Lambert Mende: «Un Burkinabé Qui Vient Faire La Révolution Au Congo, C’est Une Agression»
Plusieurs dizaines de personnes réunies pour débattre de « l’engagement citoyen » en Afrique ont été interpellées, dimanche 15 mars, à Kinshasa par les services de sécurité congolais. Parmi des membres du groupe sénégalais Y’en a marre, et le Burkinabé Sibiri Ouédraogo (Oscibi Johann) du Balai citoyen.
Lambert Mende Omalanga, le porte-parole du gouvernement congolais a expliqué au Monde Afrique les raisons de ces interpellations, qui ont eu lieu lors d’une réunion financée par les USA. Il leur est reproché, a-t-il déclaré, «l’entretien d’un mouvement d’insurrection visant à révolter les jeunes contre le pouvoir ». Le ministre congolais de la Communication a aussi vivement critiqué, en s’adressant à l’AFP, l’activisme de citoyens étrangers sur le sol congolais : « Un Burkinabé qui fait la révolution au Burkina, c’est un révolutionnaire. Un Burkinabé qui vient faire la révolution au Congo, c’est une agression. », a dit M. Mende.
Cité par Jeune Afrique, Lambert Mende rappelle que « La RDC n’est ni le Burkina Faso, ni le Sénégal » et que ce pays ne « permettra pas que des frères africains viennent apprendre aux jeunes congolais la subversion ». Pour le ministre congolais de la Communication, « Alors qu’officiellement, ils étaient venus pour l’échange d’expériences, en réalité, ces personnes arrêtées étaient à Kinshasa pour apprendre aux jeunes Kinois comment se confronter aux forces de l’ordre et mettre fin à un régime sans attendre les élections ».
Le porte-parole du gouvernement dont les propos sont relayés par l’hebdomadaire panafricain va jusqu’à assurer que la police a des preuves selon lesquelles les activistes burkinabè et sénégalais interpellés avaient prévu d’organiser un autre séminaire pour apprendre la fabrication des cocktails Molotov. « Dans les heures qui suivent, la police judiciaire décidera de la suite à réserver à cette affaire: s’il faut, ou non, transférer les suspects au parquet pour atteinte à la sûreté de l’État », ajoute M. Mende.
En attendant, dans la déclaration ci-dessous parvenue à notre rédaction, le mouvement Filimbi revient sur les circonstances de ces interpellations.
« Filimbi, mouvement d’action civique de jeunes congolais porté par Fred BAUMA (Lucha), Ben Kabamba (JNS) et Horli Ndjoli (FNJE), organisait ces 14 et 15 mars un séminaire/atelier:
-Pour parler d’engagement civique et de mobilisation de la jeunesse,
-Pour travailler à l’engagement citoyen des jeunes congolais,
-Pour exercer une citoyenneté plus volontaire et plus épanouie dans tous les domaines d’intervention (milieu associatif, université, art, politique, monde de l’entreprise, etc),
-En vue de renforcer le processus démocratique et la gouvernance des institutions publiques à travers notamment la promotion d’un processus électoral libre, transparent et apaisé,
-Pour apprendre de l’expérience nos amis du Sénégal et du Burkina-Faso, Fadel Barro, Aliou Sané, Malal Talla, Ouédraogo Sibiri, leaders et membres des mouvements civiques de jeunes Y En A Marre et Balai Citoyen, et leur donner l’occasion de s’enrichir à nos côtes.
A la fin de notre conférence de presse aujourd’hui dans les locaux de Eloko Makasi (notre maison de production partenaire) à Masina, une quarantaine de personnes ont été arrêtées.
Un concert populaire était prévu en fin d’après-midi, de 18h à 21h. Les arrestations des artistes, des techniciens et des activistes, la destruction et la saisie de matériel (sono, éclairage, bâches, ordinateurs, téléphones…) nous ont empêché de le tenir.
Des hommes en uniforme de la police militaire (PM) et d’autres en civil sont arrivés dans 4 pick-up blancs. Apres avoir identifié les non-congolais dans l’assistance, ils ont emmené environ 40 personnes, parmi lesquelles :
- Les 3 leaders du mouvement Y En A Marre ; Fadel Barro, Aliou Sané, Malal Talla;
- 1 des leaders du mouvement Balai Citoyen, Ouédraogo Sibiri ;
- Fred Bauma, membre de Lucha de Goma, et l’un des leaders de Filimbi, Mouvement Citoyen congolais ;
- Kevin Sturr, diplomate, Directeur du Bureau de la démocratie, Droits Humains & Gouvernance de l’USAID ;
- Alain Canonne, co-directeur de Eloko Makasi, maison de production consciente, installée à Masina, partenaire artistique de l’évènement ;
- Lucrèce Lopengo alias Lyke Mike, rappeur engagé, co-directeur de Eloko Makasi ;
- Deddy Kishimbi, informaticien participant à l’atelier, de Kolwezi
- Yves Makwambala, informaticien, contractuel ;
- Khadafi Mbuyamba, cameraman, documentariste ;
- Dieumerci, cameraman stagiaire ;
- Plusieurs artistes du collectif Eloko Makasi, participants à l’atelier et au projet ont été arrêtés: Amos, The Best, Ax la Plume, Cize, Zubir
- Smif, 1 agent de sécurité Eloko Makasi
- Patrick, un voisin
D’autres personnes sur place ont été arrêtées. Malheureusement la confusion créée par l’intervention des services de sécurité ne nous permet pas de savoir qui se trouve ou. D’après les déclarations des journalistes, tous ont été conduits dans les locaux de l’ANR.
Aucun des actes posés par les membres du mouvement Filimbi ou leurs partenaires, aucune de nos prises de position, ne sont insurrectionnels. Nous ne nous sommes pas cachés.
Notre partenaire Eloko Makasi a demandé et obtenu toutes les autorisations légalement requises. Nous avons tenu notre séminaire en public. Nous y avons invité, très publiquement, des jeunes de tous les horizons, dont ceux des partis politiques de la majorité. Nous avons appelé la presse nationale et internationale pour lui parler de notre action. Nous nous apprêtions à faire, ensemble, un concert populaire, PUBLIC. Nous ne sommes pas des terroristes !
Pour toutes ces raisons, nous, membres du mouvement Filimbi, et membres du comité d’organisation du Projet Engagement Citoyen de la Jeunesse:
-Sollicitons une rencontre avec les autorités, dont l’Administrateur-Directeur General de l’Agence Nationale de Renseignements, afin de lui apporter tous les éclaircissements sur notre initiative. Nous ne doutons pas qu’après cette rencontre nos compagnons et les passants arrêtés seront libérés. »
La Coordination Filimbi, le Comité d’Organisation ECJ*
Ben KABAMBA Sylvain SALUSEKE
Horli Ndjoli Mi Yangu KIAKWAMA
Floribert ANZULUNI
Franck OTETE
Bienvenu MATUMO
*ECJ : Engagement Citoyen des Jeunes
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