La Corée du Nord réussit un tir de fusée, réunion du Conseil de sécurité
La Corée du Nord a lancé une fusée mercredi dans l'espace, réalisant ainsi une "percée" technologique conçue comme une menace directe par les Etats-Unis qui ont dénoncé un acte "hautement provocateur" tandis que la Chine a soufflé le chaud et le froid. "Le lancement de la seconde version de notre satellite Kwangmyongsong-3 depuis le centre spatial de Sohae (...) est réussi" et "le satellite est entré en orbite comme prévu", a triomphalement annoncé à la télévision une présentatrice vêtue du costume traditionnel coréen, un hanbok de couleur rose. L'agence officielle nord-coréenne KCNA a exalté une "percée" pour la technologie et l'économie du pays qui poursuit des desseins "pacifiques". Le commandement de la défense aérienne nord-américain (Norad) a confirmé le succès de la mission en indiqué qu'un "missile" avait "déployé un objet qui s'est placé en orbite". Il s'agit d'une première pour la Corée du Nord qui prétend posséder des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) capables d'atteindre le continent américain mais dont les trois précédents essais s'étaient soldés par des échecs. Capture d'image de la télévision nord-coréenne montrant une présentatrice annonçant le lancement d'une fusée nord-coréenne, le 12 décembre 2012 © Télévision nord-coréenne/AFP Les Etats-Unis, qui n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec Pyongyang, ont déploré un acte "hautement provocateur". Il s'agit d'un "acte hautement provocateur qui menace la sécurité régionale, viole directement les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité de l'ONU (...) et mine le régime de non-prolifération", a écrit le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, Tommy Vietor, dans un communiqué. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit "inquiet" pour "la paix et la stabilité de la région" après ce qu'il qualifie de "violation claire" des résolutions de l'ONU. Le Conseil de sécurité doit se réunir mercredi vers 11H00 à New York (17H00 GMT) à la demande des Américains et des Japonais. Un diplomate occidental a promis une "réaction forte". La Chine a condamné à demi-mot en appelant la Corée du Nord, dont elle est le principal bailleur de fonds, à "respecter les résolutions" de l'ONU. Mais l'agence Chine nouvelle a fustigé "les gestes et une rhétoriques belliqueuse" de part et d'autre et défendu le droit de Pyongyang à explorer l'espace. Un homme suit à la télévision des informations sur le lancement par la Corée du Nord d'une fusée, le 12 décembre 2012 à Séoul, en Corée du Sud © AFP Jung Yeon-Je Tokyo a en revanche dénoncé un acte "intolérable" tandis que la Corée du Sud a "vigoureusement" condamné le tir et dénoncé les "provocations" du Nord. Condamnation "forte" également de Londres et de Moscou qui a déclaré "déplorer profondément" le tir. La Corée du Nord s'expose à un renforcement des sanctions internationales mais la Chine, son influent allié, a systématiquement brandi sa menace de veto au Conseil de sécurité afin de limiter leur portée. La fusée a décollé à 09H49 (00H49 GMT) du centre de Sohae (nord-ouest de la Corée du Nord), selon l'agence nord-coréenne KCNA. Selon le Japon et la Corée du Sud, les deux premiers étages du lanceur Unha-3 sont tombés en mer au large de la péninsule coréenne et le troisième au large des Philippines. En fait de fusée, il s'agit selon ces pays d'un missile Taepodong-2, d'une portée comprise entre 6.000 et 9.000 kilomètres. Il a été testé en juillet 2006, en avril 2009 et en avril 2012, après un premier missile de portée moindre, le Taepodong-1, testé en 1998. Pour Masao Okonogi, professeur honoraire à l'université Keio du Japon, Pyongyang possède désormais "la technologie pour envoyer une ogive sur une zone ciblée". "La Corée du Nord représente maintenant une menace pour ses voisins mais aussi une menace réelle pour les Etats-Unis", a-t-il dit à l'AFP. La Corée du Nord avait annoncé une mise à feu entre le 10 et le 22 décembre, vraisemblablement pour la faire coïncider avec le premier anniversaire de la mort, le 17 décembre 2011, de l'homme fort du régime, Kim Jong-Il. Confronté à des contretemps techniques et à une météo défavorable, Pyongyang avait finalement élargi la fenêtre de tir jusqu'au 29 décembre. Les médias sud-coréens avaient même affirmé mardi que le lanceur avait été retiré de son pas de tir. Les Occidentaux et leurs alliés asiatiques accusent Pyongyang de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser et les installer sur des missiles. La Corée du Nord revendique elle-même son statut de puissance nucléaire dans sa nouvelle Constitution rendue publique en mai dernier. Les experts estiment toutefois qu'elle est loin de posséder une puissance balistique fiable et que la mise au point d'une capacité nucléaire délivrable par missile intercontinental prendra encore beaucoup de temps.
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