Général Gilbert Diendéré: J’avais souhaité que le dialogue prévale sur cette violence, mais malheureusement on n’a pas pu dialoguer.
Gilbert Diendéré : « C’est vrai que le putsch aurait contribué à améliorer la situation de Djibril Bassolé mais...»
Radio liberté : Quel est votre état d’esprit vis-à-vis du communiqué du gouvernement selon lequel Kossyam a été libéré et qu’un bilan sera établi ultérieurement ?
Général Gilbert Diendéré : je suis un peu consterné par ce qui est arrivé cet après midi. Effectivement la caserne Naba Koom a été bombardé à tirs d’artilleries lourdes, mais je n’ai pas été sur place donc je ne connais pas le nombre de morts, ni celui des blessés.
Radio liberté : pourquoi êtes-vous consterné ?
Général Gilbert Diendéré : je le suis parce que cela a été d’une très grande violence. J’avais souhaité que le dialogue prévale sur cette violence, mais malheureusement on n’a pas pu dialoguer. Je présente mes condoléances aux familles éplorées.
Radio liberté : êtes-vous sous le choc ?
Général Gilbert Diendéré : oui, un peu, parce que cela ne fait que rajouter à ce qui a déjà été fait lors des événements passés.
Radio liberté : vous sentez-vous en partie responsable ?
Général Gilbert Diendéré : oui, cela est consécutif à ce qui s’est passé le 16 septembre donc je porte la responsabilité.
Radio liberté : l’opération de désarmement qui a démarré le 25 septembre a été interrompue et cela serait de votre fait parce que vous instrumentalisez certains éléments du RSP qui refusent le désarmement.
Général Gilbert Diendéré : j’ai seulement constaté que les hommes étaient un peu mécontents du fait qu’ils avaient concédé beaucoup de choses et n’avaient pratiquement rien reçu en retour. Au contraire ils ont reçu en retour la dissolution de leur corps, la mutation des éléments dans les autres corps, des éléments qui ont été arrêtés dans la ville de Ouagadougou, les menaces au niveau des familles, donc tout cela a contribué à créer un sentiment de frustration, de colère au niveau des hommes qui pensent qu’il vaut mieux suspendre l’opération de désarmement et essayer de négocier de meilleures conditions mais je n’ai instrumentalisé qui que ce soit dans ce domaine.
Radio liberté : le gouvernement estime que c’est vous et le Général Djibril Bassolé qui avez orchestré une résistance.
Général Gilbert Diendéré : non, cela n’est pas exact. Le Général Djibril Bassolé n’est pas en contact avec les hommes du RSP, c’est plutôt moi qui suis en contact avec eux parce qu’ils me considèrent comme une personne ressource qui leur donne quelque fois des conseils. Mais ce dont on nous accuse avec le Général Bassolé, c’est qu’on aurait eu l’intention de faire venir des djihadistes dans le pays. Cela nous étonne beaucoup. C’est une assertion qui n’est pas juste parce que je me vois mal entrain de faire venir des djihadistes pour appuyer une opération qui concerne un corps militaire.
Radio Liberté : vous auriez déclaré que le RSP ne saurait être dissout par la transition, qu’il appartiendrait aux autorités nouvellement élues de décider du sort du RSP
Général Gilbert Diendéré : je ne suis pas le responsable de cette résistance. J’ai eu à les approcher quelque fois pour les comprendre, pour les aider. Bien vrai que je les ai défendu à des moments donnés mais cela ne veut pas dire que je suis le cerveau de la résistance. Ce matin (ndlr mardi 29 septembre 2015) lorsque les hommes ont pris des positions défensives, je n’y étais pas. Il se trouve qu’ils avaient pris un certain nombre de dispositions, ils sont sortis de la caserne et ont fait un certain nombre d’activités.
Radio liberté : aujourd’hui vous semblez vous laver les mains, vous mettez sur le compte des militaires du rang alors que c’est vous qui avez été proclamé chef du CND
Général Gilbert Diendéré : je n’ai jamais dit le contraire, ni que je me lavais les mains. J’ai seulement dit qu’il y a des actions qui ont été menées et qui ne sont pas de mon ressort.
Radio liberté : comment se fait-il que vous ayez déclaré que le putsch est terminé et que votre plus grand tord, c’est de l’avoir perpétré. Finalement vos hommes ne vous écoutent pas, fondent les résistances en dépit de vos conseils et de vos observations comme vous le dites ?
Général Gilbert Diendéré : en fait, la résistance n’est pas liée au putsch. C’est parce que les hommes s’attendaient à des éléments qui puissent aller en leur faveur par rapport aux accords qui ont été signé sous le CND. Ils s’attendaient par exemple à ce que la dissolution, les affectations et les mutations interviennent un peu plus tard. Malheureusement cela n’a pas été le cas, et c’est ce qui a créé le mécontentement à leur niveau.
