée. Seront-elles ou non couplées ? La tendance sensiblement forte au couplage se heurte à certaines considérations selon lesquelles, pour avoir une stabilité gouvernementale, il importe que le président qui sera élu dispose d’une majorité parlementaire. Toute chose qui serait facilitée par l’élection du président d’abord, ensuite celle des députés. Avec de telles velléités, l’option du couplage ne peut prospérer.
Quant aux élections municipales, la charte de la transition, texte spécifique censé mieux encadrer la période transitoire de douze mois, n’en fait pas mention. Et l’explication en est que la dissolution des conseils municipaux et régionaux, d’où découle la nécessité d’organiser des élections municipales, est intervenue après l’adoption de la charte. La tenue de ces municipales en même que la présidentielle et les législatives réunies, donc un ‘’triplage’’, n’est pas à exclure de facto. En tout état de cause, toutes ces trois opérations électorales devront se tenir au plus tard en fin novembre 2015.
Le « programme de rigueur » et les « modalités claires » dont parle le président Kafando, devront permettre de trancher sur toutes ces éventualités qui ne doivent pas perdurer pour une transition qui n’a que douze mois devant elle. Pourvu que ce gouvernement de technocrates dévoués, soit soumis – par sa ‘’tête’’ - à une dynamique constante d’atteinte de résultats tangibles et objectivement acceptables !
Fulbert Paré
Lefaso.net