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Madagascar: l'ex-président Ravalomanana renonce à se représenter

L'ex-président malgache Marc Ravalomanana a annoncé qu'il ne serait pas candidat à l'élection présidentielle prévue l'an prochain, une décision saluée par les observateurs comme un pas vers la sortie d'une crise qui mine Madagascar depuis plus de trois ans.

Cette annonce, ajoutent les analystes, est aussi une tentative pour obliger son rival Andry Rajoelina, l'actuel homme fort du pays, à ne pas se porter candidat.

La décision de M. Ravalomanana, toujours en exil en Afrique du Sud, a été rendue publique par un communiqué de la présidence tanzanienne, dont le pays vient d'accueillir une médiation de la communauté d'Afrique australe (SADC).

Samedi dernier, les chefs d'Etat de la SADC avaient préconisé qu'aucun des deux rivaux ne se présente à l'élection présidentielle annoncée pour mai 2013.

La décision de l'ancien président "est une décision stratégique, une manière de demander indirectement à Andry Rajoelina de ne pas se présenter" analyse Guy Ratrimoarivony, professeur au Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques à Madagascar.

"Cette solution du "ni..ni" (ni Ravalomanana ni Rajoelina ndlr) a fait du chemin et c'est une bonne décision de la part de Ravalomanana d'avoir fait le premier pas, il fallait quelqu'un le fasse", dit-il.

"C'est une décision pleine de sagesse et un pas vers la résolution de la crise", a constaté pour sa part le président du comité national d'observation des élections, Ernest Razafindraibe.

Madagascar attend maintenant fiévreusement la réponse de M. Rajoelina, actuel "président de la Transition", qui avait affirmé jeudi avoir déjà pris sa décision. Mais il comptait l'annoncer ultérieurement. Peut-être dans l'attente du retrait de M. Ravalomanana.

Ce dernier, renversé en 2009 par M. Rajoelina, a surpris ses partisans, lui qui avait annoncé à plusieurs reprises sa candidature cette année, malgré sa condamnation par contumace aux travaux forcés à perpétuité, pour la mort d'une trentaine de manifestants abattus par sa garde présidentielle en 2009 à Antananarivo.

En août dernier, lors d'une rencontre en tête-à-tête aux Seychelles organisée par la SADC, M. Rajoelina avait proposé de ne pas se présenter à l'élection si M. Ravalomanana faisait de même mais cette option a alors été refusée par l'ex-président malgache.

Il y a dix jours, M. Ravalomanana avait déclaré par téléphone à ses partisans que la solution "ni...ni n'exist[ait] pas dans le dictionnaire de la démocratie".

Selon la présidence tanzanienne, M. Ravalomanana a toujours l'intention de rentrer dans son pays pour "travailler avec la population de Madagascar à (sa) reconstruction".

Mercredi matin, les porte-parole des deux parties restaient prudents face à l'annonce de la non-candidature de l'ex-président.

"En tant que responsable de la communication, je souligne que la présidence n'a pas à donner des réactions lorsqu'une personne se porte candidat ou se désiste à la course à la présidentielle", a botté en touche le porte parole du gouvernement de transition, Harry Laurent Rahajason.

"Je ne peux me prononcer pour l'instant", a déclaré pour sa part le représentant de la mouvance pro-Ravalomanana, qui réclamait depuis plusieurs mois le droit pour son champion de se présenter à l'élection.

Marc Ravalomanana jouit encore d'une forte popularité trois ans après son exil en Afrique du Sud. Les observateurs allaient jusqu'à prédire sa victoire contre Andry Rajoelina.

Madagascar traverse une grave crise politique depuis le renversement du président Ravalomanana en mars 2009 par Andry Rajoelina, qui était alors maire de la capitale Antananarivo. Devenu président non-élu d'une Transition, M. Rajoelina a toujours promis qu'il empêcherait à tout prix M. Ravalomanana de revenir au pouvoir.

La crise politique a quasi bloqué les investissements et mis à genoux l'économie nationale, alors que Madagascar était déjà l'un des pays les plus pauvres d'Afrique.

Près de huit ménages sur dix vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, la malnutrition frappe durement la population près de 800.000 enfants sont déscolarisés, selon des chiffres de la Banque mondiale.




12/12/2012
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