Radio Liberté : le Général Djibril Bassolé qui serait avec vous, parce que, accusé d’instrumentaliser les irréductibles du RSP a été mis aux arrêts ce 29 septembre. Quelle est votre réaction.
Général Gilbert Diendéré : c’est vrai que le putsch aurait contribué à améliorer sa situation puisqu’il était candidat, mais il n’était pas avec nous, ceux qui l’accusent ont leurs raisons.
Radio Liberté : à propos du putsch manqué du 17 septembre certaines informations font état de ce qu’il y avait l’aile politique constitué d’hommes politiques, quels étaient vos soutiens ?
Général Gilbert Diendéré : Nous allons réserver cela à la justice parce que je ne vais pas commencer à tout dévoiler. Je ne voudrai pas devancer l’iguane dans l’eau.
Radio Liberté : le coup d’Etat serait en préparation et que votre objectif serait d’enlever August Barry du gouvernement parce que tant qu’il serait là, il allait empêcher tous vos coups.
Général Gilbert Diendéré : non, cela n’a rien à voir. Je ne voudrai pas répondre à la question.
Radio Liberté : le RSP a été dissout, quel est votre sentiment ?
Général Gilbert Diendéré : j’ai toujours défendu ce régiment. Bien vrai qu’il a des défauts, mais il a aussi beaucoup de qualités. Sa dissolution va créer un certain nombre de problème que nous allons constater plus tard.
Radio Liberté : votre compte et celui de votre épouse ont été gelés. Quels commentaires ?
Général Gilbert Diendéré : je me mettrai à la disposition de la justice de mon pays.
Radio Liberté : quand allez-vous vous rendre à la justice ?
Général Gilbert Diendéré : je ne sais pas d’abord mais ça ne saurait tarder, mais avant, je voudrai d’abord assurer ma sécurité.
Radio liberté : allez-vous tenter de quitter le pays ?
Général Gilbert Diendéré : je ne vais pas quitter le pays. J’assume et je me mettrai à la disposition du pays.
Radio liberté : selon certaines informations, vous avez tenté d’aller a l’ambassade des USA et cela vous aurait été refusé.
Général Gilbert Diendéré : je ne voudrai pas répondre à la question.
Radio Liberté : où vous trouvez-vous ?
Général Gilbert Diendéré : je ne voudrai pas non plus répondre à cette question. Je suis toujours dans le pays.
Radio Liberté : quel sentiment vous anime aujourd’hui après l’insurrection et le putsch?
Général Gilbert Diendéré : une déception. On aurait pu éviter le putsch parce que cela aurait créé moins de problème?
Radio Liberté : quel image voulez vous que les burkinabè gardent de vous ?
Général Gilbert Diendéré : je ne saurai décrire cette image.
Radio Liberté : De nombreux burkinabè estiment que vous êtes l’incarnation du côté sombre du régime Compaoré parce que vous êtes au cœur de tous les secrets, de tous les bas besoins.
Général Gilbert Diendéré : beaucoup ne me connaissent pas, ils ne font que se fier à ce qu’on raconte.
Radio liberté : l’assassinat de Thomas Sankara en octobre 1987, le complot Lingani, Henri Zongo, l’assassinat du professeur Oumarou Ouédraogo, de tous ces crimes commis, vous n’êtes pas étrangers.
Général Gilbert Diendéré : au temps opportun, chacun saura la vérité dans toutes ces affaires.
Radio liberté : au procès David Ouédraogo, vous avez dit que vous pardonnez. A la mutinerie, quand votre domicile a été saccagé, vous avez dit que vous avez pardonné. Cette fois-ci avec le putsch, vous avez dit que vous présentez vos excuses. Êtes-vous sincère ?
Général Gilbert Diendéré : ce n’est pas parce qu’on a demandé pardon une ou deux fois que l’on n’est pas sincère.
Radio liberté : on a toujours cru que vous êtes rentré en conflit avec Zida parce que n’ayant pas réussi à le manipuler. Est-ce qu’entre Diendéré et Zida, c’est réellement la rivalité?
Général Gilbert Diendéré : il n’y a aucune rivalité entre nous, nous venons de la même localité. Sur certaines questions, nous avons eu des points de divergence mais ce ne sont pas des problèmes personnels. Il n’y a jamais eu de rivalité entre nous.
Radio Liberté : comment voyez-vous l’avenir du Burkina ?
Général Gilbert Diendéré : nous devons dialoguer parce que le manque de dialogue amène beaucoup de difficultés. c’est par le dialogue, la concertation, la compréhension mutuelle que nous pourrons ensemble.
Radio Liberté
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