L’ADF/RDA out, le come-back de Assimi Kouanda et… Alain Zoubga : quelques traits saillants du gouvernement Tiao III
Annoncé pour 17h30 le 02 janvier 2013, c’est finalement à 20h15mn que le gouvernement Luc Adolphe Tiao III (32 membres) a été rendu public. 11 ministres de l’équipe sortante sont priés de faire leurs bagages pendant que 13 y font leur entrée. L’ADF/RDA quitte le navire Tiao, Alain Zoubga de l’Autre Burkina/PSR (parti de l’opposition) fait son entrée. Le présent gouvernement compte cinq femmes ministres et trois ministres d’Etat. La défense reste l’affaire du chef de l’Etat, Poussy Sawadogo s’installe au secrétariat général du gouvernement.
Les journalistes auront fait le pied de grue pendant trois heures environ avant d’avoir la composition du gouvernement Tiao III. Initialement prévu pour 17h30, l’annonce de la nouvelle équipe est d’abord repoussée à 19h30. Mais, c’est à 20h15 que Alain Edouard Traoré fait son entrée à la primature avec, en mains, les trois décrets portant composition du gouvernement, attribution du poste de ministre de la défense au Président du Faso et nomination du secrétaire général du gouvernement.
Sans plus perdre de temps, il commence par la composition du gouvernement qui compte trente-deux (32) membres, dont trois ministres d’Etat. Les deux gouvernements précédents en comptaient un seul en la personne de Bognessan Arsène Yé. Cette fois-ci, Djibril Bassolé est fait ministre d’Etat tout comme Assimi Kouanda qui est chargé de mission auprès de la présidence du Faso. Le patron du CDP effectue son retour après son bref passage à ce même ministère en 2011 sous Tertius Zongo. A l’époque, on avait justifié son poste par la nécessité d’avoir le directeur de cabinet au sein de l’exécutif pour un bon suivi des dossiers.
Cette fois-ci encore, le président du Faso conserve le portefeuille de la Défense nationale et des anciens combattants, alors que certains analystes s’attendaient à ce qu’il le confie à Jérôme BOUGOUMA. Le secrétariat général du gouvernement et du conseil des ministres échoit à Poussy Sawadogo, jusque-là conseiller spécial du premier ministre. Son prédécesseur, Baba Diémé se voit confier le portefeuille de ministre délégué auprès du ministre des infrastructures, du désenclavement et des transports, chargé des transports.
Autre entrée qui est certainement la plus fracassante de cette équipe, c’est celle de Alain Zoubga au département de l’Action sociale et de la solidarité nationale, d’autant plus que le président de l’Autre Burkina/PSR se revendiquait de l’opposition. Alain Zoubga avait cheminé avec le président du Faso à la fin des années 1980 avant de s’en séparer ; il aura même été ministre de la santé de 1987 à 1989. C’est donc le come-back, plus de 20 ans après. Il remplace Clémence Traoré dont beaucoup d’agents du ministère jugent le management un peu chaotique. Un ministère qui n’est pas loin de constituer le banc d’essai des nouveaux « mouvanciers » car c’est par ce poste que Gilbert Ouédraogo est entré au Gouvernement en 2000.
Ce gouvernement est aussi un peu plus « genré ». Il compte cinq femmes contre quatre au précédent. Nestorine Sangaré, en charge du genre, monte en grade avec « la femme » en plus du genre et en occupant le 11e rang protocolaire. Idem pour son collègue de la Communication, Alain Edouard Traoré, qui remonte aussi dans le protocole à la 10e place. Certains ministères ont été éclatés en plusieurs et d’autres réaménagés. Au total, ils sont 13 à vêtir de nouveaux habits ministériels, pendant que 11 anciens font leurs bagages.
Au titre des départs, on retiendra en premier la non reconduction des deux ministres du parti de l’éléphant. Gilbert Noël Ouédraogo (précédemment ministre des Transports, des Postes et de l’économie numérique) et Zakaria Tiemtoré (ministre délégué auprès du ministre de l’éducation nationale, chargé de l’alphabétisation) quittent le gouvernement. Ainsi donc, la lune de miel entre l’ADF/RDA et le président du Faso qui aura duré plus de six ans prend fin. Les négociations avec l’ADF/RDA n’ont pas abouti, ce qui explique son absence, mais elles se poursuivent, soutient le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Alain Edouard Traoré. Il faut certainement s’attendre à d’autres réaménagements d’ici 2015.
