«L’article 37 a été révisé trois fois et nous le ferons encore»
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a battu le rappel de ses troupes ce samedi 21 juin 2014 au stade du 4-Août de Ouagadougou. Entre galvanisation des militants et piques lancées à l’opposition, les ténors du parti on appelé à l’organisation d’un référendum sur la question de l’article 37 de la Constitution burkinabè, qui limite à deux quinquennats consécutifs le nombre de mandats présidentiels. Reportage.
C’est la première manifestation d’envergure organisée par le parti au pouvoir à Ouagadougou depuis la démission de plusieurs de ses cadres et militants en janvier dernier. Il y a quelques semaines, un meeting à Bobo Dioulasso avait tenu lieu d’échauffement. Ce 21 juin donc, le parti au pouvoir a rempli le stade du 4-Août «recto verso et avec des intercalaires», comme le précise le maître de cérémonie. Habillés aux couleurs du parti, militants et responsables ne se sont pas gêné pour assiéger le stade du 4-Août, là ou trois semaines plus tôt, l’opposition avait brandi «un carton rouge» contre le président du Faso lors d’un meeting anti référendum. Cette fois évidement, les slogans était différents. «Oui au référendum, non à la pagaille», «Blaise Compaoré, convoque un référendum! Seul le peuple est juge!», pouvait-on lire ça et là.
Procès contre le chef de file de l’opposition
A 15h33, Assimi Kouanda et les membres du Bureau politique national (BPN) du CDP font leur entrée dans le stade. Ils sont ovationnés par le public. Ils font le tour du stade pour saluer les militants, tandis qu’un hélicoptère survole l’infrastructure à très basse altitude, soulevant des acclamations. Les membres du BPNrejoignent une tribune dressée à leur intention sur la pelouse. Encore deux prestations d’artistes et le «grand meeting de l’engagement pour le référendum et la paix» pouvait commencer.
Dans un stade chauffé à blanc par les artistes musiciens, les ténors du parti se sont succédé à la tribune pour délivrer «leur message de paix». Premier intervenant, Noël Sourweima, secrétaire général de la section provinciale du Kadiogo. Qui remercie les militants et annonce que «le match est terminé. Il n’y a ni penalties, ni prolongation. C’est un coup KO». Moussa Nikiéma, le représentant du secteur informel, lui succède. Il remercie le président Blaise Compaoré pour les dix milliard de FCFA accordés aux femmes du secteur informel. «Il nous a aidé et nous allons aussi l’aider», dit-il, en invitant le public à aller retirer les cartes d’électeurs pour «aider Blaise Compaoré». «Oui au référendum», conclut-il.
Feu vert contre carton rouge
Hamidou Compaoré, représentant des marchés et yaars est le troisième orateur. «Nous des marchés et yaars, après avoir remercié Dieu, nous remercions Blaise Compaoré et les membres du Secrétariat exécutif national du CDP», dit-il. Au carton rouge décerné par l’opposition, il opposera un «feu vert» pour l’organisation d’une consultation populaire. «Rendez-vous sur le terrain», lance t-il avant de descendre de la tribune. Étienne Zongo, représentant des secteurs structurés, réclame lui «un référendum dans les meilleurs délais», avant de céder la place à Paramanga Ernest Yonli, qui représentaient les conseillers politiques nationaux du parti. Très en verve, le président du Conseil économique et social décroche les premières piques. «Nous allons intenter un procès contre le chef de file de l’opposition pour avoir usurpé le label recto verso, qu’il n’a pas pu assurer. Ce concept est notre marque», assure t-il.
Puis il s’en prend aux «gens d’en face» qu’il appelle «les planeurs», pour trois raisons, explique-t-il. «Ils se trompent de pays. Ils disent que le pays a changé alors qu’il n’en est rien. Il y a ceux qui ont oublié leur hier. Ils ont bu le lait avec nous pendant un quart de siècle et brusquement, ils se réveillent comme d’un cauchemar. Ils ne reconnaissent plus le Berger, Blaise Compaoré, ils ne reconnaissent plus la vache, qui est le CDP, et disent même que le goût du lait a changé», martèle-t-il. Et il achève : «la démocratie a des principes universels. Elle n’est pas une foire d’empoigne, ni un dîner de gala. L’article 37 fait partie des dispositions révisables. Il a d’ailleurs été révisé trois fois, et nous le ferons encore».
Hommage au juge Salifou Nébié
Puis Assimi Kouanda, le patron du CDP, prend la parole, clôturant la liste des intervenants. Il demande d’abord une minute de silence pour les militants du CDP disparus ces derniers mois. Au premier rang des défunts, il cite le juge Salifou Nébié, retrouvé mort le 24 mai dernier à quelques kilomètres de Ouagadougou. «C’était un militant de première heure du CDP qui s’était mis en marge de l’action politique par devoir de réserve. Nous émettons le vœu que la lumière soit faite sur cette disparition que certains politiciens sans vergogne tentent d’utiliser pour leur intérêt personnel», lance le secrétaire exécutif national du parti au pouvoir.
Et de fustiger ceux qui ont quitté la barque pour créer «une copie du CDP», «ces falsificateurs d’idées», «ces politiciens qui se sont subitement découvert des âmes d’arbitres». «Aux joueurs distributeurs de cartons, je dis qu’ils doivent s’informer davantage sur les règles du jeu», assène-t-il en référence au désormais fameux «carton rouge» que l’opposition, surtout Arba Diallo, a donné à Blaise Compaoré. L’opposant, candidat malheureux aux préseidenteils de 2005 et 2010 sera d’ailleurs traité sans ménagement. «Un sportif qui a aligné des contre-performances en 2005 et 2010 ne peut plus être sélectionné ni aligné. Il ne peut même pas devenir arbitre ni entraîneur», raille Assimi Kouanda. Et d’avertir : «il n’y a pas lieu de tergiverser sur l’organisation du référendum. Les troubleurs qui profèrent des menaces seront troublés par la rigueur de la loi et par la détermination du peuple».
Fasozine (71)
A découvrir aussi
- Installation des conseils municipaux : Les noms de quelques nouveaux maires
- Election du délégué CSBE de New York : La soirée a été houleuse
- Visite médicale annuelle au profit des pensionnés: une belle expression de solidarité nationale, selon Chantal Compaoré
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 262 autres membres