Etats-Unis: 11 ans après, une manifestation pour fermer Guantanamo "maintenant"
Quelque 200 personnes ont manifesté vendredi à Washington, 11 ans jour pour jour après l'arrivée des premiers détenus à la prison de Guantanamo, pour réclamer sa fermeture "maintenant", exhortant les Américains à "se battre" pour défendre la réputation de leur pays.
Une ligne de 55 manifestants revêtus d'une combinaison orange et d'une cagoule noire, correspondant au nombre de détenus de Guantanamo jugés "libérables" par les autorités américaines, a défilé en tête de la manifestation, a constaté l'AFP.
"Fermez Guantanamo maintenant", scandaient les manifestants à l'adresse du président Barack Obama, à dix jours de son investiture à Washington pour un second mandat.
"On doit en finir avec Guantanamo", reprenaient en choeur les protestataires, pour exhorter le président démocrate à honorer sa promesse de candidat de fermer la prison, répétée aux premières heures de sa présidence le 20 janvier 2009.
Ils brandissaient les noms des détenus "libérables", dont celui d'Adnan Latif, un Yéménite qui s'est récemment suicidé, et du Britannique Shaker Aamer, que Londres a réclamé en 2010.
Le cortège, parti de la Cour suprême, la plus haute juridiction du pays qui a autorisé les prisonniers de Guantanamo à contester la légitimité de leur détention devant les tribunaux, s'est rendu jusqu'à la Maison Blanche, en passant par le Congrès.
"Levons-nous, battons-nous", hurlaient encore les manifestants, à l'appel de 25 organisations des droits de l'homme, en brandissant des pancartes contre la torture et les tribunaux militaires d'exception.
"C'est une question d'humanité, nous ne pouvons laisser Guantanamo exister, car quel sera le prochain Guantanamo demain dans le monde?", a déclaré à l'AFP Keith Butler, un manifestant du Maryland, pour qui il s'agit de "la réputation des Etats-Unis dans le monde".
"Alors que nous approchons de l'investiture, nous sommes fatigués d'entendre des excuses, des solutions doivent être trouvées", a souligné Zeke Johnson, directeur d'Amnesty International USA sur la sécurité, devant l'édifice de la Cour suprême. "C'est un problème de droits de l'homme, pas politique", a-t-il dit à l'AFP: quel "héritage le président Obama va-t-il laisser?".
Onze ans après l'ouverture de la prison, il reste 166 détenus à Guantanamo, sur les 779 passés par ses geôles. Seuls neuf ont été condamnés ou traduits devant la justice militaire.
En comptant une trentaine de Yéménites encore enfermés et pour lesquels Barack Obama a décrété un moratoire sur leur transfert en raison de l'instabilité du pays, "c'est plus de la moitié des détenus (86) qui ont été déclarés libérables, dont certains depuis huit ans", a déclaré l'historien de Guantanamo Andy Worthington.
"C'est une tache sur notre réputation", a renchéri le colonel Morris Davis, ex-procureur de Guantanamo, qui espère un changement pour le second mandat d'Obama, lors d'une des conférences organisées autour du 11e anniversaire de la prison.
"Les pays croient que la prison est pleine de terroristes mais ces gens ne sont pas dangereux", a ajouté l'avocat Thomas Wilner, qui a défendu des détenus de Guantanamo à la Cour suprême. "Certains doivent être punis mais pour la plupart d'entre eux, les libérer ne serait que justice".
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