Après une année et demie passé dans l’exécutif, le Pr Albert Ouédraogo s’en va, après s’être essayé à deux postes sans succès. A-t-il décidé lui-même de partir parce qu’estimant qu’on lui a refilé une coquille vide comme certains le disent ? Il est remplacé par sa secrétaire générale, Prudence Julie Nignan/Somda, magistrate de profession, fille de feu Nurukyor Claude Somda.
Au ministère de l’agriculture, Laurent Sédégo est remercié tout comme son ministre délégué, Abdoulaye Combary. Ce ministère change d’appellation (devient ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire) et échoit à Mahama Zoungrana qui a été Directeur Général des statistiques agricoles dans le même ministère sous Salif Diallo et qui serait actuellement responsable d’un projet relevant de la SNV. Au ministère de la santé, Adama Traoré plie bagage, remplacé par Léné Sebgo, précédemment Directeur Général de la coopération au Ministère de l’Economie et des Finances. Achille Tapsoba, qui aura fait un passage éphémère à la Jeunesse est également prié de céder son département à Basga Emile Dialla qui était jusque-là Directeur Général du CAPES.
Salamata Sawadogo non plus n’aura pas tenu longtemps les rênes de la Justice ; elle est remplacée par Dramane Yaméogo, ci-devant ambassadeur du Burkina au Nigeria et qui était fait connaître par l’opinion publique dans l’affaire Norbert Zongo en tant que procureur du Faso. Le ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale laissé vacant par le tout nouveau président de l’Assemblée nationale est désormais dirigé par Vincent Zakané, un autre « bosseur », dit-on et qui était jusqu’ici ministre délégué chargé de la coopération régionale auprès de Djibril Bassolé. Il cède la coopération régionale à Thomas Palé, précédemment conseiller diplomatique du Président du Faso.
Autres entrées, Salif Ouédraogo, député UNDD dans la deuxième législature, s’occupera de l’Environnement et du Développement Durable ; un gage du soutien du parti de Me Hermann Yaméogo au pouvoir CDP ? Pendant ce temps, c’est Madame Maïmounata BELEM/OUEDRAOGO, responsable d’un centre de recherche de l’INERA à Kamboinsin qui gèrera le nouveau ministère de l’Eau, des Aménagements Hydrauliques et de l’Assainissement. Madame Clotilde KI née NIKIEMA remplace au Budget Monsieur Didier Zoundi qui va pouvoir jouir d’une retraite bien méritée, conformément à ses vœux, dit-on. Madame Ki n’aura pas de peine à se familiariser avec les chiffres du « nansongô » national car elle était jusqu’ici la DAF du Ministère de l’Economie et des Finances. Autre nouveau ancien ministre, Amadou Diemdioda DICKO de la CFDB, Ministre délégué, Chargé de l’Alphabétisation, un poste qu’il avait déjà occupé au temps de Odile Bonkoungou.
Au jeu des chaises musicales, le Professeur Jean Koulidiati, passe de l’Environnement au Développement de l’Economie numérique et Vincent Zakané a enfin un ministère plein, celui de la Fonction Publique où il aura le challenge de faire oublier Soungalo Ouattara.
Au récapitulatif, en l’absence de l’ADF/RDA, la mouvance présidentielle est représentée par Toussaint Abel Coulibaly de l’UPR , avec un ministère plein, Amadou Diemdioda Dicko de la CFD/B (Convention des forces démocratiques du Burkina). Dans ce club, on note donc l’arrivée de l’UNDD avec Salif Ouédraogo.
Pour le reste, on prend les mêmes et on recommence. Ce sont ces 32 élus qui devront mettre en œuvre les grands chantiers que le président du Faso a annoncés à l’occasion de ses vœux de nouvel an. « C’est le souci d’être plus pertinent et plus efficace au cours de l’année à venir pour pouvoir réaliser les grands projets envisagés par son excellence Monsieur le Président du Faso que le gouvernement a ainsi été recadré », précise Alain Edouard Traoré. La mise en œuvre de la SCADD et du programme présidentiel pour l’émergence sont les priorités de ce gouvernement, a laissé entendre son porte-parole.
Moussa Diallo
Lefaso.net
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