Les ouvriers agricoles sud-africains reprennent leur grève et affrontent la police
De violents incidents ont opposé la police à des ouvriers agricoles en grève mercredi dans la région du Cap, faisant redouter une nouvelle flambée de violences sociales en Afrique du Sud, trois mois après la meurtrière crise des mines qui a lourdement pesé sur l'économie du pays. Au moins 44 manifestants ont été arrêtés, et un policier légèrement touché par un jet de pierre. La grève sauvage -- qui ne respecte par les règles imposées par le droit du travail sud-africain -- avait été initiée en novembre. Les ouvriers réclament une augmentation de leur salaire journalier de 6 euros à 13 euros (70 à 150 rands). La région du Cap occidental est productrice de vin, de fruits et de légumes, largement exportés, y compris vers l'Europe. Mercredi matin, les incidents les plus graves se sont déroulés aux abords de la localité de De Doorns, connue pour son raisin de table notamment. Plus de 3.000 grévistes se sont regroupés en dehors de la ville, sur la principale voie rapide. D'importantes forces de police se sont positionnées face à eux, à pied et en véhicules anti-émeute, pour leur interdire l'accès au centre-ville. Des échauffourées ont opposé les deux groupes pendant près de deux heures. Les manifestants ont lancé des pierres sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. "Jusqu'à présent, un total de 44 personnes ont été arrêtées pour menaces et violences publiques", a déclaré à la mi-journée le porte-parole local de la police, Andre Traut. Au moins un policier a été touché et légèrement coupé au front par une pierre, a constaté une journaliste de l'AFP. Aucun blessé n'avait été signalé du côté des manifestants à 14h00 (12h00 GMT). Une voiture appartenant à des reporters sud-africains a été retournée et incendiée. "C'est devenu fou tout d'un coup", a raconté à l'AFP l'un des occupants du véhicule, Bongani Koyana. Les manifestants "nous ont lancé des pierres", pulvérisant les vitres de la voiture. "J'ai été touché par plusieurs projectiles, avant que quelques personnes m'extraient de la voiture pour me mettre à l'abri", a poursuivi M. Koyana. D'autres incidents mineurs se sont déroulés dans la région. A Wolseley, à 60 km de De Doorns, la police a également empêché des grévistes de pénétrer en ville, a constaté l'AFP. Les manifestants brandissaient des pancartes comparant leur situation à celle des employés noirs sous l'apartheid, le régime raciste aboli en 1994. La grande confédération syndicale sud-africaine Cosatu, alliée au pouvoir, a de son côté demandé aux consommateurs de boycotter les produits agricoles obtenus par "du travail d'esclaves". L'Afrique du Sud observe avec inquiétude ce conflit, qui rappelle par certains aspects les grèves sauvages des mineurs en août et septembre, qui s'étaient soldées par une soixantaine de morts, dont 34 grévistes abattus par la police à Marikana. La grève des ouvriers agricoles a débuté en novembre. Deux personnes avaient alors été tuées dans des affrontements avec la police. Après une trêve de plus d'un mois, le mouvement a repris ce mercredi. Le gouvernement refuse jusqu'à présent d'intervenir, arguant du fait que la loi prévoit que le salaire minimum ne peut être relevé qu'une fois par an, et que la dernière augmentation date de mars 2012. Le début de l'année, l'été austral, est la haute saison pour les producteurs de fruits et de vin, qui redoutent les conséquences économiques d'un conflit social dur. Selon le syndicat régional des ouvriers agricoles, environ 40% des travailleurs ont pointé à leur poste de travail mercredi matin. Le secrétaire du syndicat, James Cornelius, a déploré cette "faible participation" à la grève, mais affirmé que le mouvement continuerait jusqu'à ce que les fermiers entendent les revendications de leurs ouvriers. Dans les mines, où les salaires sont nettement plus élevés, les grèves sauvages avaient permis aux ouvriers d'obtenir de substantielles augmentations, pouvant atteindre 22% pour les catégories les plus basses. |
A découvrir aussi
- Attaque tribale au Kenya: la police a arrêté 61 suspects
- Au Mali, les leaders religieux sont la cible des jihadistes
- Syrie: les Européens pour "une réponse forte", selon Ashton
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 262 autres membres