Homosexualité au Burkina : confidences d’une vie de lesbienne en cachette (2re Partie)
SW (nom d’emprunt) a 22 ans. Lesbienne, cette étudiante dans une école supérieure à Ouagadougou, elle a découvert son orientation sexuelle en classe de 5e. Ces multiples confidences à sa mère pour l’aider à influer cette tendance sexuelle ont été infructueuse. SW vit, elle aussi, en cachette son lesbianisme.
L’orientation sexuelle de SW n’est plus un secret pour sa mère. Dans un quartier de Ouagadougou où les deux vivent ensemble, l’ambiance est bien conviviale entre mère et fille. Contrairement à celles et ceux qui n’osent pas aborder le sujet à la maison, SW échange sans équivoque avec sa mère, l’air compréhensive. Au Burkina Faso, faut-il le rappeler, dans la communauté des lesbiennes, il y a des Troussou et les Yossi. Les Troussou sont considérés comme les femmes et les Yossi, les hommes. SW est une troussou. « En 2017, j’étais en classe de 5e. Il y a une Yossi dans mon quartier que j’aimais beaucoup. Je l’appréciais énormément et un sentiment à commencer à se développer en moi. Je ne comprenais pas cette attirance pour elle et je me posais beaucoup de questions ».
Une première relation avec une ‘’gendarmette’’
SW confie avoir eu ses premières relations sexuelles avec une gendarme. « Elle ressemblait beaucoup à un homme », se souvient-elle. SW et cette « femme de tenu » se sont rencontrées dans un quartier de Ouagadougou. Après les échanges de contacts, une relation est née. « Elle m’écrivais chaque soir disant qu’elle m’aime. Nous avons commencé à flirter, puis nous sommes restées ensemble pendant plus d’une année », témoigne-t-elle. Une relation qui semble avoir marqué la jeune fille au point que la rupture ait entrainé une dépression chez elle. « J’avais mal quand elle a été affectée dans une autre ville. Je pensais qu’on allait continuer la relation, mais elle m’a remplacée par une autre », explique SW, la gorge nouée. Pourtant, dit-elle, les premiers mois de l’affectation de son « homme », elle l’a rejoignait les week-ends pour passer du bon temps avec « lui » à ses propres frais.
Une tentative avec les hommes après la rupture
Effondrée par la rupture de cette relation avec la gendarmette, SW avait pris la résolution d’essayer avec les hommes. Une première tentative en 2020 s’est soldée par un échec. Puis une deuxième en début 2022. « C’est fade. J’ai eu le sentiment de viol, de sévisse corporelle », dit-elle avec dégout. SW dit être convaincue qu’elle est une lesbienne malgré ses tentatives de changer d’orientation sexuelle. Le sujet, elle n’hésite pas à l’aborder avec sa mère qui lui conseille de ne pas trop s’afficher. « Cela pourrait lui porter préjudice », s’inquiète-t-elle. A la question de savoir comment arrive-t-elle à adhérer à l’orientation sexuelle de sa fille, la maman de SW reste silencieuse quelques minutes. Le regard vide et l’air anxieuse, elle indique la complexité de ce phénomène. « Au début, je l’ai même frappée, grondée. Je lui disais des mots durs et que je n’étais pas fière d’elle. Je lui disais qu’elle allait me honnir dans la famille. C’étaient des pleurs et autant de questionnements. Mais j’ai fini par accepter parce que j’ai tout fait sans succès. Je me suis renseignée à tous les niveaux dans l’espoir de trouver une solution, mais en vain », raconte la maman.
Pas de mariage, juste une vie en concubine
Vivre avec une fille en concubinage est le vœu de SW. « Je ne pense même pas au mariage. Je voudrais finir mes études et avoir un emploi pour mener à bien ma vie », confie la jeune fille. Si SW avoue avoir eu des relations sexuelles avec un homme, elle ne pense pas que son orientation sexuelle pourrait changer. A cause, dit-elle, du traumatisme qu’elle a vécu avec mes parents. « Avec la mauvaise expérience du mariage de mes parents, j’avoue que je ne crois plus au mariage. Même les déceptions amoureuses avec les femmes sont aussi fréquentes et quand tu penses que c’est ta camarade fille qui t’inflige les peines, tu ne cesses de pleurer », dit-elle.
Bassératou KINDO
www.moussonews.com
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